Ma vie n’est-elle pas déjà écrite dans un livre ?
L’assemblage des mots n’est qu’un art superflu,
Ce poème de ma main auquel je voudrais survivre,
Garde en lui l’arrière-goût du déjà lu.
Les matins sans ma Muse sont bien douloureux,
Jours de révolte amère au refus de l’absence,
Quand remonte le souvenir des jours heureux,
Je ne trouve rien pour qualifier ma souffrance.
Songer qu’il est fatal de mourir pour renaître,
Est-ce un piège inventé dans un rêve d’espoir,
La peur d’un demain que je ne veux pas connaître,
M’angoisse déjà dès que j’approche du soir ?
Il est plus judicieux de se dire: Peut-être,
Plus sage et plus moral d’attendre sans savoir,
Cet avenir douteux dont on n’est point le maître,
Le vivre au jour le jour sans chercher à prévoir.
Car mes mots ont perdu leur sens de naguère,
Quand ma jeunesse était porteuse d’amour,
C’est sans doute pourquoi je préfère me taire,
Pour éviter d’écrire sur l’impossible retour.
