Janine Martin Sacriste – Délire morphinique

Ce n’était ni pour le goût, je n’aime pas le Saké, ni pour apercevoir la femme nue au fond du petit godet en faïence, non je n’ai pas d’explication rationnelle, après le premier petit verre offert par le patron du restaurant asiatique du XIIIᵉ arrondissement, j’ai demandé à en boire trois peut-être quatre autres… certainement pour oublier la fadeur de la bière consommée au cours du dîner.Je me suis réveillée dans une souillarde misérable qui sentait l’eau de Cologne bon marché et le fond de teint périmé. La plus grasse des Chinoises du théâtre d’à côté, boudinée dans sa robe ridicule en satinette rosâtre, sentait la sueur et la peau délaissée. Elle me tenait serrée contre son corps graisseux et voulait absolument me faire entrer dans ce lavabo ridicule et encombré d’insectes répugnants. La planche savonneuse sur laquelle j’étais assise s’est rompue et nous avons coulé toutes les deux dans l’eau saumâtre de la vieille canalisation. Elle mourut très vite, asphyxiée par un cafard rancunier. Agrippée à son soutien-gorge aux bonnets démesurés, j’ai pu flotter jusqu’au petit matin et aborder la rive balayée par les éboueurs du quartier.

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