2 Avril 2018

Ce que j’écris ici ne sont que des mots, des émotions enfilées les unes à la suite des autres comme des perles d’eau accrochées à une lune renversée…
Chacune rejoint un monde, une réalité insolite, un dépaysement…
J’écris pour dire, pour faire éclater mon cœur débordant, le faire saigner sur cette terre rouge d’Afrique…
La belle Guinée
Comme une jeune femme qui a trop enfanté, le pays s’illumine à chaque trêve, lorsque la pluie s’achève…
Recroquevillée, nue, d’une beauté ravinée, fanée, il coule en elle le sang des martyres.
Comme une mémoire palpitante, ruisselante, le fleuve sort de son lit et chaque enfant semble naître des intempéries.
A chaque cri, son rêve
A chaque pluie, sa trêve
La jeune femme marche d’un pas toujours égal comme un être mûr, elle ne s’arrête jamais de vivre, jamais face aux guérillas sans fin.
La belle porte cette terre et la nourrit de son sein lourd.
Tout est donné…
L’amour est dans chaque fleur, sourire, femme donnée trop soumise Dans chaque chant d’oiseau, ventre fertile, soleil nuageux…
Tout est donné…
La belle pleure les mains des hommes qui en utilisent une pour relever et l’autre pour soumettre.
A chaque cri, son rêve
A chaque pluie, sa trêve
Du sang des martyres au rouge bauxite, l’incongrue «fautée» chancelle sur cette terre trop vivante.
La forêt luxuriante côtoie la puanteur comme l’enfant côtoie les chiens éventrés. Seule la haine humaine hume en insultes la superbe mère.
Et la nuit, lorsque les hommes se taisent, la nature, femme libérée, parle, rit et se meurt au gré de la chaleur.
Chaque vie s’insurge devant son corps fiévreux, devant l’immensité, l’immensité de cette beauté…
La jeune femme enfante encore. Son front se plisse de douleur, elle se soucie déjà, dans une démocratie de leurres, pour son enfant mort-né enclavé.
Mais chacun de ses sourires rappellent la lumière, rappelle à sa bonté si magique…
Toutes choses, dans la plus soumise condition, portent en elles la mémoire d’être nées dans la belle Guinée…
