Il y avait sur la table une plage blanche
Où mon esprit, écoutant une mer prochaine
De loin en loin flânait
L’épaule était nue
La dentelle du rideau tremblait sur ma peau
Ma main traçait des mots sur le sable
Qu’une lumière passagère effaçait aussitôt
Passant à travers l’étreinte des nuages
Des bleus dégringolaient du ciel
Dans leur chute brutale, blessant l’aile des anges
Une plume est tombée sur ma page
Éclairant de l’argent de sa frange
De mes vers disparus, les empreintes fanées
Ainsi les mêmes troubles, les mêmes effrois
Au bord de la dune effondrée
Un vaste précipice de souvenirs sous moi
Remontaient à mon cœur
Pour le battre à grands coups, l’excaver
Tel un métal précieux gardé par des fantômes
Qu’on désire plus qu’on craint
Le rendre au jour des hommes
Au prix, parfois, d’un remords, d’une douleur
Paroles de ressac
Mensongères écorces de bois flottés
Qu’il faut glaner et ranger à l’intérieur d’un sac
Devinant où, par la plage vierge, à nouveau les semer
Peut-être doit-on quitter la chaise
Parcourir des champs, entrer dans la forêt
Ou seulement rester mi-dormant au bord de sa falaise
Perché sur les lueurs d’un toit
Au départ de la brume
A entendre les chants, prêter l’oreille aux voix
Et redescendre grâce à la plume
Coucher au long de la plage muette
Ces chansons de l’oubli
Tous nos cris de bête
