Les montagnes au loin festonnent l’horizon.
A leur pied, tel un drap, le brouillard infiniment s’étire sur la plaine muette.
Dans l’air cristallin, solitaire, têtu, un coq, certainement gaulois, réitère son chant.
J’attends, dans le silence blanc, l’instant opalescent où le soleil naît, énorme, turgescent.
J’attends le point du jour, de ce jour espéré tout mitonné de pain que tout enfant du monde mangerait à sa faim ou plus probablement de ce jour de la suite des jours, semblables, déchirés du cri vorace des vautours.
J’attends le point du jour et son embrasement.
***
Les vautours se repaissent
De cadavres exquis :
Ils rognent !
N’être plus que ce cri
Déchiré des entrailles
En braille, en verlan,
En langage des signes,
En ire, en aphonie
Ils rognent !
Charognards sans merci
Niant leur puanteur
Il font comme si…
De leurs dents de chacals
de leurs crocs cramoisis
Les cadavres exquis
Ils rognent !
Être ce cri :
Ils rognent !
Rouge
qui s’infinit.
