
Après « L’enfant invisible » de Catherine Balaÿ, c’est au tour d’Isa Cayéré d’offrir aux lecteurs ( trices ) du Dix Vins Blog le plaisir de lire trois de ses nouvelles issues de son recueil » Gitanes sans Filtre » ( Le Livre Actualité 2020 ).
Ici c’est humour, personnages hauts en couleurs et pointe de » coquinerie « . Bref, des histoires pour se détendre sans prise de tête…Des univers éclectiques, drôles ou émouvants et toujours de la sensualité et un zest de « sexe » ! Alors sérieux, comme le dit Isa, passez votre chemin !
Isa a eu la gentillesse de m’offrir plusieurs de ces écrits ( Gitanes sans filtres, Tableau rose pour craies bleues et son dernier paru cet été » Métal, tagada et Rock and love » ) et je dois dire les avoir dévoré avec envie et surtout d’avoir bcp rit et par les temps qui court ne pas bouder son plaisir est essentiel !
Pour ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur l’univers de cette auteure à l’écriture franche et sans tabou rendez-vous sur la page Facebook d’Isa Cayéré, elle vous répondra soyez-en sûr ! Vous y ferez la connaissance d’une auteure de talent mais aussi d’une femme généreuse, franche, drôle et sympathique !
A déguster chaque jeudi d’aout du 12 au 26 !
Et on commence avec Fantasme…

FANTASME

Lola déteste les fêtes de fin d’année.
L’odeur des barbes à papa, des pralines grillées et des marrons glacés, la plonge dans une nostalgie profonde liée à son enfance qui fût très heureuse.
Elle a perdu ses parents et se blinde comme elle peut depuis en concluant :
-Tout dégouline de sucre : les vitrines, les gens…Ca pue l’hypocrisie !
Ca fait 17 ans qu’elle partage la vie de Fred. D’emblée, elle a posé un énoncé :
-je te préviens, les repas de famille, ce n’est pas du tout mon truc.
-A moi non plus, ça tombe bien.
C’est donc autour d’une pizza, d’un kebab ou d’un plateau de fromages accompagné d’une bouteille de bon vin qu’ils fêtent Noël et le er de l’an.
Les toits blanchis invitent Lola à se rendre à pas feutrés à l’église pour célébrer la messe de minuit.
Fred, lui, ne souhaite pas l’accompagner.
Elle enfile une robe moulante noire qui épouse bien ses formes, porte des Doc Martens et un perfecto. Elle rassemble ses cheveux blonds dans un chignon destructuré et part d’un pas décidé. Elle adore marcher dans la neige car cette ambiance cotonneuse l’enveloppe de douceur.
En apercevant la crèche, elle repense à ces moments de joie intense quand elle était petite et qu’elle s’extasiait devant la naissance du petit jésus avec sa mamie. Très vite elle coule une chape de plomb sur ce retour en amnésie et zappe ce souvenir pour ne pas pleurer.
Elle s’assied sur un band et remarque à sa droite, loin devant, le profil d’un homme qui l’interpelle.
Elle le détaille. Ce n’est pas une beauté classique mais dans son idéal elle lui attribue 21/20.
Se sentant observé, le beau gosse tourne la tête dans sa direction. Leurs regards se croisent.
Gênée par la situation, elle baisse les yeux.
Elle a beau jouer les dures, c’est une grande timide, très pudique de surcroît.
Elle commence à avoir chaud en contemplant ses épaules carrées et lorsqu’il retire sa casquette, un crâne rasé apparaît, ce qui lui donne un charme fou.
La voix du curé résonne soudain :
-Je vais vous demander d’avancer un peu, s’il vous plaît.
Ni une, ni deux, elle va se placer derrière lui
Il parle à une vieille dame, ils se sourient. Elle se dit qu’il s’agit peut-être de sa grand-mère. Son attitude l’attendrit. Elle ne peut réprimer cette attirance qui monte en elle comme une séve.
Troublée au plus au point, Lola peut presque sentir l’odeur du cuir de son blouson. Elle regarde sa nuque et aperçoit deux anneaux à ses oreilles. Son bas ventre se réveille.
-Mes biens chers frères…Mes bien chères soeurs.
Mais elle ‘écoute plus, elle est déjà partie dans ses pensées.
Il lui fait un clin d’oeil et l’entraine hors de ce lieu de prières.
En courant ils se dirigent vers le cimetière et là, il la couche sur une tombe. Elle devine que c’est un grand romantique.
-Cet homme a une sacrée gueule ! Il est MAGNIFIQUE ! Pense-t-elle.
Il a des paupières lourdes de sous-entendus, un tarin fouineur de chattes humides, une bouche généreuse et très bien dessinées qui se nourrit d’envies défendues qu’elle devine.
Sa voix est terriblement sensuelle.
-Tu sais que je vais te faire des misères à toi…
-Ah bon ? De quel genre ,
-De celui qui va marquer pour toujours ta vie de pucelle.
-J’ai un peu vécu, excuse-moi !-C’est-ce qu’on va voir.
Il lui enlève délicatement sa robe, ses chaussures et découvre qu’elle porte une guêpière en dentelle noire avec des bas.
-Toi, t’es une coquine.
En guise de réponse, elle lui murmure à l’oreille :
-J’ai toujours aimé les jolis dessous. Sers-toi car ce soir, je suis à toi et rien qu’à toi. Plus rien, ni personne n’existe autour de nous.
-En même temps vu l’endroit
Ils éclatent de rire.
Son accent la trouble. Elle se sent en sécurité et est prête à se donner à lui sans tabou.
Il enlève son blouson, sa chemise, son jean, ses bottes.
Elle découvre avec émerveillement une peau tatouée.
Elle frémit. Elle na pas le temps de s’attarder sur son histoire mais ce personnage l’intrigue.
Il porte un caleçon noir.
Ne la quittant pas des yeux, il lui demande de danser sous les flocons.
Elle s’exécute, car cette rencontre résonne en elle comme une évidence.
-Lâche tes cheveux !
Elle libère au souffle de son désir sa crinière. Elle le fixe, le provoque lascivement, minaude, et lui demande de la rejoindre avec son index.
LEGO ! est le premier mot qui germe dans l’esprit de Lola. Elle regarde ses mains et constate qu’il se ronge les ongles. C ‘est un anxieux, elle va le détendre !
Il relâche son étreinte, la retourne, embrasse sn cou, elle frissonne. Il dégrafe sa guêpière. Il est gaucher mais pas gauche.
La dentelle libère deux seins fermes aux tétons érigés. Il les titille, ils réagissent. Elle a la chair de poule.
-Caresse-toi, j’adore ça.
Elle obéit.
– Tu es docile, c’est bien. Maintenant tu vas t’occuper de moi et moi de toi. Il retire son caleçon moulant, l’étend sur le blanc manteau et mange son sexe en jouant avec la langue. Elle le gobe à son tour. Il est épilé et peut remercier Dame Nature.
Elle s’applique pendant qu’il change de technique. Deux doigts bagués pénètrent son triangle d’or. Il n’a pas besoin de boussole ni de carte.
Elle commence à gémir. Ses forces l’abandonnent un peu. Elle mord sa lèvre, il l’embrasse avec fougue.
– Plus fort, ordonne-t-il. Regarde-moi, j’aime tes yeux.
Il lui tient le menton. Il la relève.
Elle contemple ses traits, il a vraiment du chien !
Il s’accroupit et lui dit :
-Viens sur moi.
Elle s’installe. Il va et il vient en tapant là où il faut…il a eu la bonne notice.
Elle l’invite à son tour :
-Bascule-moi, je suis souple, tu peux y aller.
-t’as un beau petit cul bien cambré, tourne-toi !
-Sois doux.
Il la tient par la taille et commence à entrer en elle. La crainte fait place au plaisir. Un détail retient son attention. Il s’approche, sourit en découvrant un tatouage bas de son dos : » PROFITE DE LA VIE « .
Il comprend qu’il n’est pas le premier homme primitif à s’aventurer dans cette caverne. Il lui donne une gentille fessée.
Le froid décuple les picotements. Le sang circule, aucun doute.
L’alchimie est au rendez-vous. Il la fait pivoter. Elle cherche ses mains pour que la communion soit parfaite. Il les serre plus fort dans un dernier élan. Ils s’abandonnent l’un dans l’autre.
-Jamais je ne t’oublierai, lui lance-t-elle le regard embué en se rhabillant. Pourtant je ne connais même pas ton prénom.
-DANIEL !
La voix du curé la ramène à la réalité :
-Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. AMEN.