Jacqueline Fischer – Rideau

Elle porte le monde sur ses épaules et ses doigts lâchent le fil du quotidien. Son ventre est clos, ses mains ne le caressent plus comme une prière d’un soir incertain. Dans ce monde-mais est-ce le sien ? se dessine vaguement un regard fixe embué de larmes.
Elle avance, mais ne progresse plus ; Un pas en avant, deux pas en retrait, un de côté en crabe de rivages trop lointains. Le fil lui barre le chemin, dans son obstination ténue. Elle virevolte, sa taille se plie en arrière. Elle tente de se glisser entre les lignes du livre, les lignes de la main, les lignes ennemies.
Trouver la paix peut-être et aussi l’ennui.
Elle tient le monde sur ses épaules et à chaque pas, le monde se bat, le monde s’ouvre et la porte vers des infinis nuageux d’où s’évadent les regards hagards d’invisibles spectateurs qui attendent sa chute.
Elle s’infligera elle-même le croc-en-jambe qui la fera basculer dans la cavité laiteuse et striée où son front se perd.
Ses vêtements ne suivent plus ses mouvements, elle porte le monde sur ses épaules mais ses pieds sensuels tâtent l’ombre qui la cerne.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s