La voix des poètes – Non à la guerre – HZL poésie – Il se souvient des fusillades

Il se souvient des fusillades,
De ces bouts, de métal pénétrer la peau,
Des cris en rafales déchirer la nuit,
De ces murmures d’hommes et de femmes,
Tombés d’une chaise musicale.
Il se souvient de ces albatros apeurés,
Grimpant les murs vers une main Tendue,
De ce tapis rouge sang déroulé,
Par quelques hommes ceinturés de certitudes,
Les yeux rechargeant de haine, leurs armes.
Il se souvient de ces corps traînés,
Dans ces rues submergées de civières,
De ces pleurs égrainés sans être cueillis,
Entre une liberté de vivre debout,
Et l’agonie du juste allongée au pilori.
Il se souvient des lumières du stade plein à craquer,
Des badauds dérivant le long des halos,
De ces bombes qui ont fait sursauter,
La tranquillité des bienheureux étourdis,
Un soir de novembre plus doux qu’à l’accoutumé.
Il se souvient de ces vitres explosées, de ces tables renversées,
De ces pantins d’automne sirotant le bitume,
De ces yeux ouverts que l’on viendra refermer,
D’une main tremblante,
D’un cri étouffé de l’intérieur.
Il se souvient de la lumière des gyrophares,
Imprimée par intermittence sur son visage,
De sirènes affolées, écorchant vif le silence,
D’une mort tamisée, grain par grain,
Que même les chats de gouttière ont fui.
Il se souvient,
Et il se souviendra de ce corps serré une dernière fois,
De cette bouche entrouverte, qu’il avait tant embrassé,
De cette ultime étincelle de vie échappée en une seconde,
D’un étrange pressentiment.
Il se souviendra de cette nuit incomplète,
De ces enfants hagards regardant une tragédie humaine,
De ce précipice ouvert en offrande à ses larmes.
Il se souvient,
Et c’en est déjà de trop…

(bien que HZL ait écrit ce poème en 2015, il est hélas bien d’actualité)

ukr


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