Poésie en Stéphanie 2022 – Des secrets chuchotés – Françoise Fournier

La douceur féerique

De ce chemin vert doré

Serpente langoureusement

Entre l’Allier

Et les bosquets opaques où sommeillent

Dans les odeurs automnales de mousse

La vipère

Et quelques lézards engourdis, apeurés.

*

Des arbres bordent le fil fragile de la vie

Par bouquets de quatre ou cinq, espacés,

Ou en familles resserrées.

Sur de petits promontoires naturels,

Jeunes chênes impétueux,

Nobles noyers, frênes légers,

Hêtres, bons amis ou libertaires.

*

Certains troncs paissent en un seul pied maître

Et dans une romanesque aisance

Déposent leurs branches avides

De lumière

Vers des nues prometteuses d’idéaux

Mystiques.

*

les murets aux pierres branlantes

Cherchent à poser le décor, ici et là,

Dans une taciturne pause

Mêlant le peu de fantaisie rustique

A une mélancolie tenace

terre de Sienne brûlée.

*

Des ombres s’échappent, fuient, fluides

Et distantes, lorsque les éperviers

Le long de la falaise habitée

Surveillent de loin les échappées belles.

*

Flânerie solitaire.

*

Mes pas écrasent les glands secs

Et glissent sur la rouille avantageuse

Des feuilles humides, déjà anonymes.

Témoin maigre et penché,

Un bois joue au vieillard timide

Ou au jeune éphèbe

Portant plumeau et glaive,

Chaque oeil interprète !

*

Les dernières petites plantes grasses

Bombées et duveteuses

Amènent des prolongations avec dédain

En de joyeux bouquets

Et de minuscules boutures semi-ouvertes

Comme autant de colliers

Engrangeant les derniers rayons du soleil.

*

Un petit sapin croît,

Des branchages protecteurs pleuvent sur lui,

Des zones dentelées tricotent des chilères,

Arrière-saison remplie de soupirs

En d’extases charnelles,

Seule, la substance divine…

*

J’entends l’Allier et ses innombrables

haleines moites.

*

Les fougères frissonnent dans les ombrages,

L’herbe se soustrait en une paisible démarche,

Croise ses verts avec les laves centenaires.

Les recoins murmurent des légendes

D’un lieu tenu secret des années durant.

*

Le refuge colle à ma peau,

M’habille à la manière d’un gant

Ajusté avec l’inutilité de posséder

Autre chose.

Je me noie dans la sphère champêtre.

*

Les trèfles aux pieds, le coeur au ventre,

J’épouse les arêtes rondes,

Filtre avec le pigeonnier en friche,

Retrouve la solitude de mes jeunes années

*

La banalité secrète d’être enfant unique

Entre les mûres fanées de mon pays.

Martine Pichoir

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