» L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence », déclarait Averroès pour montrer l’acheminement tortueux qui résulte de l’ignorance.

Cette équation en tête, l’examen des violences basées sur le genre, les exploitations et le harcèlement sexuels doit être l’un des plus importants aux yeux de la jeunesse, car il postule des conséquences et enjeux qui résultent de ces violences. C’est une évidence, car, dans nos sociétés, le monde qui nous entoure la télé, la radio, les réseaux sociaux nous informe en permanence et en temps réels de ses violences et en sont en quelque sorte le miroir. Ceci étant, pourquoi ces violences existent-elles ? Quel vent amènent-elles chez ceux et celles qui les subissent ? Comment la jeunesse peut-elle lutter contre elles ? Pourquoi cette lutte est essentielle ? Après avoir explicité la notion liée aux exploitations et harcèlement sexuels, nous essayerons d’apporter la lumière aux questions soulevées.
Que définir par exploitations et harcèlement sexuels ? Tout d’abord il faut rappeler qu’ils font partie de ce que l’on appelle violences basées sur le genre, c’est-à-dire des actes nuisibles envers un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Les exploitations sexuelles se traduisent par le fait de profiter ou de tenter de profiter d’un état de vulnérabilité d’un individu ou groupe d’individus, tandis que le harcèlement sexuel se résume par tout comportement ou agressions verbales ou physiques à caractère sexuel qui peut choquer ou humilier ; il peut s’agir de contacts physiques non consensuels ou du harcèlement moral à caractère sexuel ( injures, humiliations, agression verbales) tels des commentaires sur le corps d’une personne… Ce harcèlement s’exerce hélas partout : à l’école, à la rue, au travail …Exemple : les harcèlements envers des personnes LGBT par exemple.
Les personnes qui subissent ces exploitations sexuelles ont un point commun : elles sont souvent en quête d’une vie meilleure. La plupart de ceux et celles qui ont le statut d’immigrants illégaux en sont victimes. Pour certaines femmes, les exploiteurs profitent de leur vulnérabilité en les menaçant de les dénoncer. On les utilise alors, pour certains cas, dans ce qu’on appelle « commerce sexuel » qui inclut la prostitution, la pornographie… D’autres acceptent d’être traitées ainsi parce que c’est moyen pour elles, d’après les exploiteurs, pour obtenir leurs papiers. Ce trafic sexuel a surtout lieu en l’Europe de l’Est, dans des pays comme la Bulgarie, la Roumanie… où certains films se sont inspirés de la réalité qui qui y sévit, comme le film » L’Enlèvement (Taken) qui a pris affiche en 2008. L’Afrique n’est pas exclue de cette exploitation sexuelle de la femme, en effet, d’après une étude menée par l’Université de Sherbrooke, Québec, Canada, beaucoup de réseaux de trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle prennent naissance en Afrique ( Nigeria, Cameroun, Ghana..)
Dans le cas du harcèlement sexuel, la liste est non exhaustive. Les victimes sont souvent les femmes et les filles. Lorsqu’un tel comportement interfère avec le travail, présenté à la femme comme une condition sine qua non à l’emploi, il s’installe un climat d’intimidation, d’hostilité… Les filles, elles, sont victimes d’agression à l’école, dans la rue… Avec un tel climat, certains quartiers deviennent peu fréquentables à la nuit tombée pour les femmes ou filles.
Être victime d’exploitations sexuelles est aussi d’ordre économique et social. Les fait le montrent. Par exemple en RDC à Beni, une enquête menée entre février et mai 2021 par l’association des femmes, « Femme de solution « , de Kasindi montre que des centaines de filles de moins de 18 ans sont exploitées et utilisées sexuellement par des adultes en échange d’argent. À cause de la guerre, elles font partie des déplacés qui ont trouvé refuge à Kasindi. Et quand la pauvreté colle à leur peaux, l’exploitation sexuelle va de pair. Surtout à Kinshasa où il y a surpopulation et qui dit surpopulation dit exploitation ainsi 9 filles sur 10 vivent de la prostitution, selon une enquête effectuée par l’ONG Médecins du Monde.
Par ailleurs une autre étude menée par Plan International, montrent que 80% des filles de Kampala, capitale de l’Ouganda, ne se sentent pas en sécurité dans les lieux publics, que 99% des Egyptiennes interrogées par les Nations unies signalent avoir été victimes de harcèlement sexuel… Bref, des cas similaires se retrouvent dans nombreux pays.
Et Pourtant, bien qu’elles soient les victimes de ses agressions et des harcèlements sexuelles ces dernières sont souvent vues et considérées par nombres de personnes comme des coupables. La culture patriarcale considère que si les femmes se font importuner et agresser à la rue c’est de leur faute ! Que cela soit à l’école, au travail ou dans la rue on met en cause de leur comportement et tenues jugés provoquants. Le manque d’informations aussi sur ce phénomène alimente cette forme de violence faite aux femmes.
Au vue de tous les cas énumérés ci-dessus, on peut se dire que « qui dit causes dit aussi effets « . Pour le harcèlement sexuel, les victimes sont sujettes à la perte d’emploi, à l’isolement, à la déscolarisation voir au viol.
Pour les exploitations sexuelles, les victimes ont des répercussions psychologiques graves, des crises de désespoir qui les poussent à faire des tentatives de suicide ou à se réfugier dans la drogue… Nul n’est besoin d’insister que comprendre que pour ces raisons, le bien-être et l’espérance de vie de ces victimes se trouvent réduits.
Une femme ou fille peut-elle être considérée comme un objet ? A voir ce qui se passe on ne peut que le penser ! D’autant que lorsque les victimes portent plaintes, ces dernières n’aboutissent presque jamais à des sanctions judiciaires. Le documentaire de la BBC, The whistlebowers : Inside The UN, présente les témoignages de membres du personnel qui ont tenté de dénoncer des abus sexuels dont ils ont été victimes au sein de leur entreprise. Tous disent avoir été pénalisés après avoir parlé, et certains mêmes ont été licenciés et n’ont jamais vu leurs plaintes aboutir. Cela doit nous interroger parce que chaque être humain à droit à vivre sans crainte d’être harcelé, contraint par la force ou l’intimidation et surtout sans être exploité sexuellement.
Et c’est là que la jeunesse doit jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les exploitations et harcèlement sexuels. Elle doit s’impliquer dans des associations d’aide aux victimes ou pour aider à lutter contre ces violences. Sur les réseaux sociaux elle peut dénoncer les abus, les harcèlements en créant des mouvements comme Me too (qui lutte contre les violences faites aux femmes), encourager leurs établissements scolaires à mettre en place des campagnes de sensibilisation sur l’exploitation et le harcèlement sexuel et comment y faire face. La jeunesse peut aussi mettre en place des actions tells que des manifestations contre ces violences pour inciter les représentants des gouvernements à prendre des mesures de prévention et de protection. Enfin apprendre aux autres jeunes que ce faire exploiter, harceler est est une atteinte à la dignité et qu’il est de leur droit et leur devoir de refuser toute atteinte à leur personne. Ce n’est que comme cela qu’on pourra enfin ne plus avoir peur de dénoncer ceux qui commettent ces actes odieux, et des voir eux avoir peur d’être sévèrement punis par la loi pour les avoir commis. Il faut que la peur soit du côté du coupable et non plus de la victime !
Grady MUGISHO