Jo Cassen – Enfant de l’ombre


Quelques marches en bois, sept ou huit, l’ouverture
Sur l’espace ajouté, chez nous, on dit balcon
Et là, sage et discrète, exquise créature
Un enfant, un bébé qui s’invente un cocon.

C’est un petit garçon, il vaque à quatre pattes
Dans un banal carton qui tient rôle de parc ;
Sache mon petit gars que déjà tu m’épates,
Tout seul et chaque jour, tu seras flèche et l’arc.

Je te découvre ainsi, je contemple et je veille,
Tu vivras solitaire, un magique taiseux,
Dans le bruit et l’esclandre, une douce merveille ;
Nous échangerons peu de ces discours oiseux.

Je te vois progresser, je reçois ton sourire
Comme un présent du ciel que l’on n’explique pas ;
De nos sombres échecs dont nul ne sait prescrire
L’épilogue lointain, tu connais les appâts.

Ce petit grandira, puis deviendra cet homme,
Confronté, c’est la vie, à bien d’autres douleurs.
Le sort, de ses cadeaux, reste un rat économe,
Et toi, c’est l’habitude, endosse les malheurs.

Mais qui peut se targuer de bâtir sur du sable ?
Quand l’édifice tangue il lui faudrait lutter,
Mais l’égarement fier de ce brave inlassable,
Sans cuirasse ou plastron, le condamne à chuter.

« Derrière les volets clos »

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