
Dans la rue passe une jeune femme au sourire resplendissant. Ce n’est pas à moi qu’elle sourit, d’ailleurs, apparemment, elle ne sourit à personne en particulier.
Sur le trottoir, j’attends que le flot des voitures s’interrompe pour traverser. Elle est d’un côté, moi de l’autre.
On ne sait ce qui en elle est le plus léger ni le plus beau : ses cheveux flottant sur ses épaules, sa démarche, l’arrondi de ses sourcils, ou bien ce sourire… Certainement, elle est amoureuse. Ou alors … Ou alors quoi ?
En la voyant arriver, les automobilistes ralentissent et stoppent pour la laisser traverser, sans klaxon et sans hésitation.
La laisser traverser comme eux viennent de l’être par son sourire ?
Je regarde l’expression de leur visage et je la regarde elle ; en s’adressant aux automobilistes, son sourire change.
Comme quelqu’un qui se réveillerait.
Elle remercie d’un signe de la tête ; un merci communicatif.
Et ce geste de la main qu’ont alors les conducteurs me fait penser à la révérence qu’on déroule à l’artiste.
Je la laisse me dépasser et marche derrière elle ; son ombre est une traîne de mariée.
