
Le journal de Pékin annonce une bien curieuse découverte et qui va révolutionner le monde savant.
On vient, paraît-il, d’exhumer des cavernes d’Itchang plusieurs squelettes de reptiles préhistoriques, faits comme de monstrueux serpents et qui présenteraient cette bizarre particularité d’être pourvus de pattes aux ongles démesurés.
Il semble que la bête vivante eût l’aspect de ces dragons griffus à longues queues et courtes pattes que les artistes chinois se sont toujours complus à peindre sur des panneaux de soie ou de laque.
On supposait jusqu’ici que ces dragons et chimères des brillants coloristes orientaux n’étaient sortis que d’une imagination surexcitée par la fumée de l’opium.
La réalité, maintenant, s’affirme tout autre, et il est plus que probable que les premiers peintres se soient contentés de produire fidèlement la forme des étranges et redoutables reptiles, contemporains des mammouths et des plésiosaures, qui, en ces temps lointains, hantaient les grottes du Céleste Empire.
D’ailleurs on signale de l’Afrique du Sud qu’un monstre de même espèce, une sorte d’hydre, dont le cou seul mesurerait plus de trois mètres, hante les rapides du Kyman, les moins connus encore de la rivière Orange.
Et ce n’est pas un reporter facétieux qui rapporte les faits, mais un explorateur digne de foi, MAC CORNELL, membre de l’Illustre Société royale de géographie d’Angleterre et qui a passé vingt ans consécutifs dans les régions les plus sauvages du sud africain. Il assure qu’il a de ses yeux vu cette hydre moderne dont l’existence lui avait d’ailleurs été certifiée par les indigènes qu’elle terrorise.
» Le monstre, dit-il, dont la tête et le cou tiennent du python, gîte dans un rocher inaccessible, près du confluent de l’Oub et de l’Orange. J’ai exploré les lieux en mai dernier, avec deux compagnons blancs du Cap. Après avoir explosé des cartouches de dynamite près de son repaire, nous en vîmes surgir ce fantastique animal. Il a bien l’air d’un python, mais d’un python aux dimensions inouïes et qui nagerait et plongerait tout comme un caïman. Nous n’avons pu l’abattre. Seulement, je veux bien croire maintenant les indigènes du voisinage qui le redoutent comme la peste, et je ne révoque même plus en doute leur assertion, d’après laquelle il les mettrait en coupe réglée depuis plus de cent ans, car un monstre de cette taille doit être constitué pour vivre plusieurs centaines d’années. «
Article du dimanche 22 janvier 1922.