Je regarde tomber la pluie une tasse de café à la main.
Je me nourris d’elle aussi, je ne cherche pas d’abri.
Les piles de bois fraîchement faites et bâchées pour leur éviter un hiver trop humide.
Le plan d’eau en fond aussi, et les dernières pommes rouges qui n’en finissent pas de mûrir.
Comme les pêches de vignes qui font mon régal depuis deux semaines.
Il parait que c’est là que la campagne est la plus triste, la plus moche. Pourtant c’est fête en mon village, les manèges sont de sortie, même si le petit cochon qui montait et descendait sur sa barre fixe n’existe plus. Hier on a même tiré un feu d’artifice comme seuls ces petits villages des Combrailles en ont le secret.
Sous la pluie.
Restent les étonnés qui ne s’imaginent pas que tout ne soit pas réservé aux grandes villes. Du chocolatier au fabriquant de bougies aux milles saveurs.
Et la pluie.
Que je regarde tomber ce matin un tasse de café à la main.
Il se serait éclaté, mon vieux, sur ce bout de terrain qu’il aurait agrémenté de mille projets qui ne seraient jamais allés à leur terme, mais que le voyage aurait été beau.
C’est quand il est parti, mon vieux, quand il s’est fait la malle avec porteurs que j’ai compris le bruit que fait l’absence. Ce bruit de gouttes qui tombent sur le plan d’eau, qui fait de la musique sur les bâches tendues qui protègent le bois des automnes capricieux.
Parfois je mets une bûche dans le poêle, même si je n’ai pas froid, pour regarder voler derrière la paroi de verre mille petits éclats, en espérant qu’il soit dedans pour me regarder lui sourire.
C’est sans doute très con.
En ce moment c’est fête au village.
Une tasse de café à la main, je regarde tomber la pluie.
Sans chercher d’abri.
