C’était la réunion familiale du dimanche, ou racines, branches rapportées, petites pousses, ainsi que quelques égarés, nous étions tous assis sur des chaises, autour de toi, en demi-cercle comme au cinéma.
Tous devant l’écran blanc de ta vie
Un film dont tu étais l’unique héroïne, l’unique figurante, la reine-mère.
Pendant ces moments qui m’ennuyaient à mourir, je m’amusais à donner de grands coups de pied dans les chevilles de mes oncles, avant de courir et de me faire tirer les oreilles. J’en profitais aussi pour me rendre dans ta chambre, fouiller dans tes tiroirs pour sucer quelques médicaments que je pensais être des bonbons ; au grand damne de mes parents qui me mettaient leurs doigts dans la bouche pour me faire vomir.
Ce sont les seuls souvenirs que j’ai de toi, tu étais trop distante, trop reine. Je n’ai pas souvenir de bisous, de câlins, de paroles, m’as-tu pris un jour sur tes genoux.
Le jour de ton décès, nous étions en petites vacances à Brenod avec ma mère, mon frère et ma sœur. Notre père travaillait en semaine, il devait nous rejoindre pour le week-end.
Je me souviens de ce jour de semaine, où comme souvent nous allions à pied faire des courses au village distant de 2,5 kilomètres du chalet où nous passions nos vacances.
Ce moment où en chemin je me surpris à dire à ma mère » maman, je suis sûr que papa arrive, il y a quelque chose » » ne dit pas de bêtise Laurent, papa ne vient que dans 3 jours » me répondit-elle.
C’est alors que quelques minutes plus tard nous avons vu arriver au détour d’un virage l’Opel Record grise de Papa.
Il venait nous annoncer ton décès Grand-mère.
Il devait malgré tout y avoir une certaine connexion entre nous.