
En utilisant ce titre je parle bien entendu de nos vieilles autos et c’est sans doute également la première chose qui vous est venue à l’esprit, sinon l’image ci-dessous vous remettra les idées en place.
Périodiquement, on propose une prime à la casse pour relancer le marché de la voiture neuve, puis on la supprime parce qu’elle coûte trop cher à l’Etat. Aurait-on oublié que chaque vente supplémentaire consécutive à cet encouragement génère une T.V.A. supérieure à la fameuse prime ? Je ne parle même pas du coût de la carte grise, ce carton d’une rentabilité extraordinaire, dont le prix au m² atteint des sommets. On me rétorquera que, même sans la prime, des voitures se seraient vendues. C’est tout à fait certain, mais reste à savoir dans quelle proportion.

Tout ceci nous ramène à la triste fin de nos chères (dans tous les sens du terme) autos. Le casseur est le symbole même de l’autodestruction. La dénomination actuelle qui a transformé le concierge en gardien d’immeuble a fait de lui un dépollueur automobile. Il peut même recycler les vélos ! Les structures de son établissement ont évolué, et l’on ne le verra plus venir à notre rencontre en poussant un « cric ». Les autos se décarcassent pour lui permettre de récupérer. Il se trouve fort bien là où il est et se demande ce qu’il irait « faire ailleurs »

Ici, nous ne sommes pas chez le teinturier blanchisseur, les pièces détachées conservent leurs traces de graisse.
Votre belle auto, dont vous êtes si fier, finira tristement de cette manière après être passée de mains en mains. Dès lors, l’admiration qu’elle a pu susciter laissera place à la moquerie, car la destruction d’une vieille auto « fait railler » (auto-risée, en quelque sorte).
A l’époque heureuse où les constructeurs n’avaient pas encore réussi à rendre leurs autos irréparables en-dehors de leurs circuits, ces établissements de casse pouvaient être comparés à la caverne d’Ali Baba.

En franchissant leur seuil, tous les espoirs étaient permis, même si, selon l’expression consacrée, « les pièces étaient garanties jusqu’au portail ».
Aujourd’hui, les pièces sont répertoriées et rentrées dans des fichiers, comme s’il s’agissait de vulgaires humains. Vous êtes servi comme dans un magasin.

Autrefois, bien souvent, il fallait extraire soi-même sur place l’élément recherché. Si vous vouliez remplacer « les disques de votre pick-up « , il fallait » les trier « . On s’énervait parfois pour un flexible qui refusait de se plier à vos exigences. On se mettait en colère face à une pièce qui, elle, ne se démontait pas. Pour récupérer un moyeu de roue, il fallait aller « jusqu’au bout d’essieu ». Quelques épaves, sans intérêt, étaient abandonnées à la corrosion, et le mot « pourrir » n’était pas un mot pour rire.

Comme elle est loin la période du phare à dix balles qui se montait sur plusieurs modèles différents si l’on considère le coût actuel d’un bloc optique, même d’occase. Le frimeur pouvait récupérer un monogramme de 2 CV 6 pour le mettre sur sa 2 CV 4. Le pneu d’occasion, c’était une chaussure de deuxième main.

Quelquefois le propriétaire des lieux vous proposait des tubeless pour remplacer les classiques, mais en vous conseillant de garder la chambre. Si vous aviez besoin d’attaches de caravane, c’était encore lui qui vous mettait les boules…
Je ne suis plus tout à fait certain que tout était aussi merveilleux que cela, c’est tellement loin, et puis les souvenirs embellissent souvent les choses.

UN COUP DANS LE RETRO

L’IMAGE DE LA SEMAINE
