Si mon regard s’embrume
C’est que le temps est là
Qui rend encore plus floues
Les amours qui s’éloignent et les envies d’encore
Je ne suis qu’un saltimbanque sans cerceau
Pas même un peu de feu
Qui viendrait de la bouche
J’ai peur de mes frissons qui ne reviendront pas
De la froideur de celle qu’on nomme déjà derme
Quand elle était tremblante portant un autre nom
Je vide l’absence de plein
Qui ne remplit pas mes veines
J’ai peur des souvenirs cachés dans des cartons
De sauter sans raison
Comme le ferait un chat lors d’un éternuement
De regarder ma montre et de n’y voir plus d’heure
Bourreau encore chômeur mais qui se lèvera
Pour pendre son propre corps
Ne pas laisser de trace
Ne pas laisser de place
Le reste se lavera comme le fait le granit
Accueillant contre lui la mousse qui recouvre
Ce qui fut
Les cicatrices présentes de nos amours futures
Et cette petite flamme
Cette étincelle d’yeux qui ne voient guère plus loin
Que le bout de mes doigts
Et le nom flou des saints
Qu’on accroche à la Poste sur les calendriers
Pleure le ciel qui nous maintient en vie
D’avoir encore en lui quelques gouttes à donner
Pour étancher nos soifs
Le fauteuil est tout près dans lequel je me pose
Pour regarder passer ceux qui me manqueront
Jusqu’à mon dernier souffle
Lentement la chaleur se fait douce et le feu devient braises qui ne brûleront plus
