Un huissier s’est pointé chez moi.
J’avais signé un chèque en bois
Pour payer des pomp’s à Odile,
Des croquenots pur crocodile…
Un gros chèque en bois d’acajou,
Un chèque en vrai bois de filou…
Et quand l’huissier s’est annoncé,
Pour l’amadouer j’ai chanté :
…
“ Coupez-moi le gaz,
Mais m’coupez pas le jazz,
Embarquez l’armoire bretonne,
Mais pas les disques d’Ellington,
Saisissez couteaux et fourchettes,
Mais pas les galett’s de Bechet ! ”
Et l’huissier est monté chez moi,
Dans l’escalier claquait son pas,
Son pas pesant de crocodile,
Adieu les pieds mignons d’Odile,
Partie la veille à Tombouctou
Avec son banquier-manitou…
Et lorsque l’huissier a sonné
Pour le charmer, j’ai entonné :
…
“ Coupez-moi le gaz,
Mais m’coupez pas le jazz,
Emportez le pèse -liqueur
Mais laissez-moi Charlie Parker
Prenez la pendule ding-dong,
Mais épargnez le vieil Armstrong ! ”
…
Et l’huissier est entré chez-moi…
Il m’a dit : “Qu’est-ce-que tu bois ?
J’t’offre un verre au troquet d’en face,
Un triple whisky, et sans glace…
On va arroser ma retraite,
Je vais me mettre à la trompette. »
Et lorsque nous fûmes bourrés,
En duo, nous avons chanté :
…
» Laissez-nous le gaz,
Et laissez nous le jazz!
Laissez-nous les vins, les liqueurs,
Tous les cédés de Chet Baker! «
Et avec tous ceux qu’ont les glandes
On a formé notre big-band.

J’adore. Henri était décidément très fort !
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quel homme quel ami quel poete il me manque terriblement
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