Vincent Germani – A Henri

Bon voyage côté air, l’ Abribussien ! Côté terre, on espère longue vie à tes rejetons littéraires, on l’espère vraiment.

Pour toi, une dernière fois :  » Il n’a guère voyagé. Il paraissait tranquille, sans vices, sans blessures. Il lisait un bout de journal le matin, un Fleuve noir l’après-midi, vivait avec trois chats, dans un appartement démodé. A dix-huit heures, après un petit verre, il nous annonçait :  » je vais chercher ma saucisse, de l’haché pour les minous, une vieille aventure chez le bouquiniste ». Ce sera tout. Il est l’auteur de quelques phrases panthéonesques, de petits riens sublimes, contes et poèmes. Il était le roi de la blague, collectionnait les anecdotes, faisait rire les dimanches. Après la soupe, sa pipe éteinte, ses chats tapis dans un fauteuil, il a dû s’endormir heureux. Il n’a pas traversé toute la nuit. Son cœur s’est arrêté comme une vieille pendule, sans heurt. La lumière du jour, sur son visage gris, l’a fait chevalier de poésie. Il n’y songeait pas ».

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