
Il pionçait, ronflait, roupillait, en écrasait, allongé sous le ciel bleu et dans un champ, depuis plus de cent ans, le Beau au Champ Dormant.
C’était un dormeur de premier choix, même s’il n’avait pas deux trous rouges au côté droit, il était plus beau que le dormeur de Rimbaud, vraiment il était épatant, le Beau au Champ Dormant.
Il avait des abdominaux comme des barres de nougat, on voyait bien qu’il était adepte du fitness et qu’il bouffait bio.
Un gros chien tout doux veillait sur le dormeur, et pour que ce dormeur ne s’ennuyât pas trop dans son sommeil, un genre de faune femelle à jolis seins pointus qui suggérait des rêves érotiques.
Un drôle de canard karatéka veillait aussi sur le sommeil du Beau au champ Dormant, c’était son garde du corps en quelque sorte.
Un beau matin du joli mai, une belle fille à vélocipède vint à passer devant l’endormi. Elle descendit de l’engin pour rouler à langue rabattue au Beau au Champ dormant, une pelle, une galoche, un palot, un gros baiser mouillé.
Ni le canard garde du corps, ni le chien au regard tout doux ne s’en offusquèrent : ils avaient bien reconnu en la personne de la vélocipédiste la Princesse Charmante annoncée par les Écritures de monsieur Charles Perrault.
D’ailleurs, malgré son long parcours, la fille ne transpirait point, elle avait aspergé ses aisselles de déodorant, c’est à çà qu’on reconnait les vraies princesses.
Le genre de faune femelle à jolis seins pointus, celui qui suggérait les rêves érotiques, se retira sur la pointe des pieds, comprenant qu’il n’avait plus rien à faire ici. Le chien tout doux se fit chien de traîneau, mais c’est mal payé.
Sous l’ardeur du baiser de la fille, le Beau au Champ Dormant se réveilla. Il épousa illico la Princesse Charmante.
Et puis ce couple eut beaucoup d’enfants très beaux, très intelligents qui réussirent dans la vie puisqu’ils devinrent vedettes de la Téléréalité et présentateurs-trices (écriture inclusive).
La vraie vie c’est encore plus beau qu’un conte de fée !

Délicieusement humoristique et désenchanté.
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