Atelier d’écriture de Maitre Henry : Lettre à ma cousine – Xandre Saetta

Ecrire une lettre de mécontentement sans employer de mots grossiers.

Ma si chère cousine,

De si belles années passées ensemble ! J’étais ton aînée et t’aimais comme ma douce petite sœur. Notre sang commun irriguait mon cœur tout réchauffé par ta présence.

Le temps s’écoula et sa rivière toute frissonnante fut d’abord source d’une séparation un peu douloureuse. Mais alors, nous nous retrouvions avec plus de joie encore !

Puis, l’adolescence s’immisça forgeant peu à peu nos caractères. La rivière s’agrandit. Alors que nous nous amusions, sa crue te rejeta sur une rive. Moi, de l’autre trop éloignée, je te regardais, un peu inquiète…

« Comme tu grandis, comme tu changes ! »…

A la nage, à contre-courant, nous nous rencontrions de plus en plus rarement. Le plaisir de nos retrouvailles perdait de son éclat. Notre relation autrefois claire comme de l’eau de roche, se troubla. Toi, devenue femme, tu devins moins naturelle, moins transparente. La petite fille pétillante disparue.

Un jour, le vent me rapporta certains échos. Tu fis jaillir un flot de paroles qui giclèrent jusqu’à mon cœur et le creusèrent comme peut agir un puissant acide. Au milieu de notre rivière devenu, soudain, un fleuve impétueux, tandis qu’un peu lasse je te cherchais sans jamais plus te trouver, je bus la tasse.

Ma chère cousine, grelottante, j’ai rejoint ma rive. Toi, de la tienne, tu me fais signe, de loin, si loin… Tu n’es plus, pour moi, qu’un mirage. Je ne vois plus que par éclipses ton image qui tremblote. Ah ! Je me souviens avec regret de ma douce petite sœur noyée dans sa dérive. Elle refusa la bouée que je lui jetai tantôt. Il ne reste plus devant moi,

qu’une étendue… Une étendue sans fin.

Xandre