Qui l’a vue se faufiler, la nouvelle ère, l’art de nous mouvoir comme les menus pions d’un plateau ? Moi ? Si peu. J’avoue, l’écran bleu aide mon sommeil, m’avale tout entier, voici mon mea culpa. Dociles, voilà comment on nous adore. Des balcons, ceux qui tiennent les rênes se plaisent à nous observer, nous les tous doux ; que l’ordre dure. Trêve ! Voici l’avant Noël. Papa, maman, fiston s’avancent devant le guichet d’entrée du Christmas-market. Le vigile prend température, prend les « papiers » : croyiez-vous encore à la place publique, à l’agora ? Sous condition, avec calme. Le Père Noël, tout là-bas, sur son nuage de coton et sous des lanternes bleues, ne livre promesses et cadeaux qu’aux jeunes enfants sains et mis à jour. Les fifrelins sont garantis « virus free » et le pater au bonnet rouge, lui-même, d’une aiguille dans le bras, voit l’état de son sang hautement surveillé.
− Maman, pourquoi le Père Noël a un fil qui part du bras ?
− Gaston, allons, il ne fait que téléphoner avec les lutins.
Sinon, décembre est merveilleux, idéal pour le Christmas-market. Belles pommes rouges, gaufres, mélodies âgées et manèges. Ne touchez à rien, de grâce, une pince électronique sert les produits. L’année prochaine, à la place des marchands, des distributeurs – teints en rouge, en blanc, une tresse de gui près de l’espace de la carte bancaire – sans contact ! Mesdames, messieurs, petits bouts, profitez de la Laponie descendue en ville, bien propre et surveillée.
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