LE PARTICIPE PASSE : SON ACCORD DANS LES FORMES VERBALES COMPOSEES AVEC AUXILIAIRE.
UNE AUTRE METHODE
Il existe nombre d’explications sur le sujet.
La méthode habituelle qui passe par l’analyse grammaticale est très efficace pour ceux qui savent encore leur grammaire ou si c’est fixé en automatique. Si pour vous ça fonctionne, ne changez rien du moins pour les accords courants. Pour les plus subtils, ma méthode peut vous aider si vous n’avez pas votre Grevisse sous la main.
.J’ai donc mis au point pour mes élèves, jadis,(et pour moi-même !) une façon de prisoner plus simple et qui, elle, s’appuie sur le sens de ce qu’on écrit car cet accord est le plus souvent logique. Si on a oublié ce qu’est un complément d’objet indirect, par exemple, cas plus fréquent qu’on ne le pense, c’est utile.
–QUAND ON ACCORDE LE PARTICIPE PASSE – et ceci est primordial, ne zappez pas ce début, car on ne l’accorde pas toujours – ON ACCORDE TOUJOURS EN GENRE ET EN NOMBRE AVEC LA CHOSE OU LA PERSONNE QUI EST (suivi du participe passé de la phrase) , ou les personnes ou choses qui sont -au pluriel JAMAIS AVEC CELLE QUI A., OU CEUX CELLES QUI ONT(suivi du participe passé de la phrase) .
-On peut ne pas accorder du tout mais quand on accorde c’est avec ce qui est, jamais avec ce qui a. Et c’est logique, parfaitement. Vous ne diriez pas : elle a verte donc aucune raison d’écrire elle a aimée. Retenir cela vous évite déjà bien des erreurs. C’est la base de la méthode. Et même en vous arrêtant là dans votre lecture, vous pouvez déjà maîtriser un peu mieux la logique et le sens de ce fichu accord !
Les exceptions arrivent quand on ne peut pas déterminer de manière sûre ce qui est ou qu’il y a des expressions figées difficilement analysables voire des structures illogiques consacrées par l’usage.
Mais elle aide déjà à démêler bien des difficultés !
-Ensuite et seulement dans le cas de l’auxiliaire avoir et de certains verbes pronominaux ce qui est doit renvoyer à quelque chose que vous écrivez AVANT le participe passé : quand vous écrivez le participe passé, ce qui est se trouve déjà en tête et sous les yeux.
Si c’est écrit APRES on n’accorde PAS du tout.
Une exception (qui pour le sens n’en est pas une : certains cas d’inversion du sujet qui restent moins fréquents que l’ordre habituel sujet/ verbe/ complément ou sujet/ complément/ verbe. Et cet ordre on peut le rétablir).
Démonstration sur des exemples :
Participe passé avec auxiliaire être (hors pronominaux verbes avec se devant l’infinitif)
Là c’est tout simple on ne s’occupe pas de avant ou après. On accorde avec ce qui est en genre et en nombre. (le verbe être ayant un attribut du sujet et non un complément, quand on l’utilise comme auxiliaire sa valeur de verbe demeure en filigrane).
Elle était venue très tôt.
Qui est venu ? Elle. C’est l’auxiliaire être, je ne m’occupe pas d’avant et après j’accorde avec « ce qui est venu » réponse « elle » C’est accordé avec elle.
Participe passé avec auxiliaire avoir. C’est là que l’avant et l’après entrent en jeu !
J’ai aimé ces livres.
Qui est aimé ? Ce n’est pas vous qui êtes aimé -e, ce sont les livres, mot écrit après aimé.
Donc on n’accorde pas avec ce qui a (j’) et ce qui est aimé est après le verbe. Donc on n’accorde pas du tout.
Je lui parle des livres que j’ai aimés.
Qui est aimé ? Ce sont les livres qui sont aimés et c’est écrit avant la forme verbale, quand vous écrivez aimés le mot livres est déjà dans votre esprit, et comme ce sont les livres qui sont aimés, vous accordez au masculin pluriel.
Vous voyez : on n’a pas parlé de COD. Et ça fonctionne.
En revanche quand vous écrivez les livres que j’ai aimé lire : vous n’accordez pas car ce ne sont pas les livres que vous avez aimés mais le fait de les avoir lus.
Étude de quelques cas difficiles avec valoir- coûter- vivre- courir- peser
Ils font problème en raison du fait qu’ils admettent deux types de compléments différents mais construits de la même manière. Il faut donc se référer au sens de ce qu’on écrit.
On dit : les trois kilomètres qu’il a couru pour parvenir à la ville, parce qu’on veut dire il a couru pendant trois kilomètres. Ce ne sont pas les trois kilomètres qui sont courus, à ce sens.
A l’inverse : les cent mètres qu’il a courus au Jeux Olympiques s’il s’agit d’un sportif qui a couru ces cent mètres ce sont eux qui sont courus.
La méthode simplifiée indiquée fonctionne.
Avec les verbes pronominaux
Rappel : dans un verbe dit pronominal le sujet est suivi d’un pronom qui représente le sujet ou… rien du tout.
Exemples : S’aimer, se construire, se comprendre etc.
La méthode classique repose sur la différence entre les catégories de pronominaux. On peut l’utiliser, mais on peut aussi tenter la mienne. Elle évite le classement en catégories et ne prévoit que deux cas : se représente quelqu’un ou quelque chose (c’est un vrai pronom) ou se ne représente rien et c’est juste une partie du verbe.
Ils se sont aimés
Dans s’aimer se représente les personnes qui s’aiment entre elles.
Les poires se sont bien vendues
Ici se représente les poires.
Mais dans :
Elles se sont enfuies
Se ne représente rien, c’est une partie du verbe. C’est sur cette catégorie seulement qu’il existe quelques cas où la méthode achoppe.
Si se ou le pronom devant le verbe représente quelqu’un ou quelque chose, la méthode fonctionne sans problème.
Exemples :
On entend souvent l’erreur :
Je ne me suis pas permise de lui dire qu’elle s’était trompée dans son accord..
NON on doit écrire et dire : Je ne me suis pas permis.
La méthode simplifiée indiquée fonctionne. Qu’est ce qui n’est pas permis ? Le fait de dire qu’elle s’est trompée et non pas le sujet je donc pas d’accord.
La vitre s’est cassée.
Qu’est ce qui est cassé ? la vitre. Et c’est écrit avant le verbe donc on accorde avec vitre. La méthode simplifiée indiquée fonctionne.
Je me suis cassé la jambe
Ce n’est pas vous qui êtes cassé mais votre jambe et c’est écrit après la forme verbale donc pas d’accord. La méthode simplifiée indiquée fonctionne.
La jambe qu’il s’est cassée
Ce qui est cassé c’est la jambe et c’est écrit avant la forme verbale. Donc on accorde avec jambe. La méthode simplifiée indiquée fonctionne.
Elles se sont regardées tendrement (ce qui est regardé toutes deux sont regardées l’une par l’autre)
C’est écrit avant : j’accorde avec elles au féminin pluriel. La méthode simplifiée indiquée fonctionne
Elles se sont succédé rapidement.
Ce n’est pas elles qui sont succédées –être succédé ne se dit pas- on succède à quelqu’un. Elles ont succédé à elles. Donc pas d’accord. La méthode simplifiée indiquée fonctionne
Les pommes se sont vendues cher cette année
Qu’est ce qui est vendu ? Les pommes et c’est écrit avant vendues donc vendues.(pronominal de sens passif :la méthode marche à tous les coups), on peut remplacer par elles ont été vendues. Si vous pouvez effectuer ce remplacement : accordez avec le sujet, comme si c’était l’auxiliaire être ). La méthode simplifiée indiquée fonctionne.
On peut y ajouter
Ils se sont arrogé des droits
qui en général est classé dans des exceptions du fait que le verbe n’existe pas à d’autres voix que la pronominale mais se peut s’analyser, donc je trouve ma méthode plus simple que celle par les catégories de pronominaux. Qu’est ce qui est arrogé (attribué) les droits et c’est écrit après la forme verbale la forme verbale donc pas d’accord. La méthode simplifiée indiquée fonctionne.
Les pronominaux pour lesquelles la méthode simplifiée ne fonctionne pas ou plus difficilement
Vous l’essayez d’abord, on ne sait jamais !
En règle générale ce sont des verbes dit essentiellement pronominaux ou des verbes où se ne s’analyse pas. La règle est d’accorder comme si c’était l’auxiliaire être avec le sujet puisque le pronom se ne compte pas. C’est le cas des verbes toujours pronominaux, c’est-à-dire ceux qui n’existent pas sans se.
Exemple s’enfuir : le verbe enfuir seul n’existe pas, tout comme écrier.
Ainsi on a : ils se sont écriés –
Il existe une centaine de verbes de cette sorte sur les 10000 que compte Bescherelle. Donc la règle donnée peut fonctionner dans une grande majorité de cas.
Le cas de se rire- se plaire, se complaire , se déplaire.
Ici se ne s’analyse pas mais ces verbes ne sont pas toujours pronominaux : plaire, rire, déplaire complaire existent !
Ri, plu et ses dérivés sont invariables au participe passé : ri- plu- déplu complu
Elles se sont ri des difficultés ..
A noter que la méthode simplifiée fonctionne (personne n’est ri ) .
Dans certains cas se s’analyse et dans d’autres pas parce que le verbe a plusieurs significations différentes.
Elle s’est aperçue de mon erreur. (se ne s’analyse pas donc accord avec le sujet).
Elles se sont aperçues dans le miroir (ici se s’analyse donc on accorde et la la méthode simplifiée indiquée fonctionne)
Mais on dira :
elle s’est rendu compte
car dans se rendre compte même si c’est une expression figée se peut encore s’analyser : j’ai rendu compte à moi-même. Donc en forçant un peu, la méthode simplifiée fonctionne.( et se rendre compte est invariable)

» Cet article ne donne que quelques exemples de difficultés. Les autres subtilités sont détaillées dans mon livre Mots justes et accords parfaits éditions Jacques Flament. Chaque problème est éclairé par un exemple expliqué.
Me contacter si vous êtes intéressé. chiffondart@aol.com.
Jacqueline Fischer