
Vieux film d’horreur aux tons verdâtres qui brouille les repères et bouscule la hiérarchie, nanar risible ET petit bijou, incunable ET chef-d’oeuvre de bizarrerie.
Un mystérieux meurtrier exécute à la pleine lune une victime au hasard et en bouffe une partie ( on saura plus tard qu’il a trouvé le » secret de fabrication » de la chair humaine ).
Suit l’enquête de la police et de la presse, ces deux piliers de la nation américaine. Et nous voilà conduits vers un aréopage de savants brindezingues. L’un est manchot, l’autre ressemble à un ancien SS avant l’heure ( nous sommes en 1931 ), le troisième est paralysé et le quatrième cache une revue cochonne dans ses papiers.
Le savant zinzin est tour à tour ou tout à la fois pittoresque, caractériel et parfois criminel. Lionel Atwill habitué des sévices sur peau lisse est la tête pensante de ce beau monde, il invite les suspects et à l’aide d’un bric-à-brac de tuyaux enchevêtrés sonde les cerveaux.

Sa fille est naturellement ravissante, la très ,très excitante Fay Wray lui prête sa belle plastique » Iphigénie permanente qu’Hollywood jette en pâture à ses dieux et à ses monstres « ( CM Cluny ), elle goûte les joies de la baignade et de la bronzette dans la crique jouxtant la demeure gothique, porte des robes légères et décolletées sous l’étoffe desquelles le mouvement harmonieux de ses formes célèbre les noces du désir et de la terreur.
La naïveté du docteur Xavier qui fait d’elle un appât livré à la concupiscence du criminel n’a d’égale que la perversité des producteurs …
Le journaliste qui la reçoit en récompense est laid et vulgaire, loin de Bruce Cabot et Joel Mc Crea, virils gaillards capables de supplanter King Kong dans son cœur et de la sauver des griffes sadiques du comte Zaroff.
On mise beaucoup sur la beauté picturale pour concurrencer les chefs-d’œuvre de la Universal et laisser des souvenirs de terreur jouissive aux cinéphiles. Par son caractère insolite ce petit film est bien l’ancêtre du cinéma de Jess Franco et Jean Rollin…