Gilles Compagnon : Recueil » Souffleur de vers, poseur de prose… »

SOUFFLEUR DE VERS, POSEUR DE PROSE… est le premier recueil de textes en prose et en vers de notre ami Gilles Compagnon (Jacques Flament Editeur) qui collabore par ses poèmes aux voyages poétiques que le Dix Vins blog offre à ses lecteurs et lectrices depuis près de 14 ans. Préfacé par la talentueuse poétesse, écrivaine et metteur en scène Suisse Anne Perrin vous trouverez dans ce premier recueil de Gilles( lui qui refusait de se dire poète et ne pensait jamais publier…comme quoi ) toute la verve poétique teintée d’un brin de nostalgie, d’une pointe d’humour, et d’un amour profond pour la nature qu’il aime tant et qui est partie prenante de sa poésie. Ceci dit Gilles a son franc-parler et n’hésite à travers ses textes de pourfendre et de moquer les travers de notre société et de l’humanité. Libertaire, bon vivant sa poésie est à son image simple et vraie et c’est pour cela qu’elle touche au coeur!

QUATRIÈME DE COUVERTURE…

Né d’un courant d’air bleu à point, j’ai eu une enfance solitaire, calme et agréable, à la ferme, entre fenaisons et moissons, chaleurs et pluies d’été loin des moussons tropicales, au pays des petits rosés et des mousserons des prés. J’ai grandi grâce au pain, aux tartines de confiture ou de miel, aux légumes et fruits frais du jardin et, au pis, des plus généreuses vaches charolaises… Aujourd’hui, les paroles du vent léger ou glacial forment ma langue essentielle. Impossible de me cataloguer, je fuis d’ailleurs tous catalogues qui n’engagent que celles et ceux qui les inventent.

Ni littéraire ni poète, j’écris dans l’instant, dans la spontanéité immédiate, et sans l’ombre d’un pléonasme ! Je me définis comme un souffleur de vers ou un poseur de prose comme on souffle au trou du plancher de théâtre une partie de réplique oubliée par l’acteur en scène ou comme on pose des rails sur son chemin de vie pas nécessairement toujours complaisant et tracé d’avance.

Gilles Compagnon

SOUFFLEUR DE VERS, POSEUR DE PROSE est un recueil de textes de Gilles Compagnon qui sont nés sur cet espace (Facebook), ce qui prouve que le réseau peut AUSSI être un outil formidable quand il est entre de bonnes mains et utilisé dans un esprit créatif.

Gilles Compagnon est un nouveau venu dans la cabane, autodidacte écrivant dans l’instant, sans se soucier de savoir si ses textes ont quelque chose à voir avec la littérature ou la poésie.

Une nouvelle preuve que j’aurai laissé la porte ouverte durant ces douze années à d’innombrables auteur(e)s qui ne faisaient pas partie du sérail mais qui avaient des choses à dire, pour peu qu’elles soient bien dites ou plutôt écrites en l’occurrence. Et c’est le cas ici.

Un recueil éclectique, juxtaposition de morceaux choisis d’une écriture spontanée à découvrir par les amateurs de mots-musiques et de textes baroques. Et un auteur incatalogable « né d’un courant d’air bleu à point » pour un livre inclassable qui ne pouvait dès lors qu’atterrir dans la collection MARGES de la maison

Jacques Flament

Les mots d’Anne Perrin (préface) :

Gilles a du style.

Gilles a du chien.

Gilles fume la pipe mais cela n’a rien à voir. D’autant qu’il a arrêté depuis vingt ans.

Gilles est un observateur, curieux, tendre, amusant souvent.

Gilles aime la nature, les z’animaux, les z’oiseaux et surtout sa femme.

Gilles est un bon vivant. « Il pleut des degrés de chaleur. Intense moiteur. L’estival soleil nous perle de sueur. Des torrents de larmes tout ailleurs qu’aux yeux se fondent de vie tant que battent encore nos vieux usés cœurs. L’été fait bouillir la ville qui semble et paraît doucement se mourir un peu… Il n’y a guère que quelques joueurs de pétanque acharnés qui, comptant leurs points cumulés, sous de hauts très anciens platanes, lancent encore le cochonnet et ramassent, une à une sur la place, au bout d’un fil aimanté, chacune de leurs boules d’acier. La conversation tourne autour des départs en vacances, des retours surchargés et des accidents et des prochains hivers qui, apparemment, n’ont plus chapitre à réelle existence. »

Ce recueil témoigne de la vie sous bien des aspects. On y traverse les ans, les saisons, les engouements, les tragiques, les rêveries de la vie. Gilles est artisan des mots, dans le noble sens du terme, à peaufiner son langage de mots truculents pour notre bon plaisir et notre ravissement. « Par ce temps incertain qui caille le bourdon dans la ruche, près du  Caillou de la Croix-Rousse, faut se dorloter la glotte et le corgnolon de quelques cochonnailles cuites, même au Beaujolpif… Fenottes d’ici ou d’ailleurs, excusez mes gognandises et mes gandoises de tout crin. Venez lentibardaner sans débarouler dans la traboule, en évitant de s’abouser dans les équevilles du rez-de-piétaille, que je vous pète une miaille sur le cotivet ou sur la joue… avant de pousser ensemble la porte d’un petit bouchon… »

Mais la flamme, celle du désir qui le porte, surgira encore et toujours vers l’amour. Cet attachement dont on perçoit la portée au travers de ses mots-flammes, délicates envolées à sa dulcinée.

Il est de ces recueil qui font compagnonnage. Pas seulement pour le nom de leur auteur, presque prédestiné. Mais aussi, car ils nous font du baume, du réconfort, à suivre ce Gilles qui butine en écriture comme d’autres coupent leur faim. A faire son nid des alentours, à scruter et détailler le moindre rien, c’est comme un hommage rendu aux sans-voix, aux taiseux, à ceux dont la parole est restreinte ou absente. Et l’on se surprend à découvrir les dialogues d’oiseaux pépieurs, d’escargots alanguis, d’hérissons en vadrouille…c’est tout le microcosme d’une nature généreuse qui surgit et nous amuse. « Le pigeon plaintif posé au coeur du prunus gémit sa roucoulade gobant fourmis moucherons d’entre stries d’écorces ou collés au miel épars vêtant les feuilles vert-bordeaux Matutinale ritournelle tombant à pic entre sucre roux et café noir frais ce lundi à neuf heures en la bleue porcelaine de ma tasse chaude Une cuillère tournant en rond l’aimable musical liquide brun porte à ma bouche ses sucs tropicaux des parfums cotonneux de Malaisie et du Brésil mêlés. La biphasée litanie du happeur d’insectes séduit cette calme aurore nuancée de couleurs bigarrées blottie au mitan de mes tympans attentifs et conquis. En cuisine je respire alors le chant fruité de la joie douce de l’arbre habité. »

On ne saurait tenter le portrait exhaustif de la prose et de la poésie de Gilles, sans se pencher sur son passe-temps favori, la Musique. Grand connaisseur et fin écouteur, la vie de Gilles a sa bande son. Les chanteurs à textes, dont il nous témoigne, sont pléthore, il ne va pas sans dire que souvent, dans le recoin du poème, une allusion ou un hommage, et la vie défile, cette vie en chansons. « Hommage à l’ami poète du Cotentin, Allain Leprest ( 3 juin 1954- 15 août 2011 ).

En selle d’arçons encore, à cheval sur deux siècles. Ce grand faiseur de rêves de quelques branches de rimes tombées d’un arbre de vie sans se retenir. Une de ses chutes lui fut fatale, ayant ôté de sous ses pieds le tabouret de bois juste un peu en déséquilibre d’amour ou d’humeur fatale et sans revers possible, un soir… On ne tire pas toujours les bonnes cartes au jeu de dames dans ces vies de dominos qui débitent des boîtes de points noirs et d’où déboîtent à allure fauve, échec et mat, au premier virage qu’on n’a pas pris, ni ramassé sur le coin du zinc d’un dé qui, à lui seul, indique l’inversé verset d’un 4-21 sur le tapis, lancé d’une toute petite pointe de caresse d’un tout petit sein perdu sur le paquet bleu d’une volute oubliée, sacré paquet de gitanes de… papa !…

Cibiche « qu’on baise et qu’aspire, » écrivait-il, comme sa poésie et son chant, par plaisir à chaque jatte, du bout doux des lèvres et d’un total humanisme plein coeur ! » Si l’on veut gagner un ami pour la vie entière, c’est assez simple. Il suffit de se laisser porter, au gré des humeurs, par la poésie de Gilles. Et l’on saura qu’il est de ces recueils comme d’un compagnon de vie.

Extrait du recueil SOUFFLEUR DE VERS, POSEUR DE PROSE

Le matin paraît venir et monter d’un clapoté ruisseau
Mes pas faufilent entre fougères et mousses
Lierres et lichens collés colliers aux cous des arbres
Entre talus de thym et la menthe coureuse des bois
Le soleil déroule ses sentes parfumées
Mes sabots avancent en l’ornière des charrois
Vont leur train cahotant au fil de folles luzernes

Des cascades de fraîcheur s’entendent
rageuses ridelles abruptes des couloirs escarpés

L’eau se fraie des rais de fragile clarté
La limace picore des orties froissées
Et se surprend hôte frondeuse
sous l’andain des foins humides.

Mon lundi déjà s’étale bordé de tapis d’airelles
sous le jaune abandon fracassé des mirabelliers

Le jour lève la robe des frênes frissonnants
Et le nez éternue le lourd pollen du châtaignier.

Bonjour l’été j’arrive à point nommé
Entre tes jambes où pigeonnent des ramiers
Et court l’appel du coucou bien planqué
au tronc percé des arbousiers


Livre et extrait ici :
https://www.jacquesflamenteditions.com/522-souffleur-de-vers-poseur-de-prose/

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