L’horloge du clocher très lentement scande,
Les heures dans le silence muet de la nuit,
Sous certains toits on n’attend plus de rien de Minuit,
Car hier déjà court rejoindre sa légende.
Mais chez moi…
Aussi bruyant qu’un bruit de tonnerre,
Ivre d’une puissance sourde,
J’ai senti tout cet hiver foncer sur moi,
Avec son vent sauvage qui s’amuse à torde les arbres.
Ah terrible souffle sans fin !
Haleine qui me coupe en deux par ses bourrasques,
Qui me broie les côtes dans sa fièvre,
Pour m’en entraîner bien loin,
Pour me terrasser enfin…
Dans cette nuit si particulière,
Pourtant j’ai entendu sourire les étoiles du ciel,
De bonheur,
Plutôt de leur bonheur à elles
Un bonheur si puissant et si dévastateur,
Où mille nuages bouffis, certains recroquevillés
Passaient, repassaient,
Et repasseraient sans fin
En pleurnichant de leur voix grave et douce.
Seraient-ils comme moi la proie de ce vent sauvage,
Qui se déchaîne avide,
Qui déferle entièrement nu,
Qui souffle comme un désir sans frein ?
Pourquoi parler de frein ?
Puisque rien ne peut l’arrêter,
Comment stopper sa course folle dans la chambre.
Illimité, ivre de sa force qui me broie,
Ardent dans toute ma solitude
Comme un amour perdu qui me noierait dans ses flammes…
L’horloge du clocher très lentement scande,
Les heures approximatives de la nuit,
Sous mon toit je n’entends plus sonner Minuit
Car déjà hier court rejoindre la légende.
Miracle décevant quoique j’en attende,
Sans cesse poursuivant l’idéal qui me fuit,
Verrais-je un jour se taire ce grand vent qui me nuit
Ce vent que certaines nuits, ma tête appréhende …