
De nombreux exemples montrent la confusion entre SOLIDARITÉ et VASSALITÉ envers son chef, son groupe son parti politique.
On ne trouve sa véritable Liberté qu’en dehors de tout groupe qu’il soit économique, social, politique, professionnel, culturel, cultuel et même familial, bref, hors de tout groupe qui poursuit un intérêt commun, quel qu’il soit, car dans ces groupes humains la pression est telle qu’elle empêche les individus d’être sincères, de s’exprimer librement, d’aller à l’encontre de l’avis collectif, de contester, de jouir pleinement de sa liberté de conscience et d’expression !
Seuls quelques-uns parmi « les chefs » ou « les sous-chefs » ou encore ceux qui appartiennent à « la cour », dirons-nous, ont la possibilité de s’affirmer, d’être écoutés, suivis, de commander à leur guise, d’imposer leurs idées et leurs choix à une majorité qui, elle, reste silencieuse.
Alors une question se pose : l’homme est-il vraiment libre de ses choix ? Ainsi l’éducation, le milieu social et familial, le contexte et les circonstances historiques ne déterminent-ils pas l’homme à ouvrir ou fermer telle ou telle porte ?
Certes le libre choix existe, mais il comporte de nombreux risques : il peut menacé, disgracié, disqualifié, condamné socialement, politiquement, professionnellement, celui » qui dit une Vérité » autre que celle imposée par les décideurs.
Ainsi les contraintes de tout ordre obligent alors l’homme libre à renoncer à certains de ses choix, à certaines décisions, prises de paroles, engagements, en fait à « se taire » , à taire son opinion, à étouffer sa pensée, sous peine d’être écrasé. Prisonnier des autres, il doit se protéger, se préserver.
Les plus beaux espaces de liberté sont ceux que l’on vit avec soi-même (dans l’imaginaire) et que l’on peut éventuellement partager avec les autres.
Ce mode de fonctionnement conduirait à n’en pas douter à un monde meilleur, car il donnerait à chaque homme une place « respectable » dans la société, le groupe avec lequel il vit. Le groupe aurait comme objectif final et unique l’émancipation de l’homme par le groupe dans « l’humaine société ».
A vingt ans, jeune étudiant, on peut se sentir libre, puis on pénètre dans le monde du travail, la vie réelle et peu à peu on perd de sa liberté. Il faut « entrer dans le moule » et laisser à la porte une bonne partie de son identité, faire taire sa personnalité propre pour répondre au plus près aux impératifs fixés. Bref, s’oublier pour devenir un autre, se fondre dans la masse.
L’expérience de ma propre vie m’a conduite dans bien des cercles humains (travail, association, parti, mouvement…) : certes on essaie de rester soi-même mais combien de fois ai-je dû me taire, accepter des compromis ou des choix qui n’étaient les miens et tout cela pour ne pas se retrouver isolée, marginalisée, voire rejetée par le groupe ? Me taire pour ne pas subir la férocité de certains et mettre ma place au sein du groupe en danger.
Par la force des choses, pour conserver son emploi, son groupe, sa communauté, il faut faire fi de sa liberté d’expression ou du moins la modérer. Il arrive que l’on oppose, l’on conteste avec véhémence et que finalement, sous la pression du groupe, du chef, on cède et l’on se soumette parce qu’il n’y pas d’alternative.
On tait des informations capitales, on s’engage dans un chemin solitaire fait de non-dits et de mensonges afin d’éviter d’être rejeté.
Ainsi combien de fois ai-je dû voir mes idées critiquées, moquées, rejetées parce que considérées comme absurdes et au final les voir reprises par ceux-là même qui les avaient repoussés bien des années plus tard ?
Pour certains, l’éclosion de leur personnalité se réalise au travail en accédant à la fonction de chef, quitte à renoncer à ses valeurs en fermant les yeux sur les injustices, les abus…pour préserver son « bien-être professionnel ».

J’ai vu bien des situations révélatrices de comportements humains : comment, par exemple, des « chefs » pouvaient abuser de leur autorité sur leur subordonnés et aussi comment réagissaient certains groupes face à leur chef.
Les chefs sont en en fait les détenteurs de l’autorité, de la responsabilité : présidents, chefs d’établissements, patrons, directeur, contre-maître, magistrat, député, élu…
J’ai vu des chefs limogés parce que leur équipe soudée s’était courageusement opposée à leur despotisme. J’ai aussi vu des « chefs » sans moralité, calculateurs, ambitieux et incompétents rester à leur poste simplement parce qu’il n’y avait eu aucune volonté collective de faire front pour le limoger.
Comment ces détenteurs de l’autorité ont-ils pu « sauver leur peau » ? Simplement grâce à la corruption, les faveurs, la division, la peur, la collusion…
J’ai aussi vu des équipes exploser après avoir fait le choix de s’incliner devant leur hiérarchie pour les avoir favorisées. Des lieutenants fidèles qui, après avoir soutenu leur hiérarchie ont fini par prendre le large, quitter le navire pour retrouver leur indépendance et être en paix avec leur conscience.
Car le « piège de la cour » pour les « lieutenants fidèles » ne dure qu’un temps et leur dignité finit par reprendre le dessus, tandis que chez d’autres, vassaux vicieux, égoïstes et sans morale, faire partie de « la cour » leur permet, à leur niveau, d’assouvir leur besoin de commander, de soumettre…mais ces collaborateurs étant prêts à s’entre-trahir pour plus de responsabilités au sein de la cour ou simplement pour plaire au chef, les choses ne durent pas et souvent cela finit bien mal : parfois les têtes tombent, parfois ce sont les « lieutenants » qui sont sacrifiés…tout cela dépend de l’aura du chef, de ses appuis, de la force de ses alliances dans les domaines économique, social et politique…
Souvent les hiérarchies mêmes préfèrent fermer les yeux afin de ne pas faire empirer les situations déjà existantes. Non pas qu’elles se refusent à condamner, ou à licencier mais simplement parce qu’elles sont dans l’impossibilité de le faire tant les enjeux sont importants.
Ainsi, vivant dans l’impunité apparente, ce « chef » saura se créer une nouvelle cour, de nouveaux vassaux, une nouvelle équipe mais pour combien de temps…
Il conviendra d’admettre que ce n’est pas avec cette sorte de « chef » que l’on peut espérer monter des projets, faire évoluer l’entreprise ou la société… Critiqués, désavoués, mais néanmoins maintenus par la force des choses, ils ne sont là en fait que pour la maintenance. Pas de mutations possibles, pas d’avancement…ils restent à leur poste, la « super-hiérarchie » ne pouvant s’en débarrasser et c’est ainsi que nombre d’incompétents ou d’indésirables carriéristes sont soutenus en apparence par leur hiérarchie.
Heureusement tous les responsables ne sont pas des incapables, des autoritaires, des jaloux…
Nombre d’entre eux sont des êtres sincères qui savent gérer, encourager, motiver, intéresser et soutenir leurs équipes. Et les sociétés dirigées par ces personnes connaissent un certain épanouissement lié au bon fonctionnement, à la bonne entente et au respect, tout cela pour l’intérêt collectif. Ainsi, les équipes qui fonctionnent le mieux sont celles qui sont basées sur les valeurs morales, l’estime de l’autre, le respect du travail , l’écoute et la responsabilité partagée. Attention il ne s’agit pas ici de « copinage » ou d’amitié entre les individus d’une même équipe car il est primordial de ne pas mélanger le travail, les amis, la vie professionnelle et la vie privée.
Le risque de cette confusion est de confondre travail et vie privée et de devenir ainsi « l’esclave consentant » de son patron au prétexte que tout se passe bien dans l’équipe. Le travail n’est qu’une composante de la vie de chaque homme et pas « sa vie ». Ainsi, il faut se méfier des chaînes invisibles qui se tissent à notre insu et nous rendent tel le portable, les mails, les heures supplémentaires à tout va…Il faut pour se préserver et préserver aussi cette belle ambiance savoir se déconnecter avec les week-ends, les vacances, la famille, les sorties…
Bref avoir une vie en dehors du travail.