Janine Martin Sacriste – Le sanglier

Je viens de faire un rêve fort plaisant que je vais tenter de vous conter par le menu.
Henri-Pierre Rodriguez et moi-même, au volant d’une vieille Jaguar des années 1970, traversons la forêt de Machecoul pour nous rendre dans une Distillerie bien connue afin de rapporter quelques flacons de cet alcool si réputé que l’on ne le nomme plus.
Nous devisons gaiement quand un sanglier emboutit la calandre de la Jaguar et nous laisse dans le plus grand désarroi.
Un cavalier fort plaisant s’approche et propose de nous conduire chez un sien cousin dont le château est au bout du chemin.
Nous acceptons.
Une tour peu engageante se dresse devant nous.
D’une voix forte le cavalier nous informe que nous sommes sur les terres de Gilles de Rais.
Une petite porte en bois s’ouvre et une accorte soubrette nous fait signe de la suivre.
Un long couloir sombre, puis un escalier nous emmène dans les entrailles de la ruine et là une chaude lumière nous enveloppe, nous sommes dans une immense cuisine où un feu d’enfer embrase la gigantesque cheminée.
Joëlle Pétillot et Michelle Ronin, richement vêtues sont assises devant l’âtre flamboyant et nous sommes éberlués en reconnaissant Pierre Perrin qui leur sert de la liqueur d’Angélique dans un dé à coudre.
Tout sourire, il se dirige vers nous, nous engage à nous asseoir sur un banc luisant de cire et nous offre des fruits confits et un vin épais et sombre dans des verres en cristal.
Nous nous réveillons au petit jour, couchés à même la terre, en pleine forêt, la langue pâteuse, le corps endolori, bizarrement enveloppés dans des couvertures blanches et brodées.
Jacqueline Fischer est penchée sur nous et sur un ton peu engageant nous fait d’amers reproches sur le peu de respect que nous avons montré envers son œuvre de broderie.
Le sanglier ronfle comme un bienheureux blotti entre moi et Henri-Pierre !