Caterina Sforza, fut une femme de tête, une guerrière ! Dotée d’un tempérament volontaire et indépendant, elle représente l’idéal féminin de la Renaissance italienne. Défiant les conventions, audacieuse, courageuse et brillante -allant jusqu’à étudier l’alchimie- elle était une ennemie acharnée des Borgia ainsi que d’autres grandes familles italiennes. De nos jours encore elle reste dans les mémoires comme le symbole de l’énergie et l’engagement des femmes face à l’adversité et les trahisons.

Naissance illégitime et enfance à la cour de Milan
Caterina Sforza nait en 1463. Elle est une des quatre enfants illégitimes de Lucrezia Landriani et du duc de Milan Galeazzo Maria Sforza. Elle passe avec son frère et ses sœurs ses jeunes années auprès de la famille de sa mère dont elle est très proche. Elle y reçoit une éducation de qualité.
Lorsque le père du duc décède, Galeazzo décide de faire venir ses quatre enfants illégitimes à la cour de Milan où ils sont placés sous l’autorité de leur grand-mère paternelle Bonne de Savoie. Il les adopte alors légalement pour en faire ses héritiers légitimes. Les enfants vivent alors une enfance affectueuse et chaleureuse et reçoivent la meilleur éducation possible (Arts, langues, art du gouvernement, mathématiques, astronomie…)
La princesse de Forli (1480-1500)

Vive et intelligente Caterina apprend vite, mais alors qu’elle n’a que dix ans, la jeune enfant est fiancée puis mariée au neveu du pape Sixte IV : Girolamo Riario (1443-1488) de vingt ans son ainé. Le mariage ne sera consommé que quatre années plus tard (âge légal de l’époque). La jeune mariée s’installe alors à Rome avec son époux qui est au service de son oncle. En mars 1478, à 15 ans, la jeune fille donne naissance à son premier enfant. Elle en aura cinq autres… A Rome, la jeune épousée découvre avec avidité une ville d’effervescence intellectuelle, culturelle et politique, et même si son époux n’autorise pas sa jeune épouse à se mêler de politique, le caractère très sociable et l’esprit de Caterina lui ouvre rapidement les portes de l’aristocratie romaine. Belle, élégante et cultivée, Caterina devient une femme influente dans les cours italienne et jusqu’auprès du Pape. De son côté, le pouvoir et l’influence de son époux croissent auprès du pape et en 1480, Sixte IV le fait seigneur de Forlì. Caterina devient ainsi princesse de Forli (1480-1500).
En août 1484, à la mort du pape Sixte IV des révoltes éclatent dans les rues de Rome et des insurgés envahissent et pillent les résidences et massacrent ses soutiens. Le palais Orsini, résidence de Girolamo, est mis à sac et pratiquement détruit. « Caterina enceinte de sept mois se rend alors à cheval au Château-Saint-Ange pour occuper la forteresse au nom de son époux. De là, assurée de l’obédience des soldats et grâce à l’artillerie du château, elle contrôle le Vatican et le conclave. »
Mais des émeutes surviennent dans Forlì en 1488 et son mari est assassiné par les insurgés. Caterina parvient à retourner la foule en sa faveur recouvre le gouvernement de Forlì. En 1489, elle épouse en deuxième noce Giacomo Feo, secrétaire de son précédent mari qui mourra à son tour assassiné en1495. Destin tragique pour une jeune femme de 25 ans qui a déjà perdu deux époux de façon violente.
Les Borgia : ennemis jurés !

En 1497, Caterina obtient de son oncle, le duc Ludovico Sforza, la permission d’épouser en troisièmes noces Jean de Médicis, membre de la puissante famille florentine, rencontré quelques mois plutôt lorsque ce dernier s’était rendu à Forli en qualité d’ambassadeur de Florence.
Mais là aussi La belle Caterina joue de malchance, et perd son époux qui décède d’une pneumonie. Il lui laisse un fils Giovanni, qui deviendra le fameux Jean des Bandes noires.
Politiquement ce n’est pas mieux : le pape Borgia Alexandre VI décide que les cités-états de Romagne, dont Imola et Forlì seront rattachés au Vatican. Bien évidement Caterina s’y oppose elle ne veut dépendre de personne. En vue d’un possible conflit la comtesse de Sforza augmente ses troupes, améliore son armement et fait provision de munitions. A Ravaldino, où elle réside elle renforce les défenses du château. En effet elle craint un siège des troupes de César Borgia, duc de Valentinois et fils du pape, un ennemi au combien dangereux !

Après la chute des forteresses de Forlì et Imola, Borgia débute le siège de Ravaldino le 19 décembre 1499 où Caterina est retranchée avec plus de 1000 soldats. En cheffe de guerre, elle repousse plusieurs assauts et refuse toute proposition de paix avec les Borgia. Mais le 12 janvier 1500 après plusieurs semaines de terribles combats, la forteresse de Ravaldino tombe et la belle comtesse est faite prisonnière. César Borgia refuse de se séparer de sa prisonnière alors sous la protection du roi de France Louis XII et pour cause il est tombé sous le charme de la Caterina et en a fait sa maitresse.
La comtesse est alors Assignée à résidence au palais du Belvédère, proche de Rome par le pape Alexandre VI. Mais malgré tous les efforts du pape pour calmer les choses, la belle reste rebelle à toute conciliation avec ses ennemis. Elle tente alors de fuir, mais, découverte, elle est accusée de préparer un attentat contre le pape au moyen de lettres empoisonnées, et l’on enferme l’indocile duchesse au château Saint-Ange, cette forteresse qu’elle avait défendue avec tant d’ardeur quelques années auparavant.
Fin de vie.

Elle ne restera que peu de temps en prison. A la demande du roi Louis XII qui a intercédé en sa faveur elle est remise en liberté le 30 juin 1501.
Caterina décide alors de se retirer à Florence dans la villa de son troisième époux Jean de Médicis. A la mort du pape Alexandre VI, elle tente de récupérer ses fiefs auprès du nouveau pontife Jules II. Sans succès. Fatiguée des intrigues et des guerres, elle passe ses dernières années auprès de ses enfants et se consacre à l’alchimie, science qui la fascine.
La comtesse Caterina Sforza, rend son dernier soupir en mai 1509. Elle a 46 ans lorsque la pneumonie l’emporte. Elle est enterrée, selon sa volonté, dans l’anonymat du couvent de Santa Maria delle Murate. Mais son neveu voulant lui rendre hommage ordonne de placer une pierre tombale en marbre blanc portant son nom sur sa sépulture… En 1835, la pierre tombale sera détruite lorsque le couvent deviendra prison. Même morte l’esprit rebelle de Caterina ne pouvait admettre la contradiction !