Pat Ryckewaert -J’appelle poésie cette part inconsolée de l’homme

J’appelle poésie cette part inconsolée de l’homme. Regard ébloui, suppliant à l’aube de ce qui va naître. Tout ce qui bat et résiste, ce qui s’ouvre à celui qui tremble. Cette langue fertile, souple à nous remplir de sève. Le pouls de la terre sous les pieds, sous les sabots du cerf, ceux de l’éléphant. Tout ce qui nous redresse.
J’appelle poésie la bouche, le ventre de la femme libre. Ses assauts de guerrière, sa parole délivrée. Noyau d’amour entre les dents. Chaque frôlement du monde, le bruit dans les broussailles, la danse des cils et de la pluie. Le vent qui défait les cheveux, les certitudes. Les heures lentes à s’égoutter de la peine, la nuit qui affole le poème. La morsure du soleil dans la nuque de juillet. Tous les ciels de promesses.
J’appelle poésie l’humanité qui nous relie, nous engage. Ta place d’homme qui est partout là où tu souffres, là où tu aimes. Ton cri jeté au pur du ciel. Mes mots engrais pour la terre tant ils sont faits de la matière du vivant. Le murmure des morts coincé dans la gorge de l’enfant. La vie qui veut et s’acharne.
J’appelle poésie ce qui confusément grandit en soi, le fragile et l’ému. Ce que nous ne parvenons pas à dire, ce qui résiste à être énoncé, il y a comme urgence à l’écrire. Le poème comme un baiser à dire quelque chose de soi qui embarrasse les mots. Une prière les yeux levés qui s’élève pour secouer les dieux et toutes les résistances. L’assomption du coeur, les entrailles sur la page.
« Limen »

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s