Une vieille nourrice, gouvernante ou « mie », assise sur un tabouret, filant avec son fuseau la laine de sa quenouille, parle — la bouche est ouverte et sa main gauche esquisse le geste archaïque du comput digital — à trois jeunes personnes « de qualité », un petit garçon portant chapeau, debout, la main posée sur le giron de la vieille, une adolescente avec une coiffure Fontanges, mains glissées dans un manchon et un jeune homme chapeauté, assis dans un fauteuil, dos à la cheminée où flambe un feu de bois : espace clos du foyer et de l’intimité — la vieille narratrice se détache de profil sur le fond d’une porte fermée dont l’huis de la serrure est à la hauteur de son œil —, espace nocturne de la veillée que signalent non seulement le feu de l’âtre, mais la bougie allumée et rayonnante dans son bougeoir posé sur le manteau de la cheminée, mais un chat pelotonné, tapi, les yeux ouverts — « face au spectateur » — : Mise en scène de l’oralité dans ses représentants canoniques, la toute puissante maîtresse de la voix narratrice et ses destinataires, enfants et adolescents, fille et garçons, dans la fascination de l’écoute.
