Ce 11 novembre ont a fêté la fin de la Grande Guerre qui fit plus de 9 millions de morts et disparus (1,4 million pour la France), plus de 21 millions de blessés (4 millions en France). Chiffres terrifiants. En moyenne, 900 jeunes Français mouraient chaque jour sur les champs de bataille. Aujourd’hui, il ne reste plus aucun de ces soldats pour raconter l’horreur des tranchés, des blessures infligées. Plus aucune gueule cassée pour montrer l’horreur de la guerre. Reste des millions de croix blanches et de coquelicots pour rappeler l’histoire de ces soldats bien malgré eux…

Je vous invite à découvrir ce texte magnifique et poignant de Nicolas comme un vibrant hommage à tous ces inconnus tombés au champ d’honneur, au champ d’horreur.
Inconnu (11 Novembre) -Nicolas Gouzy

Je suis mort, plusieurs fois, pour toi, des centaines, des milliers de fois. Je suis mort au champ d’honneur, au champ d’horreur, au chant du désespoir, au chant des pluies d’obus, des grêles de balles et du clairon. Je suis mort, pour toi, là-bas, ailleurs de chez toi, de chez nous. Je suis mort et j’ai tué d’autres soldats comme moi, pour toi. Je suis mort, plusieurs fois, une fois-là, avec mes gars, une fois là-bas en espérant vivre entier ou crever vite, pas amputé, pas défiguré, pas de la gangrène, pas du froid, pas comme un chien, pas comme un rat. Je suis mort en espérant vivre une dernière fois ce moment merveilleux où tu m’as pris dans tes bras pour la première fois. Avant je t’ai écrit des lettres fausses, des lettres sottes, des lettres qui sonnaient faux comme ce jeune clairon mort si tôt, des lettres qui sonnaient fort pour couvrir le son de la Mort. Tu m’as envoyé des douceurs, des caresses, des baisers et j’ai tenté de m’en faire une cuirasse en les glissant contre mon cœur, mais je suis mort, une dernière fois. Je n’ai pas crié, non, pas souffert non plus car j’étais déjà mort, avant, mort de peur, mort d’amour pour toi. Je suis mort encore des milliers de fois, pas pour moi, pour d’autres que je ne connaissais pas mais aussi, chaque fois, pour toi. Je te connais mon amour, ma vie, ma paix, je ne t’oublie pas. Et pourtant je suis mort des milliers de fois.

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