
Toujours dans le cadre de la rubrique « Graines de philo », Carmen vous livre ces quelques « Brèves philosophiques » dans lesquelles elle aborde quelques concepts qui sont les fondements de toute société, de toute civilisation. A suivre un jeudi sur deux.
LA VIE
Qu’est-ce que la vie ?
La vie est la réalité la plus mystérieuse de l’Univers. C’est aussi la réalité la plus injuste : pourquoi certains perdent-ils la vie après un accident, une maladie alors qu’ils sont des êtres bons, justes et utiles, tandis que d’autres vivent si longtemps alors qu’ils sont malhonnêtes, violents ou malfaisants.
La vie est faite de « miracles » dont le premier est la naissance (le plus grand miracle de la vie).
Naître…notre arrivée dans ce monde tient de la chance, de l’irrationnel.
Le second miracle de la vie est l’Amour. En effet comment expliquer l’amour qui lie deux êtres si différents ? Cette communion totale qui fait que rien n’est plus comme avant la rencontre de l’autre, que tout à coup tout prend du sens, que l’on se sent « pousser des ailes » et que d’un seul coup la vie devient douce et légère. Comment expliquer cette communion qui nous rend soudain si heureux. La sublimation des sentiments, des sens s’apparente à de l’envoûtement, à un conditionnement du corps et de l’esprit contre lequel on ne peut rien.
Le troisième miracle de la vie est l’Art : la création artistique qu’elle soit musicale, picturale ou littéraire tend à la recherche du Beau, du Sublime, de l’Extase, de la recherche de l’Absolu qui pousse le créateur, l’artiste sur les chemins de la perfection, voire du « divin ».
La quatrième miracle de la vie est la Science. Pousser plus loin les limites du connu, conquérir l’espace, l’univers, vouloir dominer le temps.
Dès les origines, le rêve de l’homme fut d’aller le plus loin possible sur d’autres terres, d’autres océans, d’autres planètes…d’ouvrir les vannes du temps et de pousser au-delà les limites du possible. L’homme est la seule créature vivante à avoir cette capacité. Cependant « le maître de l’univers » peut devenir son propre bourreau : par la maltraitance de la nature (déforestations, pillage des ressources, prolifération des centrales nucléaires, des gaz de serres, des pollutions de toutes sortes, des guerres, des génocides, l’anéantissement de certaines espèces animales et végétales…), l’homme peut anéantir de façon irréversible son propre milieu naturel. Ce quatrième miracle qui est « la pensée scientifique » peut devenir le pire ennemi de l’espèce humaine, le plus dangereux si l’homme ne s’en méfie pas (« science sans conscience n’est que ruine de l’âme », Rabelais) et continue à jouer les apprentis sorciers en ouvrant à tout va les boîtes de Pandore.

Les chemins de la vie
Pour certains la vie est un chemin facile avec peu d’écueils, un long fleuve tranquille, hormis quelques tourbillons périlleux mais pour une traversée sans encombre et heureuse.
Pour d’autres la vie est un naufrage permanent, quelques accalmies certes, mais dans un océan hostile fait de difficultés et de coups durs ; quelques îlots de repos çà et là mais au bout du compte une lutte sans merci ni répit contre les éléments déchaînés du destin.
Et pour beaucoup la vie sera ce duo permanent entre le calme et la tempête, entre sérénité et tourment, entre joie et tristesse, bonheur et malheur, détente et stress, privation et abondance, indécision et choix…
Nous voilà embarqués dans le même bateau : la croisière de la vie a commencé il y a bien longtemps. Cependant rien n’est établi, rien n’est définitif, fixe ou encore établi : chaque jour est un nouveau départ, à nous de savoir quel chemin sera le mieux pour nous. Il arrive souvent que par crainte du lendemain l’homme se prive de vivre l’instant présent et ne sait plus alors savourer chaque heure qui s’égrène, ni cueillir les perles de vie qui jalonnent son chemin.

L’essence de la vie
L’essence de la vie réside dans les choix que fait l’homme, mais aussi dans la faculté qu’il aura à exploiter et explorer ses « dons » pour accomplir son destin, et ainsi accomplir sa vie : lui donner un sens, répondre de sa vie, de son passage sur terre, « réaliser sa mission terrestre ».
On nous dit que la vie est faite de choix, mais choisit-on vraiment sa vie, ou la subissons-nous ? Qui nous guide ? Sommes-nous un jouet du destin, un pion sur l’échiquier du temps qui cherche en vain sa place ? Ou au contraire en sommes-nous les maîtres ?
Pour les croyants la réponse est toute trouvée et sans faille : le destin c’est Dieu et sa main tout puissante qui choisit de punir ou de protéger. Donc on ne peut se plier qu’à sa volonté.
Pour les non-croyants, c’est au contraire l’homme qui trace et décide seul de son chemin, son destin et qui est seul responsable de ses actes bons ou mauvais.
Cependant la société des hommes est en partie impliquée, tout comme le hasard qui lui aussi joue par son importance, son imprévision, son côté irrationnel même s’il impose à l’homme des choix que ce dernier doit subir et n’a pas le pouvoir de repousser.
Pour ceux qui sont contre tout autoritarisme religieux, condamnant les institutions religieuses mais pas les « fondateurs primitifs », qui prêchaient pour une religion au service de tous et rejetaient la richesse et le pouvoir.
Ainsi, pour tous ceux qui pensent qu’il y a une force supérieure à l’homme, protectrice et bienfaisante que l’on peut aussi nommer Dieu, Providence, Esprit, pour ceux qui évoquent leurs disparus et leur demandent aide et réconfort, pour tous ceux qui se refusent à croire qu’il n’y a rien après ce passage sur terre, la vie est alors commandée par le Destin. Destin qui dépend de l’homme mais aussi d’éléments supérieurs, de forces parallèles qui doivent le protéger (parents disparus, Anges Gardiens, Dieu, Providence, Chance…) et sur lesquels il n’a aucune prise.
Mais si le livre est écrit à la naissance, l’homme peut à tout moment en déchirer les pages, en ignorer la lecture et ainsi tourner le dos à lui-même. Peut-on réellement maîtriser son destin, lui faire prendre la route que l’on désire ? En tout cas rien n’empêche d’essayer.
Ainsi l’homme peut agir contre les éléments qui lui sont hostiles, il peut défier ce qui paraît obstruer sa route.
« Aide-toi, le ciel t’aidera ». Et c’est bien ainsi : que l’on soit ou pas croyant, c’est en soi qu’il faut trouver la force d’avancer, il faut savoir utiliser ses propres ressources (d’abord compter sur soi avant de solliciter l’aide extérieure). En refusant la fatalité, l’homme peut dresser des forteresses, battre des montagnes et défier la malchance. Son chemin sera celui d’un courageux combattant, peu importe le but à atteindre, ce qui compte c’est le chemin à parcourir, les obstacles à surmonter, les solitudes à apprivoiser, les échecs à diriger, les joies à partager, les rencontres à faire, les livres à écrire, les musiques à créer, les combats à mener pour le droit et la justice, pour la liberté, les engagements à prendre pour la cause de l’Humanité dans le refus des dictatures.
Ce chemin parfois sera parsemé d’ « actes manqués », de déconvenues, de trahisons, de déceptions et d’humiliations mais c’est dans cette quête insatiable de lui-même que l’homme trouvera ou pas son chemin de Bonheur, but de son existence.