Ce jour-là, dès mon réveil je fus prise d’un étrange pressentiment qui m’extirpa de la chaleur anesthésiante du lit plus prestement qu’à l’accoutumée.
Quand je tentai péniblement de me lever, je ne retrouvai au pied de mon lit qu’une seule pantoufle. C’est donc à cloche-pied que je me suis dirigée vers la cuisine pour préparer mon breuvage matinal. En buvant mon thé, je trouvai qu’il avait un goût de café, ce qui m’amena à ouvrir les volets pour y voir plus clair.
Et là, je n’en crus pas mes yeux !
Le ciel qui s’accrochait désespérément aux nuages pour éviter de sombrer, avait néanmoins laissé tomber quelques coulures noirâtres sur la pelouse. Le tamaris trônant au milieu du jardin s’était totalement métamorphosé. Il pointait alors vers le ciel deux uniques branches dénudées qui avaient anormalement poussé, comparables à deux longs bras aux mains dotées de doigts géants.
Prise de panique et toujours à cloche-pied, je décidai de m’asseoir un instant afin de reprendre mes esprits.
Je réalisai ensuite que mes chiens ne s’étaient pas manifestés auprès de moi comme ils le faisaient tous les matins. Ils étaient restés sans bouger d’un poil dans leurs paniers respectifs, sans me réclamer comme à l’accoutumée les biscuits dont ils étaient très friands.
De plus, je m’aperçus soudain qu’ils avaient changé de couleur. Sidérée mais ne voulant pas pour autant déroger aux habitudes quotidiennes, je les incitai tout de même à aller faire un tour dans le jardin.. et je ne les revis plus jamais.
Une fois de plus, l’intuition qui m’avait traversée au réveil ce matin-là ne m’avait pas trompée. J’avais bien senti que ce ne serait pas une journée ordinaire…
Elisa Ka
