Ouvrir les yeux petit à petit
Entrebâiller la porte
Découvrir, en pénombre, un escalier sans fin
Le chagrin du présent
L’avenir qu’on pressent
Le passé que la mémoire gravit en l’effaçant
Un piano sans limites
La pirogue fleurie du présent
L’horizon qu’on pressent
Les rives d’une enfance exilée et ses passants
Au loin maintenant
Les aïeux immobiles, les amis perdus
Le souffle sur la chandelle
Puis, tout à coup, il fait noir
Il fait sommeil et parfois cauchemars
La vie est un pays d’hommes en guerre
De femmes tristes, d’enfants-hamsters en cage
De chiens en laisse, de chats qui, à la nuit tombée
Prient un lion, un tigre, une panthère
Ouvrir les mains, petit à petit
Saisir la pagaie
Remonter la rivière
Remonter la petite clé dans le dos du soleil
Faire sonner la lumière
A la bonne heure
A la levée du vent
Se disperser comme grains de pollen
Par la belle saison
Par une journée d’abeilles
S’il faut pardonner, le pardon s’échappera du bourdon
S’il faut boire le venin d’amertume
Le survivant et le bourreau trinqueront
La même lie au fond du verre
On meurt de tant de choses
Alors, un peu plus un peu moins
Ouvrir les paumes, lâcher les lignes de coeur et de vie
On ne rentrera que tard cette nuit
Après avoir rêvé sous les étoiles
Au village
Comment un simple rêve peut-il faire autant
Souffrir?
Ouvrir
Sa gorge pour le chant
Appris dans la vieille armoire
Les paroles d’un passé imaginaire
Les chanter à tue-tête
Au fond, tel un caîman glissant sur des eaux silencieuses
La nostalgie rampe dans nos pensées
Et, proies, nous l’attendons
Dessus les berges du fleuve

Auteur(s)
MAX BONCINA
Stéphane MICHAUD
M. NOISE
IrnMonkey
Jeroen van DAM