Pascal Depresle – Cracheurs de feu (Fragments d’épures)

Je veux des cracheurs de feu,

des montreurs d’ours en peluche,

des fils amants

qui étincellent,

café, croissant,

tes mains qui me prennent,

jus d’orange pressé,

nous aurons tout le temps

de nous faire la guerre

Je veux des acrobates,

des voltigeurs qui accrochent leur coeur

aussi haut que le ciel,

des frissons et des ries,

– tu sais l’année dernière,

il faisait si beau – me dit-elle.

Pourtant il fait si chaud

dans la froidure humide

des mains qui s’observent.

je veux tes mains,

quand au creux de tes reins,

quand en haut de tes seins,

je dessine à dessein

les courbes de la vie.

Tads chaleur aussi,

ce zeste d’aventure

qui va et vient,

reptile qui glisse et danse.

Je veux tes yeux,

tes regards en coin,

tes pupilles fichées

dans mes moindres recoins,

qui s’apprivoisent,

sauvages objets

des nuits blanches,

qui cherchent et balancent

au rythme des iris.

Je veux tes lèvres,

saunier fragile

qui récolte la fleur,

puis coller ma bouche la tienne,

partage rompu,

repas sans fin,

Cène païenne d’aimer

des jours sans lendemain.

Oui, je veux des cracheurs de feu,

des montreurs d’ours en peluche,

des fils amants

qui étincellent,

café, croissant,

tes mains qui me prennent,

jus d’orange pressé,

nous aurons tout le temps

de nous faire la guerre.


Corps Enlacé-Frédéric wojtyczka

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