Et pour commencer un coup de gueule plein d’humour de Nicolas Gouzy, notre monsieur » Ronchonchon » adoré !
Gafaphone.

Chacun témoin, chacun lanceur d’alerte, chacun reporter, chacun journaliste, photographe, vidéaste, critique d’art, chroniqueur, redresseur de torts, amuseur public et allumeur pyromane de rumeurs fugaces. Tous frénétiques manipulateurs de leur gafaphone, tous saluant les dieux, les lieux, les siens et surtout soi, le bras tendu, la perche haute. Tous pour ou contre, avec ou sans, l’un ou l’autre, jaune ou bleu, blanc ou noir, gilet ou foulard, tous contraints de choisir entre ça ou ça, exposé au regard des autres, alors que l’homme vit dans l’entre-deux, dans le « et », dans le milieu et sous le regard des dieux. Devant l’événement et dans un même élan chacun brandit son gafaphone et puis la Toile bruit, s’énerve, tonitrue, s’enhardit à dire des conneries bien senties genre « Je vous l’avais bien dit ! » ou « Je l’avais prédit ! », à clamer du slogan instantané comme la soupe du même acabit. Recadré, commenté, retransmis coupé, remonté, détourné, désossé, plagié, retourné, enfourné dans la même gueule monstrueuse, le flux d’octets vient nourrir en boucle la bouche de la foule qui bientôt crie d’une même voix, emprunte la même voie. Le gafaphone est-il l’outil prodigieux d’une nouvelle dictature planétaire ou bien la graine technologique d’une moisson prometteuse ? Prométhée définitivement délivré de son rocher, l’aigle gavé qui lui dévorait le foie peut enfin se mettre aux légumes bios. Le titan Gafa vient d’offrir aux hommes un nouvel « ami dangereux », un nouveau dolos, ce n’est plus le feu.
Nicolas Gouzy
Et voici les vignettes du week end










