Grady Mugisho – Poèmes primés – Prix jeunesse d’Europoésie au profit de l’Unicef 2022

Grady Mugisho, le plus de jeunes de nos chroniqueurs (21 ans mais quel talent!) est le lauréat 2022 du concours Europoésie (catégorie jeunesse) au profit de l’UNICEF. Ses deux poèmes primés, sont inédits et Grady offre à les lire en priorité aux lecteurs (trices) du blog. (il feront l’objet d’un article plus pointu lors de la remise des prix au printemps prochain )

FALAISE ROUGE

Le sang qui coule et dessine une carte
Mal aimée, mal bercée par les mains
Tentaculaires, les bouches souffleuses d’agonies
C’est qu’une chanson de cendres
Qu’un ange déchu répète en fresque d’éclairs
Qu’un fleuve dérangé porte
Dans son ventre mouvant
Porte des âmes crevées
Sous des pierres accablantes
Sur les routes des serpents
Comment danser, aimer la vie
Etreindre le corps d’une femme
D’une fille dans ce lieu mitigé
Aux ambiances de frissons
Au bord d’une falaise rouge, où le diable
Danse nu, joue le tambour
Et rit à longueur de journée
Devant ces corps dépossédés de la rivière
Que l’aube et le crépuscule saluent
Devant ces yeux apeurés
Ces intimités de filles, de femmes
Violentées pour des minerais, des lopins de terres ?
Ici, l’aube ne nous fait plus rêver
On dort à moitié, un pied dans la maison
Un autre dehors car on ne sait pas quand
Pourra surgir encore la bouche du dragon
Prête à nous griller.


LE MIROIR DOULOUREUX
S’il arrivait qu’un jour nous quittions notre vieux monde
Loin de nos chemins divers, de nos étrangetés
Vers une nouvelle cité
Avec ses soirs et ses matins confondus
Que deviendrions-nous dans ce vaste monde ?
Nous marcherions sans musique, sans élégance
Le soleil, bouleversé, s’en étonnerait
Dans nos voix il n’y aurait plus un fleuve
Aux douceurs Sans pareilles
Un ange jouerait une lyre sur un nuage
D’où suinterait une pluie blafarde
De l’environnement morose
Tinté de vide chaotique
De nos gestes pareils à la ronde infinie
Des prisonniers
Où on ne reconnaîtrait plus de merveilles
Chez un frère, chez une sœur
De par leurs façons de conjuguer le monde
De le mettre en couleurs
Avec tous ses mystères
Nous garderions à jamais
Avec un goût de cendres, de saveur âpre en arrière
Dans notre immortelle mémoire
Les exploits de nos différences
Cadeaux offerts à l’humanité
Blessures réparatrices
Comme une chère histoire racontée au temps
A la poussière
Avec des visages identiques, comme des copies
Ne serions-nous pas l’étrange définition de nous-mêmes
Notre propre peur ?

King Abiola
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