Contes de Noël – La fête au Père Noël – Gregory Ladret

Cette année certains chroniqueurs du blog (les écrivains et poètes) se sont amusés à écrire un « conte de Noël » de leur cru spécialement pour vous lecteurs et lectrices du blog…

Leur cadeau pour vous remercier de votre fidélité au Dix Vins Blog ! Alors profitez et d’ors et déjà Joyeux Noël à tous et toutes.

C ‘est notre ami Grégory Ladret qui ouvre le bal avec ce récit de Noël plein d’humour et de facéties !

J’étais devant ma cheminée, les pieds dans mes charentaises. J’avais le nez plongé dans un livre des plus divertissants : « Les pitoyables mésaventures de petit z en Afrique subsaharienne ». Dans cet ouvrage, petit z est kidnappé et abandonné dans un immeuble du centre-ville de Bamako par de fourbes islamo-gauchistes. J’en étais au passage réjouissant et un peu sanglant où petit z avoue à Hapsatou, rencontrée dans les couloirs, et qu’il prend pour une femme de ménage, son aversion pour les prénoms qui ne sont pas dans le calendrier des Postes. Ça risque de chauffer pas mal pour le matricule de notre Gargamel national, qui se croit toujours en France, bien à l’abri, dans les locaux de MoisiNews, la chaîne des actualités authentiques du Bon Maréchal… Ça me faisait presque autant rire que le passage d’un autre ouvrage de la collection « Les douloureuses péripéties de petit z au Maghreb », où d’infâmes féministes téléportent notre petit z’héros dans les beaux quartiers d’Alger. Croyant être toujours à Paname, dans le seizième, notre petit z, courageux, ose dire à Mohamed, qu’il prend pour un éboueur, ce que personne ne pense tout bas : tous les musulmans sont de dangereux terroristes… La suite est interdite aux moins de 18 ans.

Le feu chantant dégageait une chaleur douce et le sommeil commençait à me gagner sérieusement, malgré mon immense intérêt pour ce bouquin fascinant et d’une grande portée philosophique.

Soudain, un raclement se fit entendre. Ça venait du conduit de la cheminée. Ça faisait un foin de tous les diables, ça frottait, ça gémissait, des monceaux de suie tombaient dans l’âtre. Le feu s’éteignit et, dans un énorme fracas, une masse rouge et blanche tomba sur la bûche qui, quelques secondes avant, flambait et me procurait du bien-être. Une fumée noire emplissait désormais mon séjour.

Je me suis levé de mon fauteuil et mon cœur a fait un bond lorsque j’ai vu le tas écarlate devant moi se déplier pour se transformer en un bonhomme joufflu, barbu, habillé tout en rouge, qui s’époussetait en grommelant.

Il secoua sa grosse tête, lissa sa barbe et remit son bonnet ridicule d’aplomb sur son crâne.

Ni une, ni deux, j’ai décroché le fusil de l’arrière-grand-mère au-dessus de la commode et je l’ai pointé vers le cambrioleur présumé.

— Ho, ho, ho ! a fait le gros homme jovial en souriant de toutes ses dents avariées. Si tu as été sage, tu auras des cadeaux ! As-tu été sage ?

— Ho, ho, ho !, j’ai répondu du tac au tac, si tu ne te barres pas vite fait, tu auras du plomb dans ton veston. Veux-tu avoir du plomb dans ton veston ?

Il m’a regardé d’un air ahuri.

— Je suis le Père Noël, dit-il de sa voix de stentor

— T’es mal tombé, moi je suis le Père Fouettard. J’ai dans la cour trois molosses qui vont trouer ton futal cramoisi si tu te tiens pas tranquille…

— Des molosses ? Dans la cour ? Oh non, mes rennes !

Ensuite, on a entendu des aboiements dans la cour et sortes de braiments pas vraiment joyeux. Hercule, Zeus et Apollon étaient en train de déguster de la bête à cornes. Ils y sont tous passés, les caribous qui étaient harnachés à une grande luge rouge et dorée remplie de boîtes brillantes de toutes les couleurs. Toute cette débauche de mièvrerie, ça m’a donné envie de vomir.

Le gros bonhomme était tellement triste de voir ses cervidés dévorés par mes fauves qu’il m’a fait de la peine. Au lieu de lui truffer de plomb le pompon de son bonnet, je lui ai donc proposé du rince-gosier à ce grand gaillard qui chialait comme un môme.

Après deux ou trois chopines de mon breuvage maison, distillé dans ma cave, il avait les yeux aussi rouges que son costume et il m’a narré toute son histoire, son boulot de livreur merdique, qui consistait à distribuer à des chiards ingrats des babioles tout aussi coûteuses les unes que les autres, que ces morveux cassaient ou négligeaient au bout d’à peine quelques jours. Il fallait se farcir des listes longues comme le bras et filer à la vitesse de la lumière au volant d’un véhicule fonctionnant à la poudre de Perlimpinpin…

Si j’avais pas été le Père Fouettard, je vous jure que j’en aurais sangloté dans mon pull. Il était plus de cinq heures du matin quand on s’est quittés. Il a appelé une dépanneuse pour ramener son bobsleigh chez lui, au Cercle Polaire et trouver, en urgence, chez Qui-Loue-Tout, un traîneau six-rennes pas trop poussif pour finir sa tournée.

On s’est jurés de se revoir l’année prochaine, le 25, pour s’en jeter quelques-uns derrière la cravate. Mais comme j’ai toujours rêvé de visiter l’Arctique, cette fois c’est moi qui irai le voir avec ma motoneige SUV fonctionnant au fioul. Et j’apporterai une grosse barrique de ma gnôle maison. Ce sera mon cadeau de Noël.

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