
A partir de 1950 un tournant est amorcé : la poésie se met en musique. Des interprètes chantent Vian, Prévert, Aragon, Fort, Apollinaire, Rimbaud, Du Bellay,Villon et bien d’autres…Des auteurs-compositeurs poètes créent des œuvres poétiques destinées au plus large public et se servent du vecteur de la « chanson « pour les diffuser. Ils sont ceux que j’appellerais » La pléiade de la seconde moitié du XXème siècle « . Non seulement ils sont poètes mais poètes engagés parmi eux : Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel, Jean Ferrat, Georges Moustaki, Mouloudji, Leny Escudero, , Barbara, Maxime Le Forestier… tous défendant une certaine idée de la justice et de la liberté. Jean Ferrat et Léo Ferré chanteront Aragon, Reggiani Rimbaud, Apollinaire en encore Boris Vian, Brassens Villon, Verlaine, Hugo ou Antoine Pol…Leny Escudero et Mouloudji chanteront les révoltes et les espoirs des opprimés…. Leurs textes passent à la postérité et sont aujourd’hui enseignés dans les écoles.

Léo Ferré, l’anarchiste (1916-1993 )
Poète et musicien, Léo Ferré a mêlé le lyrisme à l’argot, l’amour à l’anarchie. IL détient une place à part dans la chanson française et reste un auteur-compositeur-interprète d’exception. Le plus bel éloge a été rendu par Louis Aragon :
» Il faudra réécrire l’histoire littéraire un peu différemment à cause de Léo Ferré « .
Léo ferré est né au sein d’une famille de la petite bourgeoisie monégasque. C’est à la chorale qu’il apprend le solfège et l’harmonie. A neuf ans, son père l’envoie dans un pensionnat chrétien catholique, les Frères des Ecoles Chrétiennes du collège Saint-Charles de Bordighera en Italie. Il y restera huit années, durant lesquelles il va détester l’enseignement des frères et la discipline de l’internat. Solitaire, c’est son seul ami, un copain de chambrée qui l’initie à la poésie et à la littérature.
En 1934, il réussit son bac ( qu’il passe à Rome ) et l’année suivante il monte à Paris pour suivre des études de droit qui se termineront par l’obtention d’un diplôme de sciences politiques ( 1939 ). Démobilisé en 1940, il rentre à Monaco ou il va durant la guerre travailler à Radio Monte Carlo comme speaker ou bruiteur…C ‘est à cette époque qu’il rencontre Trénet et Piaf et compose ses premiers textes. En 1943, il épouse sa première femme Odette.
En 1947 c’est au cabaret le » Milord l’Arsouille » ou il travaille avec Francis Claude qu’il rencontre ceux qui seront ses amis: Jean-Roger Caussimon, Juliette Gréco ou Renée Lebas qui la première chantera une de ses chansons » Elle tourne… la terre « . Mais financièrement ce n’est pas ça et lassée de la vie de bohème Odette demande le divorce ( déc 1950 )
Les années 50 sont celles des premiers succès, de sa rencontre avec Madeleine, sa seconde épouse qui prend sa carrière en main : Vedette américaine de Joséphine Baker à l’Olympia en 1953, 1957, paraît l’album Les Fleurs du Mal chanté par Léo Ferré en hommage à Baudelaire, puis c’est Bobino 1958…, 1961 il met en musique six poèmes d ‘ Aragon dont l’Affiche rouge ( une amitié unira désormais les deux hommes ). Sa carrière est lancée.
Parallèlement lui qui jusqu’alors s’était tenu à l’écart des événements politiques se rapproche du mouvement anarchiste et lors des événements de mai 1968, devient le chantre de la contestation et de la révolution permanente, même si dans les faits il est toujours aussi distant par rapport à l’action politique. Début 69, sort un nouveau disque inspiré par l’agitation de mai 68 : « Comme une fille », « L’été 68 », « Les Anarchistes » et dans la foulée refait un Bobino …C’est extra chanson phare de son album devient un incontournable de la chanson française.
La même année c’est la fameuse rencontre interview avec les deux autres grandes figures de la chanson française de cette époque : Brassens et Brel. Cette rencontre à l’initiative d’un journaliste du magazine musical français » Rock & Folk » permet aux trois artistes d’ aborder leurs thèmes de prédilection et d’échanger leurs opinions.
1970, nouvelle compagne, premier enfant et nouvel album : « Amour Anarchie » sans nul doute son plus bel album ! En 1973 sort son disque » il n’y a plus rien » un monologue nihiliste et magnifique qui montre à lui seul quel merveilleux poète il est.
Les années suivantes se feront entre tours de chants, Olympia… « Ma vie est un slalom » en 79, « La Violence et l’ennui » en 80, « les Loubards » en 85, « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » en 86, « Les Vieux copains » en 90.
Installé en Toscane des 1970 avec femme et enfants, Ferré se fera plus rare dans les années 80…Malade depuis longtemps, il s’éteint à 77 ans, le 14 juillet 1993.

Georges Brassens ( 1921, 1981 ), le sétois
Georges Brassens est né le 22 octobre 1921 à Sète. Sa jeunesse est marquée par la musique, de Tino Rossi à Ray Ventura en passant par Mireille et Charles Trenet. Eléve médiocre, ses parents l’envoient à Paris chez sa tante après une sombre histoire de cambriolage en 1939…une décision qui va changer sa vie et faire de lui un des auteurs compositeurs interprètes incontournables de la chanson française. A travers ses recueils de poèmes, ses romans et ses chansons, Georges Brassens s’est imposé comme un » maître des mots « , exigeant et perfectionniste qui conte à son public les bribes de sa vie et livre un regard incisif sur le monde qui l’entoure.
Le gorille, la mauvaise réputation, Le Parapluie (1952), Il n’y a pas d’amour heureux (1953, sur un poème de Louis Aragon), Chanson Pour l’Auvergnat ( 1955 )La première fille, Les sabots d’Hélène, Une jolie fleur dans une peau de vache (1954), La non demande en mariage (1966), Bécassine (1969), Les passantes (1972) et beaucoup d’autres chansons,Tonton Georges a écrit sans nul doute une bonne partie des incontournables de la » chanson française « .
Pour en savoir plus :
http://www.lesamisdegeorges.com/nouvsite/index.html
La semaine prochaine nous parlerons du Grand Jacques et de Ferrat…