
Lorsqu’on parle de la Commune de Paris (18 mars 1871 – 28 mai 1871) une figure revient toujours en mémoire, celle de Louise Michel(https://ledixvinsblog.wordpress.com/2020/04/30/destin-de-femmes-louise-michel-carmen-montet/) institutrice militante, franc-maçonne, aux idées féministes et première à arborer le drapeau noir, qu’elle popularisera au sein du mouvement libertaire. Mais, la vierge rouge ne fut pas la seule femme à s’engager dans le mouvement de la commune. Elles furent nombreuses, simple mère de famille mais aussi ambulancières, journalistes, militantes des droits de la femme… C’est à trois d’entre-elles qu’aujourd’hui au joli mai que le blog rend hommage.

Eulalie Papavoine, ambulancière de la Commune

Icaunaise, elle naît à Auxerre 11 novembre 1846. Dans les années 1860, elle part s’installer comme couturière à Paris. Là, elle vit en concubinage avec le caporal Rémy Balthazar, ciseleur, avec qui elle a un enfant. Lorsque la Commune éclate, ce dernier rejoint les communards en qualité de caporal fédéré du 135e bataillon de la Garde nationale. Eulalie suit son amant lors des combats de Neuilly, Issy, Vanves et Levallois comme ambulancière dispensant les premiers soins aux combattants blessés de la Commune.
La Pétroleuse
Pétroleuse est le nom donné par les journaux pro Thiers aux femmes de la Commune accusées, souvent à tort, d’avoir incendié des quartiers de Paris lors des émeutes. Lorsqu’elle est arrêtée, lors de la semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871) elle est accusée, lors de son procès, avec plusieurs autres d’avoir incendié des maisons rue de Lille et d’avoir commis des vols dans un appartement de la rue de Solférino (VIIe arr), ce qu’elle nie farouchement ne reconnaissant que d’avoir organisé une ambulance dans une maison de cette rue. On lui reproche aussi la construction de barricades.
Condamnée, le 4 septembre 1871 à la dégradation civique et à la déportation dans une enceinte fortifiée, elle est cependant autorisée à épouser Balthazar, détenu aux docks de Satory, pour légitimer leur fils, âgé de quatre ans. Elle meurt à seulement 29 ans à l’asile de Châlons-sur-Marne le 24 mai 1875.

Victorine Gorget

Victorine Gorget nait le 20 avril 1843 à Paris. Blanchisseuse et lavandière, elle a 27 ans lorsque éclate la guerre franco-allemande de 1870, et subit le terrible siège de la capitale par les prussiens et de la famine qui s’ensuivit au cours de l’hiver 1870. Elle est mariée à Nicolas Lefèvre (sculpteur).
Refusant la défaite, elle veut poursuivre la guerre à l’image de nombreux ouvriers parisiens et lorsque le gouvernement Thiers décide de désarmer la Garde Nationale, les émeutes éclatent et le gouvernement est obligés de se retirer à Versailles (d’où leur nom de Versaillais). C’est le début de la Commune de Paris qui durera du 18 mars 1871 – 28 mai 1871.
Victorine fréquente de manière assidue le club Saint-Michel des Batignolles ce qui lui vaut d’être considérée comme une meneuse. C’est là qu’elle prononce ces mots « que les dames doivent prendre les armes pour garder les remparts, pendant que les hommes font des sorties contre les troupes de Versailles ». Elle fait partie aussi de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés.
Arrêtée sur dénonciation (ses voisins), Victorine est condamnée à la déportation le 30 mars 1872 par le Conseil de guerre (4ᵉ) pour les motifs d’« excitation à la guerre civile et provocations, par discours, cris ou menaces proférés dans les lieux publics, à commettre des crimes et à rassembler des insurgés ».
Condamnée au bagne, elle embarque le 10 aout 1873 sur la frégate » La Virginie » pour être déportée en Nouvelle-Calédonie. Sur le bateau se trouve aussi Louise Michel, Henri Messager et Henri Rousseau.
Victorine Gorget, en tant que » déporté simple » est autorisée à résider à Nouméa où elle reprend son métier de blanchisseuse mais 1875, elle est incarcérée dix-huit mois sur la presqu’île Ducos car elle vit sans être mariée à Jean-Baptiste Joseph Puissant un militaire (condamné lui pour avoir imité la signature de son supérieur).
En janvier 1878, Victorine Gorget obtient la remise de sa peine et l’obligation de résidence est levée le 11 mars 1879. Elle décide de rester en Nouvelle-Calédonie ou elle meurt en 1901

Élisabeth Dmitrieff, l’aristocrate communarde

» La Commune fut avant tout internationaliste, même si une composante ultranationaliste, liée principalement aux anarchistes proudhoniens (et qui, plus tard, fournira des éléments antisémites antidreyfusards actifs autour de Henri de Rochefort, patron du journal satirique La Lanterne), tenta de réorienter ce magnifique mouvement révolutionnaire. Elisabeth Dmitrieff prit la révolution en marche à la fin du mois de mars 1871, envoyée de Londres par Karl Marx, qui voulait se faire une idée plus précise du mouvement insurrectionnel parisien. « (tv5monde).
Elisabeth Dmitrief nait dans une famille de la noblesse russe (région de Pskov) en novembre 1851. A 18 ans, elle part pour Saint Petersbourg où elle y développe ses idées communistes. Son mariage blanc avec un colonel de l’armée russe lui permet de voyager à travers l’Europe. Militante passionnée, elle rêve d’émancipation pour le peuple et pour les femmes et tout naturellement s’installe en Suisse dans la » Genève révolutionnaire « puis elle part pour Londres en 1868 ou elle rencontre Karl Marx. C’est lui qui l’envoie à Paris lors de la Commune pour voir ce qui s’y passe. Elle y rejoint les Communards et participe activement au mouvement.
Avec Nathalie Le Mel, autre figure féminine de la Commune, elle fonde l’Union des Femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. Au sein de l’Union c’est une militante active qui fait partie de l’exécutif. Dans ce cadre, elle écrit un rapport sur une organisation d’inspiration socialiste du travail et le fait parvenir à la commission du Travail et de l’Échange de la Commune. L’union des femmes très active lors de la Commune, souhaitait mettre en place » une assemblée de femmes afin de constituer des chambres syndicales dont les déléguées élues formeraient à leur tour la Chambre fédérale des travailleuses. «
Malheureusement, nous sommes en mai et l’heure est au combat sanglant contre les versaillais ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Semaine_sanglante) et La jeune russe de 21 ans prend part aux derniers combats. Recherchée par la police, elle est décrite comme « mesurant 1,66 m ; cheveux et sourcils châtains ; front légèrement découvert ; yeux gris-bleu ; nez bien fait ; bouche moyenne ; menton rond ; visage plein, teint légèrement pâle ; démarche vive ; habituellement vêtue de noir et toujours d’une mise élégante. » Les journaux eux la décrivent comme « grande, les cheveux d’or, admirablement belle, vêtue d’une robe rouge ou de velours noir, la ceinture crénelée de revolvers. » Elle fait partie de ses femmes à qui la presse donna le surnom de » Pétroleuses « .
Condamnée par contumace (26 octobre 1872) à la déportation dans une enceinte fortifiée (elle sera graciée en avril 1879 à la condition qu’elle quitte la France).
Après avoir trouvé refuge quelque temps refuge en Suisse, Elisabeth prend la décision de rentrer en Russie et épouse un condamné à la déportation qu’elle suit en Sibérie. On ne connait pas la date exacte de sa mort qu’on situe entre 1910 et 1918. Elle reste dans les mémoires comme la » Russian Lady » de la Commune de Paris.
Sources : l’histoire par les femmes- Maitron – TV5 Monde – Wikipédia