
Le petit vieux est assis, tranquillement, sur le rebord d’une fontaine, une fontaine à sec, ceinte d’un parking déserté, entouré d’immeubles. Il fait face à la route où ne circulent, en ce jour, que de très rares voitures qu’il regarde passer. Il les suit du regard jusqu’au bout. C’est un dimanche après-midi, alors il y en a peu.
Il semble là depuis longtemps.
Son regard répond docilement à celui des passants qui s’étonnent silencieusement de le voir installé à cet endroit.
Il me rappelle un autre vieux monsieur qui, lui, s’assoit sur une de ces bittes de ville qui empêchent les voitures de s’engager dans les voies piétonnes. Celle-là se trouve au pied d’un feu rouge, face à un passage clouté. Il ne s’installe jamais face à la ruelle, animée et plaisante, non, il s’installe face au trafic.
Il pose ses mains sur la poignée de sa canne, comme un capitaine sur le gouvernail. Et il regarde les autos ralentir, stopper, les gens patienter, redémarrer.
Avec la même attention qu’un capitaine aux variations des vagues.