
Une bribe littéraire hors de Saint-Etienne confiné, pour cette fois : je suis là, à Valence TGV et je me rends à Agde pour Noël. Le moment choisi est intérieur. Parlons, parmi mes nombreuses trouilles, de ma sidérodromophobie (peur du train), sœur de la claustrophobie. Mais l’objectif est de retrouver les miens et de revenir sain et sauf (quelles péripéties!) pour le jour de l’an, à Saint-Etienne…
Je prendrai le train demain à la gare de Valence de TGV, jusqu’à Agde et l’entité rassurante que je m’invente pour calmer ma nuit, à l’hôtel, n’est déjà presque plus là, disparaîtra, s’anéantira au lever du jour.
Voiture 3, place solo 12. C’est une sorte de caveau rembourré et rouge. Dans mon délire, c’est la mort confortable mais c’est la peur qui parle. Elle lancine et compresse sa poitrine. Et la porte se ferme. Le quai se défait comme une courte main tendue vers la prochaine destination. Ces hublots me font étouffer : où est l’air qui passe ? Il y a quelques lueurs de réverbères au loin et une sensation de morne plaine noire. Prochain arrêt : Nîmes. Le TGV prend sa vitesse, tant mieux, alors, car s’il s’arrête trop longtemps en pleine voie, c’est la terreur qui monte. Elle est comparable à la piqûre d’une guêpe sur la peau, aussi chaude et intense.
Ma sidérodromophobie vient de très loin. Là-dedans, je ne distingue pas le démon qui me hante et m’angoisse, bien malin, bien secret, peut-être intergénérationnel. Or, quand je vous écris, je suis de retour à Saint-Etienne. Le voyage s’est fait. J’ai envie de retrouver les compagnons, le cercle et de passer d’une année à l’autre ici chez moi. Un baccio pour 2021, « i miei stefani » !
