Ma petite Philo, Aurore Bessy : Le monde de la finance –

Chers lecteurs, bonjour !

A la suite de mon article précédent sur les banques et la création monétaire, je viens vous parler aujourd’hui de la finance. J’ai repris ici de nombreux propos recueillis sur le livret édité par le collectif Roosevelt « Stop à la dérive des banques et de la finance » de Claude Simon, que je trouve assez explicatif et complet. J’ai consacré une première partie à tenter de vous donner quelques définitions souvent complexes du monde de la finance afin de mieux pouvoir comprendre la seconde partie qui traite de la crise financière de 2007-2008 et de ses conséquences sur l’économie mondiale.

LA FINANCE

Elle se définit comme étant un moyen qui consiste à fournir l’argent nécessaire pour réaliser toute opération économique. Elle concerne aussi bien les individus, les ménages, les entreprises publiques et privées que les Etats.

On peut rechercher un financement suivant deux types d’objectifs :

* Pour un niveau de capital classique : on recherchera des capitaux (ou crédits) afin d’entreprendre, de maintenir ou de développer une activité (particuliers, artisans, entreprises, etc)

* pour un niveau de capital assez important : l’objectif sera de trouver des placements performants et sécurisés et cela en fonction de la monnaie en cours du moment.

Le mot capital est dérivé de la racine latine « caput » qui signifie tête – ou principal. La définition du dico nous dit en substance : somme d’argent conséquente et disponible, patrimoine d’un individu, d’une famille ou d’une entreprise, élément principal d’une dette pouvant rapporter des intérêts.

En finance de marché on parle de marché des capitaux ( qui permettent la rencontre de capitaux entre ceux qui prêtent et ceux qui empruntent, on parle également de capital financier pour désigner des avoirs sous forme d’actifs financiers ( actions, obligations, titres de créances, etc). La notion de capital économique regroupe les ressources matérielles et financières qu’un individu, une entreprise, une société ou autre, a à sa disposition (revenus, patrimoine).

La liberté de circulation des capitaux est l’un des principes qui ont été adoptés lors du consensus de Washington en 1989 avec la liberté de circulation des marchandises, des services et des personnes.

UN PEU D’HISTOIRE

L’origine du mot « finance » vient du mot latin « finis » ainsi que de l’ancien « finer » qui veut dire « mener à bonne fin », à « terme ». L’ancien français « fin » veut dire aussi « argent ». Au moyen âge est créée la « financia« , redevance. Après le 16è siècle, le terme finance désigne les affaires d’argent et les ressources financières. Les  » gens de finances » apparaissent en France au 16è siècle, il s’agit de fonctionnaires recrutés par les monarques (et les nobles), chargés de gérer l’argent issu des privilèges. Ces charges deviendront héréditaires.

A noter qu’en Angleterre et en Italie ces rôles échappent au pouvoir de l’Eglise (et à sa morale ecclésiastique contre la vénalité et l’avarice) et d’autre part aux emplois sous tutelle des monarques d’état.

En Europe se mettent en place très tôt des places d’argent, comme à Venise, Gênes, Anvers, Londres, etc. Entre le milieu du 18è et le début du 19è siècle se développeront des bourses de valeurs dans les grandes villes européennes.

A partir des années 60, la finance adopte ses raisonnements formalisés et ses mécanismes d’optimisation et devient une sous-discipline de l’économie.

Auparavant la gestion financière était formalisée sous un simple recueil de pratiques qui n’était pas obligatoirement encadrées ou réglementées par des institutions légales.

De nos jours la finance est devenue un négoce d’instruments et de transfert des anticipations de revenus et de risques dont les prix peuvent être négociés sur des marchés ou auprès des institutions. Il y a ceux qui sont disposés à prendre ces risques (contre revenus espérés) et les intermédiaires financiers qui peuvent quant à eux pratiquer une compensation des risques inverses à travers divers stratèges.

 ESPACES D’ACTIVITE DE LA FINANCE

* La finance publique recouvre le financement des actions et du budget de l’État, des collectivités publiques et des organismes sociaux.

* La finance privée recouvre d’une part les activités de gestion des actifs financiers des particuliers (actions, obligations, etc) et d’autre part la gestion de l’ensemble de leur patrimoine (et de ses revenus), cela du point de vue tant de leur épargne et de leurs placements que de leur recours aux crédits.

* La finance d’entreprise accompagne la gestion financière des entreprises, en matière d’exploitation ( Trésorerie de court terme ) ou d’investissement (moyen et long terme).

Tous les agents économiques ont vocation pratiquement en permanence à recourir aux moyens offerts par la finance : les particuliers pour leurs placements et leurs emprunts ; les entreprises pour obtenir des capitaux et gérer leur trésorerie ; l‘État et les collectivités publiques pour assurer l’équilibre entre leurs dépenses et leurs recettes et financer leurs projets d’infrastructure ou d’équipement ; les institutions financières elles-mêmes pour ajuster leurs ressources et leurs emplois. Les intermédiaires financiers, les conseillers financiers, les marchés organisés (bourses) où s’échangent divers actifs financiers négociables ; les caisses de retraites, fonds de placement, et institutions uniques ;les compagnies d’assurances, les entreprises d’investissement, etc.

Une classe particulière d’organismes financiers est constituée par les instances de régulation nationales et internationales ainsi que par les agences de notation. Les marchés financiers sont en effet marqués par des épisodes de croissance exubérante et de dépression sévère qui posent le problème toujours renouvelé de leur régulation.

FONCTIONS DE BASE DE LA FINANCE

– Drainer l’épargne pour financer les investissements des entreprises et des Etats

– Permettre aux entreprises de se couvrir contre les risques des variations de change , de taux ou de cours de la monnaie

– Garantir la circulation des transactions financières

– Evaluer ces risques en leur attribuant une valeur et faire en sorte qu’il soit rentable, autrement dit : spéculer. La spéculation est, en économie, l’action de prévoir les évolutions des marchés et d’y effectuer des opérations d’achat et de vente en conséquence, de façon à retirer des bénéfices du seul fait des évolutions des marchés.

1- Drainer l’épargne et les investissements

Pour mieux comprendre les mécanismes de la finance, tentons d’aborder succinctement ce que l’on nomme la macroéconomie . Wikipédia nous en donne la définition suivante « C’est une approche théorique qui étudie l’économie à travers les relations existantes entre les grands agrégats économiques soit : le revenu, l’investissement, la consommation, le taux de chômage, l’inflation, etc. Elle est l’outil essentiel d’analyse des politiques économiques des Etats ou des organisations internationales pour expliquer les mécanismes par lesquels sont produits les richesses des pays (cycle de la production, de la consommation, de la répartition des revenus au niveau national, etc) ».

Au niveau macroéconomique, ce sont les particuliers qui détiennent l’épargne et les entreprises qui empruntent. Elles le font soit :

– en demandant des crédits auprès des banques (par financement dit intermédiaire)

– en faisant appel au marché financier (par financement direct). Dans ce cas elles émettent des titres qui sont soit des actions, soit des obligations.

Les actions sont des parts (ou droits de propriété de l’entreprise) vendus par des entreprises à des actionnaires qui investissent une part de leur épargne afin de la faire fructifier en bourse.

Résultat de recherche d'images pour "titre de créances"Les obligations sont des titres de créance négociables que les entreprises ou Etats utilisent pour emprunter de l’argent directement sur les marchés financiers. Celui qui achète ces obligations reçoit en contrepartie un intérêt pour rémunération de ce prêt. Les obligations font l’objet d’une cotation en bourse : on peut les revendre avant leur échéance ou acheter des obligations en cours de vie. Il en existe de nombreuses catégories, aux caractéristiques très variables.

Les actifs financiers regroupent tous les divers titres de créances dont les actions et les obligations.

Un portefeuille (en finance) désigne une quantité d’actifs financiers détenus par un établissement ou un individu.

La finance se fait avec de la monnaie, mais à l’inverse des banques elle n’en crée pas. Elle est fondamentalement différente des opérations bancaires de base. Si elle ne crée pas de monnaie, en revanche elle la déplace (des comptes des épargnants aux emprunteurs). En fournissant les capitaux nécessaires aux investissements publics et privés, on peut dire en cela qu’elle est utile au développement économique.

Les détenteurs d’épargne prennent toujours un risque dans le cadre de leurs placements. Quant aux entreprises qui empruntent elles peuvent connaître des difficultés, devenir insolvables ou cesser leur activité.

Afin de pallier ces risques, les banques étudient la solvabilité des emprunteurs et aussi multiplient une diversité de placements. Le patrimoine d’un particulier pourra ainsi se répartir entre des biens immobiliers, des actions et obligations des entreprises, etc.

Pour des ménages moins riches, les organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM) proposent par exemple des SICAV (sociétés d’investissement à capital variable) qui réunit les apports des épargnants pour créer un fonds important, réparti lui-même dans un portefeuille diversifié laissant à chaque épargnant une fraction de cet ensemble diversifié.

Les OPCVM peuvent être d’autant plus variés qu’ils correspondent aux goûts, besoins et stratégie des épargnants, mais ceux-ci présentent des risques selon les actifs qu’ils détiennent (titres d’emprunts ou actions risqués).

2- Se couvrir contre les risques financiers

Les entreprises, surtout les plus grandes, peuvent être soumises à des risques de variations de cours dans le temps. En termes financiers on dit qu’elle doit « se couvrir ». Il existe plusieurs types de solutions pour ce faire : exemple les futures. Ce sont des instruments financiers de la catégorie des contrats à terme. Le principe de ce type de contrats est de permettre la négociation, achat ou vente, d’actifs quelconques dans le futur en anticipant sur l’évolution des prix au comptant de ces biens.

D’autres techniques plus ou moins sophistiquées peuvent être utilisées, comme

*les swaps qui sont des trocs ou échanges. Ce sont des produits financiers sous forme de contrats d’échanges de flux financiers entre deux parties (banques ou institutions financières).

*les options , c’est-à-dire l’acquisition soit d’un droit d’acheter, soit d’un droit de vendre. Produits qui établissent un contrat entre un acheteur et un vendeur ( à un prix fixé à l’avance pendant un temps donné ou à une date fixée).

les dérivés sont des instruments financiers dont la valeur fluctue en fonction de l’évolution des taux ou des prix des produits, leur règlement s’effectue à une date future. Ils sont en réalité des paris sur des variations de tout ce qui est susceptible de varier (cours des actions, des taux d’intérêt, des matières premières, du climat).

La France est dotée d’une autorité indépendante pour réguler les marchés financiers sur son territoire : l’Autorité des marchés financiers (AMF). Cette dernière s’assure de la protection de l’épargne investie dans les produits financiers et autres placements faisant appel à des fonds de particuliers – s’assure du fonctionnement des marchés d’instruments financiers – de l’information des investisseurs et à un rôle de contrôle des professionnels de la finance ( risques de délits d’initiés ou de diffusion de fausses informations).

Pour les particuliers l’AMF a mis en place un service de médiation pour répondre à toute question sur le fonctionnement des marchés et aussi de rechercher un compromis en cas de litige entre un épargnant et sa banque ou une société de gestion auprès de laquelle il a souscrit un fonds ou une société cotée dont il détient des actions. L’ AMF dispose d’un centre de documentation qui permet à toute personne d’accéder à des publications sur le fonctionnement des marchés financiers.

3 – La spéculation

Sur un marché quelconque, la spéculation consiste à tirer profit par anticipation de l’évolution à court, moyen ou long terme du niveau général des prix ou d’un prix particulier en vue d’en retirer une plus-value ou un bénéfice. Les opérations de spéculation peuvent porter sur les matières premières, les marchandises en général, les actions, les obligations, les monnaies et changes, les capitaux flottants, etc. Elle se fait généralement par l’intermédiaire de marchés organisés.

La spéculation se caractérise par l’acceptation d’un risque (ce principe de risque est le même pour ceux qui font des paris sur des jeux par exemple). Le spéculateur fait un pari sur l’évolution future d’une valeur, comportement qui est différent de celui qui opte pour la position sans risque dite de « couverture ». Un investisseur, dans la mesure où il cherche à prévoir des flux futurs sur les fonds qu’il place, spécule sur l’avenir.

Cette opération de spéculation dite « à découvert » constitue aussi un pari pour certains avec des mises très faibles et des possibilités de gains forts mais aussi un risque de pertes importantes lorsque des capitaux élevés sont engagés.

La question de l’immoralité de ces procédés se pose, voici ce qu’en dit Claude Simon : « Tout parieur et donc tout spéculateur ne doit engager que ses propres fonds et en aucun cas mettre quiconque en difficulté du fait des risques qu’il prend. La finance récente fait, elle, des paris financés par de l’endettement. Les banques le font également avec l’argent de nos dépôts. De par leur fonction économique clé (création et circulation de la monnaie) les banques ne doivent pas prendre des positions spéculatives sur les marchés. En effet, compte tenu de cette fonction clé l’Etat et les Etats sont obligés d’intervenir pour renflouer la ou les banques en cas de banqueroute, sinon l’économie entière du ou des pays risquerait d’être paralysée.

On ne peut accepter que les économistes appellent cela « l’aléa moral ».

C’est pourtant ce qui s’est passé lors de la crise financière des « subprimes« de 2007- 2008.

LES MARCHES FINANCIERS

Ce sont des lieux physiques ou immatériels où s’échangent des biens, des services ou des instruments financiers. Les marchés financiers sont devenus depuis les années 1980 l’un des principaux circuits de financement de l’économie, en complément des banques. Le domaine de la finance englobe des marchés aux fonctions diverses.

Au sens large, les marchés financiers désignent des marchés où peuvent être émises, achetées ou vendues des valeurs mobilières de toute nature. Certains de ces marchés assument un rôle de financement, mais les besoins de financement des entreprises peuvent être des besoins de court, moyen ou long terme. Pour répondre à ces besoins, il existe plusieurs types de marchés financiers, certains consacrés aux financements à long terme et d’autres, dédiés aux financements à court terme.

1 – Les types de marchés financiers

– Les marchés d’actions et d’obligations dits à moyen ou long terme qui sont les plus connus du grand public, mais pas les plus actifs.

– Les marchés de taux d’intérêt qui, par leurs cotations en continu, constituent de très loin le plus grand marché de la planète. Ce sont les marchés monétaires et interbancaires pour le court terme

Rappelons ici que le taux d’intérêt correspond au prix établi pour accorder ou disposer d’une somme d’argent (on parle de loyer de l’argent). Ce sont les taux directeurs des banques centrales qui servent de référence. Les annonces de relèvement ou d’abaissement impactent les marchés financiers. Une hausse des taux favorise les placements monétaires au détriment des actions, ce qui entraîne une baisse des actions. Une baisse des taux réduit l’attrait des placements sur les monnaies et favorise les investissements sur les entreprises par le biais des actions.

– Le Marché des changes (ou Forex, mot anglais) sur lequel les devises convertibles sont échangées à des taux de change qui varient sans cesse. Ce marché à long terme est le second plus important marché au niveau planétaire. Sur ce marché mondial, essentiellement interbancaire, s’échangent les devises des différents pays (exemple de produit traité : la parité euro/dollar).

– Les marchés de matières premières et de produits de base (blé, soja, etc) peuvent donner lieu à des interventions financières alors qu’en principe leurs transactions sont réputées contribuer à l’établissement des prix des produits dits « de base ».

A côté des métaux industriels comme l’aluminium, l’acier, le cuivre, le zinc ou le plomb, l’or et le pétrole sont les deux matières premières qui dominent le comportement des acteurs du marché (toutes les matières premières n’ont pas le même impact sur la psychologie des investisseurs. Le soja n’a rien de comparable au pétrole). Peu de biens sont fabriqués sans faire appel au pétrole ou à une substance qui en est dérivée (comme le plastique). Nombre de services ne pourraient pas être rendus sans la consommation de pétrole : le transport des marchandises par bateau ou camion… Bref, le pétrole influence tous les rouages de l’économie.

2 – Fonctionnement des marchés

– soit les opérations (achats/ventes d’actions ou obligations, etc) sont réalisées de gré à gré, directement entre vendeur et acheteur : ces opérations représentent de l’ordre de 80 % des volumes.

– soit elles sont « organisées » en créant la chambre de compensation, organisme qui centralise toutes les demandes d’achats et de ventes. Ce système permet la surveillance, la réalisation et le suivi de chacune des opérations. Ces marchés sont ainsi plus sûrs. Ainsi la perte de cinq milliards d’Euros de la Société Générale, imputée dernièrement au trader Jérôme Kerviel n’aurait pu exister si les opérations qu’il réalisait avaient eu lieu sur un marché organisé.

3 -Les professionnels de la finance

En réalité l‘épargnant (celui qui place son argent) et l’investisseur (celui qui engage des capitaux) doivent pouvoir d’une part, placer ou retirer tout ou partie de leur argent lorsqu’ils le souhaitent et d’autre part opérer des arbitrages qui consistent à céder certains avoirs pour en acquérir d’autres. Or, ce ne sont que très rarement les épargnants et les investisseurs qui opèrent ces cessions et ces arbitrages, mais essentiellement des professionnels de la finance. Ces professionnels le font soit pour le compte de leurs clients (épargnants ou investisseurs), soit dans le cadre des OPCVM cités plus haut, soit pour le compte de leur employeur, organisme financier ou banque qui spécule, espérant ainsi augmenter ses bénéfices.

Le nombre des instruments financiers est quasiment infini, l’inventivité des financiers ne connaît pas de limites. Les plus simples sont les actions et les obligations privées ou les OAT (titres d’emprunts d’Etat). Ces titres (ou actifs) sont négociés directement ou peuvent être également négociés à terme, dans ce cas ces opérations deviennent plus spéculatives.

Le travail de certains financiers consiste à créer des produits dans lesquels ils incorporent souvent pour partie d’autres produits conçus par d’autres financiers. En créant ces nouveaux produits, ils n’en connaissent donc pas toujours le contenu (puisque en partie conçus par d’autres).

Cette multiplication contribue très largement à l’opacité du système de la finance et des marchés. Une opacité qui n’existe pas uniquement pour les citoyens mais qui existe aussi pour ceux qui y travaillent !

Pour faciliter la commercialisation de ces produits et garantir les clients acheteurs, les entreprises financières émettrices paient les « offices » ou « agences de notation« . Leur travail consiste à évaluer puis noter la solvabilité des entreprises emprunteuses et de tous ces produits financiers (elles ne se font pas payer pour noter les dettes souveraines émises par les Etats) : trois de ces agences « font la loi » : Standard and Poor’s – Moody’s – Fitch

En 2008 elles n’ont anticipé ni la déconfiture des produits pourris constitués de « subprimes«  (emprunts risqués américains) ni la faillite de nombreuses banques dont la principale était Lehman Brothers ! Incompétence ou conflits d’intérêts, voire complicité ? Elles sont rémunérées en honoraires par ceux qu’elles sont chargées de noter, d’où l’évidence de leur manque de neutralité.

Selon les tenants de la théorie libérale (donc de la quasi totalité des financiers), les marchés sont dits « efficients ». Ce qui signifie selon eux que la rencontre de l’ensemble des offres et des demandes du marché financier permet un « équilibre parfait » (justes rémunérations, bonne information et bons jugements des acteurs financiers, etc).

Mais la réalité n’est pas aussi idyllique : les opérateurs sur les marchés ne sont pas toujours rationnels et ont souvent des comportements dignes des moutons de Panurge en générant des « bulles » spéculatives dont l’éclatement fait toujours des dégâts collatéraux. Nous avons connu les bulles immobilières et boursières récentes mais déjà au 17è siècle en Hollande une vague de spéculation avait déferlé sur le secteur des tulipes. Elle avait entraîné une augmentation spectaculaire des oignons de tulipes, certains se négociant jusqu’à cent fois le salaire annuel d’un artisan spécialisé. Cette crise fit la fortune autant que la ruine des spéculateurs de l’époque !

Malheureusement l’éclatement de ces bulles n’affecte pas toujours que les seuls spéculateurs. Les banques dont le rôle vital dans la création et la circulation de la monnaie les rend indispensables à tout fonctionnement économique, ne devraient pas être autorisées à se livrer à des activités spéculatives.

POURQUOI, COMMENT LA CRISE ?

(Extrait de l’ouvrage du collectif Roosevelt « Stop à la dérive des banques et de la finance »)

Sur le plan politique

Avant de rappeler les causes immédiates de la crise financière de 2008, tentons de revenir sur celles qui sont plus profondes et structurelles. (Intégralité du texte de Claude Simon) :

Une grande mutation idéologique et politique s’est opérée au cours de la décennie 1980 : la première est due (aux USA) à Ronald Reagan (« L’Etat n’est pas la solution, c’est le problème ») et la seconde mutation (en Angleterre) est due à Margaret Thatcher (« Il n’y a pas d’alternative »).

La base idéologique de ce néo-libéralisme débridé est, selon ses défenseurs, qu’il fallait diminuer le poids de l’Etat et avec lui toute régulation ou réglementation qui, par essence ne pouvait que nuire au bon fonctionnement des marchés. Marchés qui selon leur logique assuraient le meilleur fonctionnement économique et la meilleure justice sociale.

Sans aucun fondement rationnel cette idéologie simpliste et aveugle a profondément modifié l’organisation économique et monétaire du monde.

Sur le plan économique : Le règne de la loi du marché

Au plan économique, c’est d’abord dans les pays anglo-saxons puis dans le reste du monde que tout va être organisé pour que les marchés règnent sans entrave ni partage.

Les Etats vont se livrer une concurrence fiscale pour baisser les impôts dus par les entreprises et les attirer sur leurs territoires. « Pas d’impôts, donc pas d’Etat » comme dans les paradis fiscaux.

Les marchés financiers règnent sur les entreprises et leur imposent leur loi en « achetant » d’abord les dirigeants des grandes entreprises avec des stock-options ou des actions gratuites pour les inciter à rechercher la hausse des cours de l’action de l’entreprise qu’ils dirigent.

Les deux impératifs majeurs dictés par la finance aux entreprises et à leurs dirigeants sont :

– le haut niveau de rentabilité des capitaux propres que les marchés exigent des entreprises (taux allant de 10 à 15, voire 20 %).

Ces taux sont aberrants d’un point de vue économique, sachant que dans une croissance équilibrée (répartition de la richesse nationale entre le travail et le capital) le taux de profit moyen ne peut être supérieur au taux de croissance.

Thomas Piketty montre dans son ouvrage « Le capital du 21è siècle » la conséquence directe qui est la montée des inégalités. Les prélèvements de la finance sur l’économie réelle est une rente prédatrice qui enrichit les traders et les dirigeants et qui appauvrit les travailleurs et généralise le chômage , la baisse des salaires et le travail précaire. On explique ainsi le transfert de dix points en trente ans de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits.

-le second impératif dicté par la finance est relatif à la stratégie des entreprises et aux activités qu’elles doivent mener. Avant la mutation idéologique de la décennie 1980, la plupart des grandes entreprises s’efforçaient d’avoir plusieurs métiers si possible complémentaires de façon à combler des cycles défavorables sur l’un de ces métiers.

Là encore la finance a dicté sa loi. Elle considère que chaque métier est certes affecté par des cycles et des risques, mais que seule la diversification des activités permet d’y remédier. Elle affirme que ce n’est pas aux entreprises mais à elle, d’opérer une telle diversification, au sein de portefeuilles d’actions qu’elle gère.

Le résultat est simple : l’actionnaire est protégé mais en revanche l’entreprise est pleinement exposée et les salariés voient leur travail flexibilisé, et ainsi peuvent être licenciés plus facilement. Les entreprises qui ne se plient pas à cet impératif sont attaquées par des OPA (offres publiques d’achat) qui permettent d’en prendre le contrôle, puis revendues « par morceaux » c’est-à-dire par entités plus spécialisées et donc fragilisées.

Le financier avant d’acheter des actions sur l’entreprise se pose déjà la question à quel montant bénéficiaire il revendra ces actions.

En ayant constamment un oeil rivé sur la porte de sortie, il est évident que ce comportement n’est pas propice à un développement économique et industriel à long terme.

Sur le plan monétaire

Cette idéologie né-libérale va trouver son champ d’action privilégié dans le domaine monétaire. Avant les années 1980, les banques faisaient leur métier comme je l’ai développé lors de mon précédent article sur la monnaie. Les banques dans leur cycle long (gérer, collecter et distribuer les crédits) étaient donc les intermédiaires entre les emprunteurs et les prêteurs.

Il s’avère que ce cycle n’est pas conforme à l’idéologie néo-libérale. Celle-ci va rompre ce rôle intermédiaire de crédit en privilégiant le financement des entreprises directement par les marchés financiers et le placement des capitaux disponibles en titres cotés ou échangés sur ces marchés.

On peut dire qu’en adhérant à ce mouvement, les banques sont devenues de nos jours les acteurs centraux de la finance (cela a été une des causes principales de la crise de 2008).

En 1936, aux USA, un obstacle majeur s’opposait à cette mutation, ainsi pour remédier à la crise de 1929, le président Roosevelt avait fait voter en 1933 une loi essentielle baptisée Glass-Steagall Act qui interdisait d’une part aux banques de détail de faire autre chose que leur métier de base (et pas de finance) et d’autre part aux banques d’investissement de collecter uniquement les dépôts (pas d’ouverture de compte aux particuliers).

Avec la désintermédiation des banques, les USA ont progressivement remis en cause cette loi et en 1999 toutes les banques américaines pouvaient tout faire.

La France n’avait jamais opéré cette séparation des banques, le système qui constituait la règle était dit de « banque universelle ». Les banques comme la BNP, Sté Générale, Crédit Lyonnais étaient banques de détail et réalisaient peu d’opérations financières, inversement aux banques Lazard, Suez, Paribas qui réalisaient des opérations financières et ne collectaient pas de dépôts.

Depuis la fin des années 1990, dans le monde entier, toutes les banques peuvent tout faire. Ceci constitue un pas majeur vers la dérégulation. D’autres mesures vont encore déréguler le marché monétaire qui était réservé aux banques et à la banque centrale : désormais tout agent économique pourra y opérer, sans contrôle. Des inventions financières vont également contribuer à déstructurer complètement le monde bancaire.

C’est le cas de la titrisation opération qui consiste pour la banque à vendre un certain volume de crédits (qu’elle a octroyés à des particuliers ou à des entreprises) à une autre structure ad hoc créée à cet effet. Cette structure nouvelle va financer cet achat en émettant à la banque des titres (de dettes) que la banque pourra à son tour vendre sur le marché financier.

Pour la banque (ou autre organisme prêteur) c’est se refaire immédiatement des liquidités qu’elle peut utiliser ailleurs – ne portant plus de risques de crédits, elle allège son bilan qui la libère pour d’autres possibilités – au lieu de percevoir les intérêts à moyen ou long terme elle les constate immédiatement et ce bénéfice ainsi dopé fera augmenter le cours en bourse pour les actionnaires !

Ces montages à effet de levier vont se multiplier et prendre des proportions nouvelles.

Ces stratégies si elles sont payantes peuvent avoir un effet foudroyant et on parle alors d’effet de massue. Ainsi de nombreuses entreprises non financières victimes de ces effets pervers deviennent déficitaires et l’on justifie de la sorte, les « nécessaires licenciements ».

Ces montages financiers à effet de levier par le jeu des crédits bancaires, permettent de spéculer sur des montants énormes avec très peu d’argent (de monnaie) et amplifient sans limites les profits en période faste, mais aussi les pertes en période de crise, pertes qui gangrènent immédiatement l’ensemble de l’économie. S’ajoute alors, pour les Etats, l’effet désastreux de sauver les grandes banques de la faillite. L’adage « privatisons les profits et mutualisons les pertes! » est ici bien illustré.

Les paradis fiscaux constituent le trou noir de ce monopoly financier. On y loge notamment des structures financières non bancaires : les shadow banks ou banques de l’ombre. Avec souvent peu de fonds propres, des actifs risqués mais diversifiés, elles disposent d’un effet de levier important elles sont souvent domiciliés à Jersey ou dans des îles exotiques, elles se sont constitué un droit spécifique pour dissimuler les transactions et les noms des individus qui les détiennent.

Les exilés fiscaux qui reviennent actuellement de Suisse ne sont que des « petits ». Les gros « gibiers » sont mis à l’abri dans des structures idoines transitant notamment par Jersey et les îles Vierges britanniques. La City de Londres voulant conserver jalousement son premier rang dans la finance mondiale, n’entend pas que l’Union Européenne remette en cause les statuts juridiques et fiscaux des places britanniques à partir desquelles elle opère et réalise une part importante de son activité et de ses profits défiscalisés.

Le jeu des règles comptables au sein des organismes financiers a également changé. Auparavant le principe fondamental était la prudence, un bénéfice n’était pris en compte que lorsqu’il était réalisé et matérialisé.

Au cours de la décennie 1980 ce principe fut abandonné au profit de la prise en compte de la valeur du marché (market value) : si le cours des titres en portefeuille augmente, le système augmente le bénéfice comptable et donc le profit, et donc le cours… l‘effet boule de neige est garanti à la hausse (ce qui augmente la valeur chez ceux qui détiennent le titre). En cas de retournement conjoncturel , la boule a vite fait alors de se transformer en avalanche.

Toutes ces caractéristiques étaient mondiales et l’accumulation de ces failles a fait naître la crise dans la première puissance économique et politique mondiale : les Etats Unis.

La crise des « subprimes »

Deux faits majeurs vont expliquer la constitution de cette bulle qui a entraîné le déclenchement de la crise aux USA. D’une part la grande quantité de monnaie disponible et d’autre part une vague de spéculation immobilière au financement douteux. De 1987 à 2006, la Banque Fédérale Centrale des USA avait pour credo de soutenir l’économie américaine par une politique de faibles taux qui refinançait à bon compte le Trésor américain (l’Etat) et d’autre part les banques. Ces dernières pouvaient donc inonder le marché de crédits, notamment pour des acquisitions immobilières.

Les autorités politiques, face à la stagnation de l’économie, vont encourager les Américains (notamment ceux de la classe défavorisée) à faire de la finance dans le cadre de l’acquisition de leurs logements. Ce contexte favorisa le hausse des prix de l’immobilier et le jeu des spéculatifs, entraînant à la file toute une chaîne de professionnels à des pratiques souvent douteuses et parfois criminelles (tricherie sur les capacités de remboursement des emprunteurs). Les coursiers en prêts hypothécaires et les banques déresponsabilisées par le fait qu’elles vont titriser les crédits ne cherchent dans cette logique, qu’à faire du volume. Ces créances titrisées de mauvaise qualité vont circuler de banque en banque. Une chaîne d’irresponsabilités favorisée par le morcellement des opérations des marchés (immobiliers et financiers) a permis le gonflement de la bulle et l’opacité de tout le système. En 2007 de nombreux impayés sont relevés et les banques qui les portent dans leurs bilans commencent à trembler.

Les contagions

Dans le cadre de la gestion de trésorerie chaque banque doit avoir des trésoreries, soit des dispositifs de liquidités (de 24 heures par ex) et un besoin de liquidités (de trois mois par exemple). Pour gérer ces trésoreries les banques se prêtent et donc s’empruntent avec ou sans garantie, des sommes importantes c’est ce que l’on appelle le marché interbancaire.

Au cours de l’été 2008, les banques ont soupçonné qu’elles étaient toutes, dans des proportions variables, contaminées par ces créances « pourries ». Le marché s’est alors grippé et les banques ont quasiment cessé de se prêter entre elles. La faillite de Lehman Brothers (grande banque d’investissement américaine) a concrétisé cette suspicion et toutes les banques qui étaient prêteuses à cette banque ont dû constater des pertes. C’est l’effet systémique de contagion qui contamine l’ensemble du système bancaire.

Le système monétaire américain était menacé et le gouvernement fédéral a dû intervenir par un programme qui a injecté 800 milliards de dollars pour renflouer les principaux établissements menacés.

On pourrait considérer qu’une banque qui fait faillite ne crée des dommages qu’à ses seuls actionnaires : tel n’est pas le cas. Les banques ne sont pas des agents économiques comme les autres. Leur défaillance est contagieuse sur l’économie et sur les populations et l’Etat, contraint de ne pas les abandonner, doit intervenir pour les sauver.

En réagissant pour renflouer les banques, les Etats (Irlande, Espagne, Angleterre, puis Grèce et Chypre) ont été obligés de s’endetter.

L’idéologie libérale aidant, les Etats, pour résorber leurs dettes accentuées par la moindre rentrée des impôts due à la crise, ont été sommés de diminuer leurs dépenses et d’augmenter leurs impôts. C’est la période d’austérité qui accentue à son tour la crise.

Ces injonctions provenaient notamment des agences de notation qui avaient été totalement défaillantes, voire complices, dans l’appréciation de la mauvaise qualité des créances hypothécaires et des bilans bancaires.

QUELLES SOLUTIONS ?

« Sans que cela résolve tous les problèmes économiques, il est absolument nécessaire et urgent de mieux réglementer les banques et la finance. Six axes sont déterminants :

– Scinder les banques comme l’a fait le président Roosevelt, soit séparer les activités bancaires traditionnelles des activités spéculatives

La séparation de ces activités a bien fonctionné aux USA pendant cinquante ans sans empêcher la croissance, au contraire. En France une loi dite de « séparation bancaire » a été votée en juillet 2013 mais elle est beaucoup trop timide en n’affectant qu’une petite partie des activités de marché des banques de détail et d’autre part elle n’oblige pas les banques à se séparer de ces activités mais seulement à les cantonner dans une filiale. Le lobby bancaire est devenu trop puissant et veut nous faire croire que l’économie ne peut fonctionner sans la spéculation débridée. Or, c’est depuis la décennie 1980 que l’économie stagne et le chômage se développe un peu partout. Le social doit déterminer la règle économique et la règle économique doit déterminer le mode d’organisation de la finance et non l’inverse.

Pendant les trente glorieuses, la séparation (banque/finance) a fonctionné en assurant une croissance soutenue. Cette réforme aurait également pour effet de réduire le nombre et la rémunération de certains opérateurs de marchés.

 Mieux surveiller les banques et les risques qu’elles prennent

En fait les banques ne prennent des risques que sur les marchés. Elles doivent être surveillées pour contrôler la qualité de leurs actifs (les crédits octroyés). En France cette activité relève de la Banque de France. Un accord européen prévoit un contrôle exercé par la BCE (Banque Centrale Européenne) pour les grandes banques en induisant un risque systémique et un fonds de garantie européen des dépôts. Malheureusement cette mutualisation reste timide, notamment par le calendrier (dans dix ans pour le fonds de garantie commun), ainsi que par le champ des banques concernées : les banques de taille respectable resteront soumises à des contrôles nationaux, parfois aléatoires dans leur qualité, notamment en Allemagne.

Organiser la lutte contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux et harmonier la fiscalité des entreprises en Europe

Ces paradis accueillent les sociétés les plus diverses en les exonérant d’impôts. Ils font des dégâts par le fait qu’ils abritent des fonds spéculatifs et des quasi-banques (de l’ombre) qui échappent à tout contrôle et perturbent la finance internationale par leurs interventions intempestives sur les marchés ou par les crédits que ces fonds spéculatifs se font accorder par les banques dans le cadre de leurs montages financiers à effet de leviers.

De plus ces pays abritent également des flux et fonds financiers qui servent d’instruments de blanchiment aux différentes mafias (drogue, prostitution).

La suppression de ces paradis fiscaux ne pose en réalité aucun problème technique, il suffirait par exemple de décréter que tout mouvement financier vers ces pays constitue un bénéfice taxable immédiatement. Le manque de volonté politique internationale (au niveau du G8 et G20) laisse à penser que les lobbys ont des moyens de pression sur les politiques.

L’harmonisation fiscale progressive au niveau de l’Europe permettrait d’éviter que des pays, tels le Luxembourg ou l’Irlande qui ont des fiscalités trop basses, usent de pratiques anticoncurrentielles. Elles constituent du dumping fiscal entre Etats et n’ont aucun fondement économique, moral ou politique.

Encadrer sérieusement la spéculation et la finance

. réglementer les instruments financiers car l’imagination et l’inventivité des financiers ne connaissent pas de limites. Plus de 80 % des transactions se font de gré à gré et non sur un marché organisé où elles pourraient être répertoriées, suivies, contrôlées, etc.

Faire respecter des règles, standardiser ces opérations comme cela a toujours bien fonctionné jusqu’aux années 1980. Tous les produits financiers devraient être préalablement autorisés par une organisation internationale de type FMI (ou autre) qui en assurerait ensuite la surveillance et toutes les transactions transiteraient par une chambre de compensation dûment agréée.

. interdire ou encadrer la titrisation qui conduit à une déresponsabilisation des banques ou des organismes distributeurs de crédits.

– Responsabiliser les agences de notation

Leurs appréciations matérialisées par des lettres magiques font autorité même si elles n’ont rien anticipé des défaillances ayant engendré la crise de 2008 ! Aux USA où elles sont domiciliées, elles bénéficient d’un statut assimilé à celui d’un organe de presse, leurs notes ne sont que des avis qui n’engagent pas leur responsabilité. Cette absence d’éthique et de déontologie ne peut perdurer. Il faut organiser ces agences de notation comme le sont des professions réglementées qui ont des comptes à rendre à un ordre ou à une institution publique.

Instituer une taxe sur les transactions financières

Par le recours aux paradis fiscaux, la finance échappe à l’impôt davantage que les biens de première nécessité, ce qui est choquant. Ces transactions se font à un rythme effréné, ce qui contribue à une volatilité, laquelle nourrit les financiers qui jouent autant à la baisse qu’à la hausse. Au cours des dernières années, s’est développé ce qui est nommé le « trading à haute fréquence », lequel consiste à confier à des ordinateurs le soin de réaliser des ventes ou achats sur les marchés financiers, opérations qui se déroulent au rythme de la microseconde. Une taxe sur les transactions financières (TTF, dite également « taxe Tobin » du nom de son premier promoteur, prix Nobel d’économie) aurait donc le mérite d’une part de remplir des caisses publiques rendues nécessiteuses par la crise et d’autre part de lutter contre la volatilité des marchés qui alimente la spéculation, et freine l’économie réelle. Cette taxe est prévue par onze pays européens dont la France qui cherche à réduire sa base pour la faire peu opérante.

Sous l’emprise de l’idéologie néo-libérale, les banques et la finance ont d’abord dicté leur loi à l’économie. Il en résulte une économie réelle fragilisée, inapte à affronter les défis de notre temps, tels que le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources naturelles, etc.

Avec un cynisme parfait, les banques et la finance dictent maintenant leur loi aux Etats qui ont bien été obligés de venir au secours des banques et donc de s’endetter.

La finance a un vrai rôle à jouer, elle peut être utile à tous si elle sait rester à sa place. Mais en tant que citoyens, nous considérons que le gâchis actuel est le résultat d’une mauvaise finance qui a mené le monde à la catastrophe et qu’elle nécessite une réforme rapide, profonde et mondiale. Stop à la dérive des banques et de la finance ! » Claude Simon

Bibliographie :

– Textes recueillis dans l’ouvrage « Stop à la dérive des banques et de la finance » de Claude Simon, professeur émérite à l’ESCP Europe, Michel Crinetz, ancien commissaire-contrôleur des assurances, Guy Flury, ancien commissaire aux comptes d’établissements financiers qui animent ensemble le groupe banques-finance du Collectif Roosvelt.

– articles recueillis sur Wikipédia et dans divers journaux

– « Le capital du 21è siècle » de Thomas Piketty – Edition Seuil

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