Depuis quinze jours Jean-Paul Clair nous emmène avec lui visiter L’Ecole Professionnelle de Saint Etienne ( Le Lycée Mimard ), surnommée affectueusement par les élèves » la Prof « …continuons donc cette visite qui pour bien des Stéphanois doit réveiller nombre de souvenirs…
A cette période, l’obligation scolaire se limitait à l’âge de 14 ans. Ceux qui étaient allergiques à l’école ou peu doués pour les études entraient en apprentissage dans une entreprise, ce qu’ils avaient connu auparavant en orientation pouvait les guider dans leur choix.
Avec un C.A.P en poche à 17 ans, ils commençaient à pouvoir gagner leur vie et prétendre à une promotion sociale en faisant leurs preuves sur le terrain.
On pouvait également accéder au monde du travail avec un cursus scolaire. En en sortant, la pratique demandait amélioration et expérience, mais le bagage technique et l’instruction générale permettaient d’envisager un niveau supérieur par la suite.
A l’E.N.P. les semaines étaient bien chargées, 40 à 42 h en général. L’horaire des lycéens qui occupaient l’autre côté de la rue, nous faisait envie. Il faut dire qu’en plus de l’enseignement général, les matières techniques devaient trouver leur place. Une année nous avons connu le carton plein avec 44 h de présence. Un emploi du temps très mal organisé nous contraignait à une heure d’étude avant chaque cours d’anglais. En début d’année le professeur s’était retrouvé avec deux sections à la même heure. Pour réparer cette erreur nous avions été les sacrifiés.
Les métiers de la mécanique étaient majoritaires mais quelques spécificités stéphanoises y trouvaient leur enseignement. Je pense en particulier aux armuriers et aux gareurs. Tout le monde connaît les premiers, ils occupent une place de choix dans notre patrimoine local. Quant aux seconds, en cette période où l’industrie textile était florissante, leur activité consistait à la remise en état, la maintenance et le réglage des métiers à tisser. Ils n’étaient pas assez nombreux pour former une classe, mais étaient incorporés dans des sections mixtes. Nous suivions ensemble l’enseignement général, mais aux heures d’atelier chacun regagnait sa spécialité.

Ainsi durant une année j’ai côtoyé parmi d’autres un futur gareur. Je ne l’ai jamais vu à l’œuvre devant un métier à tisser, mais en sport il nous étonnait. Il courait plus vite et sautait plus haut que la plupart d’entre nous, quand il lançait le poids on aurait cru qu’il bénéficiait d’un boulet allégé, quant à sa façon de grimper à la corde il fallait la voir pour le croire. Il réalisait cela en toute simplicité sans jamais manifester le moindre sentiment de supériorité vis-à-vis des autres. Je ne suis pas certain que l’industrie textile ait pu bénéficier longtemps de ses services, car il a réussi une brillante carrière de footballeur professionnel. Il s’appelait Gérard Farison.
A la fin de la dernière année d’études, les entreprises communiquaient à l’établissement de la rue Etienne Mimard le nombre de personnes qu’elles souhaitaient recruter.
Chacun pouvait alors, par ordre de classement, choisir son employeur. Lorsque le dernier avait fixé son choix, il restait encore des postes à pourvoir. Tout ce que je décris correspond au secteur de la mécanique générale et des métiers dérivés en rapport avec la métallurgie. Je ne connais pas suffisamment les autres domaines pour pouvoir apporter des précisions.
Par la suite, si l’on voulait changer d’établissement, il n’y avait pas de gros problèmes puisque le préavis se limitait à trois jours. Quelquefois le patron en dispensait le démissionnaire. Cela ne représentait pas un cadeau, puisque les salaires étant horaires, seules les heures travaillées étaient payées.
A suivre…