Qui ne dit mot consent. Terrible institution que cette phrase-là !
Mais d’abord, qu’est-ce à dire ?
Qui se tait autorise ? Qui est silencieux permet ? Qui est taciturne donne son aval ?
Alors quoi ? Il faudrait, quand on ne consent pas, dire forcément un mot ? non suffit parfois, oui. Pas pour tout le monde. L’actualité le démontre tous les jours.
Parfois, on est trop petit ou trop faible, on a trop peur pour dire un simple » non « , un » non » qui résonne, un » non » comme un signal d’arrêt, un » stop » rouge comme la colère, un sens interdit définitif.
Qui ne dit mot ne consent pas forcément parce que ça se bloque, parce que les menaces paralysent, parce qu’on ne sait plus, parce qu’un certain charme délétère opère.
Et ça on peut vous le reprocher : » vous n’avez pas dit non ! ».
Alors on se tait, encore et encore.
Et le silence se fait clôture, mur, forteresse. Plus rien ne passe, plus rien ne pousse. Vous avez toujours un cœur, mais il est en béton, impossible à soulever. Ça se grippe à l’intérieur, c’est rouillé.
Un jour, la parole renaît. C ‘est le » non » qui était coincé et qui sort enfin.
Et c’est aussi le printemps du » oui « , car seule la possibilité de dire « non » donne toute sa valeur a » oui « , un » oui » franc et massif qui sort de derrière les fagots pour s’affirmer, non plus en creux comme dans » Qui ne dit mot consent « , mais en tant qu’entité bien à part, comme dans ce proverbe qui devrait le remplacer : » Qui ne dit mot n’a pas encore donné son consentement « . Il faut attendre. On freine et on patiente.
En face, comme dirait l’autre, il faut » empêcher » au lieu de se regarder le nombril et céder à n’importe quel caprice.
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