Serge Granjon : Les visiteurs d’un jour – Henri de l’Espée et la Commune

En cas de danger, il était prévu de le faire évader par la porte du petit jardin derrière l’Hôtel de Ville. Mais la clef resta introuvable. L’arroseur qui la détenait depuis quelques jours…l’avait égarée.

Contre le pouvoir légal réfugié à Versailles, la Commune de Paris dressait l’étendard de la révolte. Aux lendemains de la défaite de 1870, s’annonçait une guerre civile à mort entre une République que ses représentants souhaitaient  provisoire et une autre, voulue par les insurgés définitive et sociale.

 Dans la foulée Lyon qui, à son tour, proclamait la Commune, à Saint-Etienne beaucoup de gens du peuple la réclamèrent aussi. Le 24 mars 1871, ils donnèrent un premier assaut à l’Hôtel de Ville pour la faire établir. Dans la nuit arrivait à la gare l’homme qui venait d’être nommé préfet.

«  On me l’a demandé comme un service, j’y vais « j’y resterai le temps qu’il faudra trois, quatre mois au plus et je reviendrai … » par ces mots où prévalait la notion du devoir, le baron de l’Espée accueillit sa nomination. Son honneur chevaleresque le lançait encore au-devant des périls. Pendant le siège de Paris où il combattit dans le génie militaire, sa bravoure le menait sans cesse aux avant-postes.

il avait jusqu’alors administré le chemin de fer  de l’ouest et les mines de Fourchambault. Son succès auprès des ouvriers semblait le destiner à une fonction où le dialogue s’annonçait difficile. Dans un souci de conciliation il fit, le lendemain de son arrivée, renvoyer les troupes de ligne et les deux escadrons chargés d’assurer l’ordre.

 La force, dès lors, passa aux mains de la rue et des gardes nationaux rebelles, qui firent prisonnier le préfet dans un nouvel assaut de l’Hôtel de Ville. Des heures durant, il résista à une foule en armes : «  Vous me demandez de proclamer la Commune et vous savez que je ne le puis pas, puisque je représente le gouvernement de Versailles «.

Vers dix  heures du soir, de nouveaux assaillants, surexcités, firent irruption dans la salle des fêtes. Un malade mental qui, jusqu’alors, harcelait le préfet de menaces, tira pour se dégager. Ce fut le signal d’une double fusillade dans sa direction, Henri d’Espée y fut mortellement frappé.

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