
Où l’auteur, profitant du prestige universel dont jouit le chiffre treize, intervient dans sa création, à savoir les Aventures de Pépé la Téloche, feuilleton burlesque et farfelu pour éclairer ses fidèles lectrices et lecteurs.
Le narcissisme est à la mode, mais c’est une mode que ne suivent que les petits joueurs.
Soyons grandiose ! Au lieu d’être mesquinement narcissique, soyons franchement MÉGALOMANE. Cela ne fait de mal à personne, tant qu’on n’ est pas membre d’un gouvernement.
Ainsi, l’auteur de cette œuvre au lieu de dire » je « , dira » nous » en parlant de lui, employant le » nous de majesté » comme le général de Gaulle.
Au lieu de dire » nous » tout le temps, l’auteur dira parfois Henri Merle pour parler de lui, comme Alain Delon parle de Delon Alain. Et donc, exprimons-nous, selon le terme à la mode. Et même, indignons-nous, tant qu’à faire, c’est porteur.
Lorsque nous débutâmes la rédaction des Aventures de Pépé la Téloche, nous ne pensions écrire qu’une chronique d’humeur rapportant nos impressions après la vision de telle ou telle émission. Nous reluquâmes donc les émissions de télé-réalités où d’arrogants jeunes gens tatoués musclés qui doivent s’appeler Jacky comme dans la chanson de Jacques Brel baratinent de superbes filles au tour de poitrine inversement proportionnel au quotient intellectuel, nous nous farcîmes les émissions de télé-achats, les feux de l’amour qui est dans le pré, les émissions touche pas à mon poste où les animateurs se balancent de la crème au chocolat dans la tronche avant de vous entretenir des règlements de comptes familiaux d’un auteur à la mode. Nous visionnâmes aussi les émissions d’informations où des journalistes laquais lèchent les pompes crocos des dominants du moment en attendant les prochains dominants qui seront certainement les mêmes, même s’ils portent des baskets pour faire croire qu’ils sont à l’écoute du bon populo.
Nous visionnâmes itou la chaîne pour marmots qui émet à des heures où le mouflet devrait avoir reçu la visite du marchand de sable. Ces émissions sont entrecoupées de pub où le moutard roi se voit proposer des tas de jouets moches et inutiles. Nous visionnâmes des clips hypnotiques qui vous font conclure que Clo-Clo, Sheila et Tino Rossi, ce n’était pas si mal après tout, au moins il y a de belles mélodies.
Mais au bout d’un moment, nous fûmes bien las, nous nous sentîmes devenir bête nous qui n’avons pas la prétention d’être aussi intelligent qu’un chroniqueur spécialisé et nous nous posâmes cette question existentielle voire métaphysique : est-ce ainsi que les hommes vivent ? Si un extra-terrestre regardait la téloche, ne classerait-il pas l’humanité dans les espèces inférieures, et le seul intérêt qu’il pourrait nous trouver, cet extra-terrestre, ne serait-il pas qu’un intérêt gastronomique, à la rigueur ? (quoiqu’avec ce qu’on nous fait bouffer ? l’humain est-il encore comestible ?) Alors Henri Merle (c’est moi, enfin, c’est nous) par instinct de conservation sans doute, se mit à écrire sans le faire exprès un roman au lieu d’écrire une chronique.
Tout surpris, Henri Merle vit son subconscient accoucher de personnages qu’il découvrit sortant de lui comme une mère accouche d’un enfant. Et au moment de la naissance, un enfant n’est-il pas pour sa mère un inconnu ? L’imagination, abandonnée par la raison, engendre des monstres impossibles. Unis à elle, elle est la mère de tous les arts et la source de toutes les merveilles. (Goya, Francisco, pas Chantal, courageuse interprète d’une chanson engagée où les lapins usent du droit de légitime défense.) Cette citation fait très bien dans ce blog culturel. Nous en sommes fier. En espérant que l’auteur de Pépé la Téloche ne sera pas abandonné par la raison dans ce monde de plus en plus dingue, nous nous permettons pour le confort du lecteur, et surtout de la lectrice, de rappeler qui sont les personnages de cette intrigue avant de reprendre, pour l’épisode quatorze, leurs aventures.
Personnages :
Pépé la Téloche, de son vrai nom Joseph Clapion : vétéran de la grande Guerre, âgé de 120 ans, mais n’en paraissant que 90, ce qui désespère Jacques Attali et les caisses de retraite, il vit dans un petit village avec sa truie Angela, adorant cet animal autant que la saucisson pur porc, montrant ainsi les contradictions de la nature humaine. Il répare de vieilles télévisions, espérant construire un jour une télé magique branchée sur le passé.
Kévin Gourgouillon : représentant de commerce vendeur à domicile de téléviseurs. Il a essayé d’en vendre un aux parents de Pépé la Téloche en 1908, grâce à une machine à remonter le temps, en vain. Il est au chômage, licencié pour mauvais résultats. Désespéré après un chagrin d’amour, (sa fiancée Sue-Ellen Marconnet l’a quitté pour partir avec le candidat d’une émission de télé-réalité) il est détourné de son funeste projet de suicide par Pépé la Téloche qu’il a rencontré lorsque Pépé avait dix ans, en 1908, mais ceci Kévin l’ignore.
Maurice : patron du Bistrot de la place du village, face au Monument aux Morts, troquet peint en jaune. Les mauvaises langues disent que cette couleur traduit son infortune conjugale. Concurrent de Roger et Zézette, autres bistrotiers. Pépé la Téloche déteste Maurice. Pourquoi ?
Roger Banduchet, dit » le Roger « , et son épouse Josiane, née Calendosse, dite » Zézette » : ces autres bistrotiers, concurrents de Maurice s’identifient, lui, à Rocko Banana, chanteur de rock récemment décédé, et elle à Janis Jargille, chanteuse ex-épouse de Rocko. Comme ils ne peuvent avoir d’enfant, ils ont un chien, appelé Goliath, comme le fils de Rocko et Janis.
Jason Rouchouze : élève de sixième. Il a assisté au bistrot chez Maurice, buvant une grenadine et son père sifflant un verre de rouge, à l’implosion du poste de télévision écran plat du bistrotier, implosion créée par les pouvoirs paranormaux de Roger et Zézette qui peuvent détruire un récepteur rien qu’en fixant l’écran lorsqu’ils sont en colère.
Valentin Clafoutis : copain de régiment de Pépé la Téloche. Mort au cours de la grande Guerre, il décide de ressusciter, âgé de ses vingt ans, trouvant que l’on s’ennuie au paradis. Mais il est poursuivi par son ange gardien, chargé par Saint Pierre de le ramener au bercail céleste.
Brandon Brandillon : intermittent du spectacle au chômage. Il s’est essayé au cinématographe pornographique, mais a échoué, à cause de la faible dimension de son outil de travail. À présent conteur, il va conter de ferme en ferme pour gagner sa vie.
L’idée subversive de Pépé la Téloche, c’est de détruire le maximum de téléviseurs, en cultivant les pouvoirs paranormaux de Zézette et Roger, pouvoirs transmissibles. Ce vieillard utopiste croit que l’humanité sera moins bête si elle ne regarde plus la téloche. Ce noir dessein anti-social de déséquilibré sénile pourra-t-il s’accomplir ? Pourquoi Pépé la Téloche déteste-t-il tant Maurice le Bistrotier ? Construira-t-il, Pépé, ce téléviseur magique qui doit le ramener dans son passé, et quel passé ? Kévin Gourgouillon retrouvera-t-il Sue-Ellen Marconnet et donc l’amour ? Valentin Clafoutis sera-t-il rattrapé par son ange gardien ?
Il sera répondu à ces questions au cours des prochains épizodes de ces aventures burlesques.
» Le burlesque est le dernier refuge de l’instinct de conservation « a dit Romain Gary. Nous espérons que cette seconde citation culturelle vous donnera le goût de lire cet auteur qui vient d’entrer dans la collection de La Pléiade, ce qui vaut mieux que d’entrer dans l’émission ONPC(H). En toutes lettres : » on n’est pas couché » (hélas).
Vive l’imaginaire, ces personnages qui entrent en vous, pauvre auteur, puis en sortent sans vous demander votre avis et qui vous mènent par le bout du nez !
Vive le feuilleton farfelu, les rebondissements, les sentiments, les histoires d’amour, les coups de théâtre, enfin, toutes ces choses qui font qu’on passe des nuits blanches à lire Alexandre Dumas, Gaston Leroux, L’île au Trésor et qu’on s’endort sur l’ouvrage de certains auteurs à la mode.
A bientôt pour l’épizode quatorze.