
Bonjour amis lecteurs.
Les événements tragiques survenus à Charlie Hebdo, ont suscité récemment nombre de débats sur la laïcité. Que peut-on comprendre de ce que l’on nomme laïcité ? Aucun texte législatif n’en donne la définition alors qu’elle est mise au sommet de l’échelle des normes et de notre Constitution républicaine qui se dit laïque, démocratique et sociale. Ces termes sont très proches les uns des autres et s’imbriquent entre eux, engendrant une difficulté à comprendre la complexité du mot laïcité. Représente-t-elle seulement la liberté des cultes religieux et la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans notre société française ? La notion de laïcité s’est-elle modifiée avec l’évolution de la notion de République ? Cette question serait-elle dépassée ou serait-elle plutôt déplacée ? Pour mieux comprendre l’histoire et les enjeux de notre laïcité française actuelle, il m’a semblé utile de développer cet article en plusieurs chapitres distincts.
Etymologie et définition du dico
Le mot laïc est apparu au 13ème siècle et est resté rare jusqu’au 16ème siècle. Il est issu du latin « laïcus » : commun du peuple (laos). Ce terme ecclésiastique a été repris au grec d’église « laikos (commun du peuple (laos). en opposition au terme « klerikos » (clerc) désignant les instituions proprement religieuses.
Le terme « laïcus » est utilisé dans le vocabulaire des églises chrétiennes dès l’Antiquité tardive pour désigner toute personne de la communauté qui n’est ni clerc, ni religieux et profane en matière de théologie bien qu’elle appartienne quand même à l’église dans laquelle elle peut exercer certaines fonctions importantes (le laïcat).
Au Moyen Âge, le mot « laïc » distingue l’homme commun, qui doit être enseigné, à l’inverse de l’individu instruit consacré par son état religieux.
Le dico nous dit « La laïcité est la Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l’exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et en particulier, de l’organisation de l’enseignement« .
Le principe de la laïcité de l’État est posé par l’article premier de la Constitution française de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion et respecte toutes les croyances et la liberté de culte ».
Aujourd’hui un usage courant et erroné de l’adjectif laïc lui donne, appliqué à un individu, le sens de « non-croyant« , « athée » ou « neutre idéologiquement » alors que le mot désigne l’homme commun par opposition à celui qui est entré dans les ordres. Cela provoque une confusion sur le principe de laïcité qui est la neutralité religieuse pour un Etat ou une institution et non pour un particulier ou un groupe de particuliers (sachant toutefois qu’ils peuvent s’exprimer à la société civile à travers des organisations religieuses et ceci dans le cadre de la liberté d’expression inscrite dans notre Constitution).
Qu’entend-on par laïcité, laïcisme et sécularisme
Ces trois termes sont proches les uns des autres, mais bien différents dans leur signification, nous les retrouvons souvent dans écrits concernant la laïcité. Il importe ici de les préciser afin d’éviter des confusions, voire des affrontements stériles et inutiles.
– La laïcité, comme nous venons de le voir, se caractérise par deux choses : séparation de l’Eglise et de l’Etat et neutralité de l’Etat face aux religions. Si le premier principe est simple, le second en revanche est plus délicat car certains théoriciens définissent deux conceptions de la neutralité : soit elle est intégrale et demande l’impartialité totale de tous les cultes ou religions, soit elle est mitigée, car la neutralité reste toujours relative.
En octroyant certains droits à la majorité d’une religion historique, il ne faut pas exclure voire brimer les minorités religieuses. Les débats sont nombreux autour de la neutralité et les solutions pour trouver un équilibre en la matière, difficiles à trouver.

– Le laïcisme est un courant d’idées, proche de l’athéisme. Ce mot renvoie à une doctrine qui vise l’élimination de toute référence religieuse dans l’espace public. Pour certains c’est une philosophie, pour d’autres, telle Elisabeth Badinter, un militantisme issu du radicalisme républicain qui s’inquiète des tendances à l’éclatement de la communauté nationale sous l’effet des revendications communautaires. La laïcité présente une certaine souplesse contrairement au laïcisme qui souhaite que la religion des citoyens se limite uniquement à la sphère privée hors de toute manifestation sociale et publique (ex : processions, prière du vendredi, sonneries de cloches, etc). En la matière chaque Etat se doit d’aborder la laïcité avec la tradition qui est la sienne en aménageant des exceptions, faire des nuances et admettre ses limites. On voit donc en France la complexité du débat sur la laïcité, dont les lois qui la protègent ne donnent pas réponse à tout.
– Le sécularisme : ce mot venant du latin saecularis (signifie siècle, moeurs, profane) désigne une tendance à faire passer des valeurs sociales associées au sacré, dans le domaine du profane. C’est la marche progressive, l’affranchissement dans le temps d’un Etat qui se libère de tous les pouvoirs tenus sous la tutelle de l’Eglise ( ou de toute autre théocratie). La sécularisation s’identifie à la laïcisation dans le sens où elle est un processus par lequel le contenu théologique d’une société s’efface au profit de modes d’êtres et d’ habitudes populaires sans référence explicite au sacré. Parler du caractère séculier d’une société signifie qu’elle montre une distance face au monde religieux.
Le caractère laïc, au sens contemporain du terme, est le principe d’unité qui rassemble les hommes d’opinions, de religions ou de convictions diverses, dans une même société politique qui est distincte, par conséquent de toute communauté. Dans un Etat laïc il ne saurait exister de religion civile ou qui impose l’athéisme comme dans les anciens Etats communistes.
Philosophie de la laïcité
Chacun a son idée sur la laïcité et il me semble important de la resituer dans son contexte philosophique. Sa conception pour certains peut être même assez éloignée des textes ou voire pour d’autres être édictée avec vigueur comme une règle morale. Il m’a semblé intéressant de distinguer dans cette partie philo, plusieurs éléments :
– Laïcité et liberté

Pour Michel Morineau, ancien secrétaire de la Ligue de l’Enseignement « La laïcité est le cadre juridique qui protège une des libertés les plus fondamentales qui soient : la liberté de conscience et de pensée. C’est donner à chacun les moyens de se « fabriquer soi-même » dans une conscience autonome . Une des fonctions de l’école étant d’en donner aux individus les moyens et les connaissances, et de les former à l’esprit critique. «
La laïcité ne vise pas l’éradication de la foi, au contraire ses règles établissent la liberté pour chaque individu de croire ou de ne pas croire et aussi de changer de croyance. « L’autonomie doit être considérée comme la forme supérieure d’une liberté conquise à force de travail sur soi, de connaissances acquises, de réflexions personnelles entre la raison et la foi, l’analyse et l’intuition. »
– Laïcité et pluralité
La liberté de l’exercice du culte est tout aussi fondamentale. La loi fondant la séparation de l’Eglise et de l’Etat rend les cultes religieux libres de s’organiser selon leurs propres règles. L’Etat leur donne les moyens de la liberté de l’exercice de ces cultes sans en privilégier aucun. Cette loi consacre pour la première fois la reconnaissance juridique du pluralisme religieux et idéologique de la Nation.
– Laïcité et neutralité
« L’autorité publique ne doit pas régir les consciences. Une double rupture est consacrée par loi : plus d’interférences de l’Etat dans l’Eglise ni de l’Eglise dans l’Etat, c’est là la nouveauté la plus considérable de cette loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat au regard de notre histoire ». Elle établit ainsi la neutralité idéologique et philosophique de l’Etat, des services publics et des personnels : l’Etat et ses agents n’ont pas à s’appuyer sur la laïcité pour interpréter les signes religieux, ni à s’appuyer sur elle pour juger, discriminer, sanctionner ou exclure. »
– Laïcité et philosophie politique
« La morale laïque plonge jusqu’aux sources d’où partent les inspirations décisives, celles qu’aucune langue n’exprime, aucun raisonnement ne démontre, aucun système n’épuise. Elle nous fait découvrir au fond de nous-mêmes ces réalités idéales qui nous deviennent plus présentes que celles du monde sensible. Notre morale laïque peut exiger des sacrifices mais n’exige pas de mérites ni de salaires. Si on lui ôte cet arrière-plan d’idéalisme, il ne nous resterait dans les mains qu’une terne nomenclature de préceptes et quelques beaux aphorismes… » (M. Morineau)
1 – Laïcité et religion
Afin de tenter de comprendre quelle société laïque nous vivons en France aujourd’hui, un bref retour en arrière sur la relation entre l’Eglise et l’Etat m’a paru nécessaire pour montrer les âpres luttes dont la laïcité a fait l’objet à travers l’histoire et aussi la cohérence des choix successifs qui l’ont amenée à ce qu’elle est aujourd’hui.
– Dans l’Antiquité

Avant l’arrivée du christianisme, il n’y avait aucune séparation entre l’église (des Dieux) et l’Etat. Les empereurs de la Rome antique étaient des « êtres divins » et occupaient les hautes fonctions religieuses. A l’arrivée du christianisme, les chrétiens ont refusé de s’impliquer dans une religion d’état et ont contesté le caractère divin de l’empereur. Ils furent jugés ennemis de l’Etat. La conversion au christianisme était punissable de la peine de mort et a entraîné de violentes persécutions jusqu’en l’an 390 où l’empire romain est devenu véritablement chrétien avec l’édit de Théodose 1er.
A noter que certains chrétiens avec les philosophes stoïciens de l’époque ont été parmi les premiers à nier que l’Etat ait un rôle à jouer dans la relation de Dieu avec les humains en se référant aux enseignements de l’Evangile qui enseigne la séparation de l’église et de l’Etat : « Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu« . (évangile selon Saint Marc)
Dans la cité grecque, la religion est celle qui organise le lien social. La cité est alors intégrante et des croyances multiples cohabitent. Le conformisme religieux laisse place progressivement à des lois communes pour favoriser la coexistence de tous sur le principe que la conscience doit être maîtresse d’elle-même. Le droit romain développera plus tard cette distinction de la chose publique (res publica) avec la chose privée. S’élaborent ainsi les prémices de notre laïcité contemporaine : le respect de la conscience individuelle, la recherche de l’intérêt général, la primauté de la loi sur les dogmes.
– Du Moyen Age à la Révolution française
La querelle des investitures opposant au 11è siècle le pape Grégoire VII à l’empereur germanique et où le pape cherche à devenir indépendant de l’Eglise, est un épisode qui entérine déjà le fait que les pouvoirs spirituels et politiques peuvent être séparés. La séparation de l’Eglise et de l’Etat s’est pendant de longs siècles heurtée aux monarques qui se déclaraient les représentants de Dieu sur terre en héritant du pouvoir du droit divin et des autorités de l’Eglise.
Au 17ème le gallicanisme, nouvelle doctrine religieuse et politique, s’implante en France, son plus célèbre représentant est Bossuet( portrait ), évêque de Meaux. Elle cherche à limiter les interventions du pape dans la gestion des affaires de l’Eglise catholique romaine. Elle tire son origine (vers 1303) de la réaction du roi Philippe Le Bel contre les ambitions du pape Boniface VIII. Apparaît alors, parallèlement le jansénisme (du nom de Cornélius Jansen, évêque flamand) doctrine théologique moins conciliante en réaction aux pouvoirs du pape et à l’absolutisme royal.
En 1598, l’Edit de Nantes promulgué par Henri IV apportait au problème des guerres de religion (entre catholiques et protestants) qui déchiraient la France et toute l’Europe, une solution pionnière dans la mesure où elle réglait la pluralité des cultes au sein d’un même Etat. Il garantit la liberté de conscience religieuse dans tout le royaume et marque ainsi un tournant dans les mentalités.
Les Juifs cependant n’étaient pas concernés. Après avoir été chassés à la fin du 14è siècle, on les a conviés à revenir dès le milieu du 16è siècle en les appelant les « nouveaux chrétiens » d’origine ibérique, on les nomme alors les « portugais » pour aider au développement des ports de la façade atlantique.
En 1685, Louis XIV, se sentant menacé par le jansénisme, révoque l’Edit de Nantes et interdit les assemblées politiques des protestants, leur supprime leurs places fortes militaires mais leur maintient la liberté de culte dans tout le royaume sauf à Paris.
– Siècle des lumières à nos jours
Le concept moderne de séparation de l’Eglise et de l’Etat est souvent attribué au philosophe anglais John Locke (1632-1704) qui affirme que l’Etat n’a pas de légitimité suffisante en ce qui concerne la conscience individuelle. Cette notion, avec celle de Contrat social de Rousseau sera influente dans les colonies américaines et dans la constitution des USA.
La nouvelle philosophie des lumières va initier l’idée d’égalité, faire germer les droits de l’homme, développer la tolérance pour parvenir à la liberté de conscience, lutter contre l’obscurantisme et vouloir opérer une distinction entre l’Eglise catholique et l’Etat. Il s’agit là de contrecarrer le pouvoir divin du souverain en questionnant celui du clergé.
Voltaire dans son « Traité sur la tolérance » – Rousseau dans son « Contrat social », Diderot dans « La religieuse » Montesquieu dans « L’esprit des lois » Condorcet dans « L’esclavage des nègres » (il défendra parallèlement les droits des Juifs et des femmes), sont autant de philosophes qui ont contribué à un renouveau intellectuel majeur.
Le royaume de France n’a jamais réalisé l’idéal d’une uniformité religieuse et les minorités religieuses jusqu’à la fin du 18è siècle connaissent une survivance très difficile.
La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 voit la fin de la royauté de droit divin. La révolution française pose déjà les principes de la laïcité : séparation de l’Etat et des cultes, sécularisation, égalité des cultes, liberté de conscience, etc. Cependant elle commence par resserrer son alliance avec une église « patriote » : protestants en décembre 1789 et Juifs « portugais ». En 1791 L’assemblée donne la citoyenneté pleine et entière aux protestants puis aux Juifs français qui deviennent des citoyens égaux. La France, en la matière sera pionnière en Europe.
La question religieuse va ouvrir alors une déchirure entre le clergé patriote et le clergé dit « réfractaire » qui est suivi par ses fidèles. Ce conflit ecclésial associé au conflit politique emporta alors le pays dans une spirale de violence. La volonté de déchristianisation entraîne une révolte contre tous les cultes catholiques et leur représentation, en mettant en place de nouveaux cultes de « substitution ».
En 1790 la Révolution impose à l’Eglise la constitution civile du Clergé : les biens du clergé son confisqués et les religieux invités à quitter leurs couvents. Le patrimoine religieux devient propriété de l’Etat. Les diocèses sont remaniés selon le découpage départemental, les évêques sont élus, les curés également, la hiérarchie cléricale se calque sur le fonctionnement politique de l’autorité civile. Cette constitution a pour but d’organiser une religion « nationale » qui s’ouvre cependant à la liberté religieuse. Le pape Pie VI condamne les principes révolutionnaires et les prêtres réfractaires dès 1792 sont sévèrement réprimés « au nom du respect de l’ordre public établi par la loi ».
En 1792 l’Etat-civil est institué, faisant du mariage un contrat civil qui autorise le divorce. Ce fut une toute première mesure pérenne de laïcité. La laïcisation s’étend donc au mariage, au calendrier révolutionnaire (qui remplace le calendrier religieux), à l’enseignement et à l’assistance publique. L’exécution du roi Louis XVI en 1793 entraîne le soulèvement des catholiques, c’est la révolte des chouans. La situation s’apaise avec la fin de la terreur.
En 1795 La République qui veut apaiser les conflits réaffirme la séparation de l’Eglise et de l’Etat mais permet la liberté de culte avec la réouverture des églises, signant ainsi la fin de la guerre et de la violence. De nouvelles fêtes laïques sont instaurées : la fête de la République, de la jeunesse, etc.
En 1801 le nouveau régime du Directoire organise une première séparation de l’Eglise et de l’Etat avec le texte du Concordat signé par Bonaparte et le pape Pie VII. L’église retrouve une partie de ses privilèges et devient une religion d’état . Le Vatican accepte de renoncer aux biens de l’Eglise devenus biens nationaux, en contrepartie, les membres du clergé seront salariés. Les évêques et prêtres sont désormais subordonnés au gouvernement auquel ils doivent prêter serment de fidélité. Le concordat va régir les relations de l’Eglise et de l’Etat jusqu’en 1905.
1814 à 1830 à la chute de Napoléon, le retour à d’une monarchie constitutionnelle, dite époque de la Restauration, rétablit l’alliance entre l’Eglise et l’Etat. La Charte de la Restauration garantit dans son « article 5 » la liberté des cultes reconnus. L’Eglise toutefois reprend la main surtout dans le domaine de l’éducation avec un radicalisme fort (le divorce est aboli, et la profanation religieuse punie de mort). Cette alliance va entraîner la révolution des trois glorieuses en juillet 1830.
1830 – 1848 La Monarchie de juillet connaît le sacre civil du futur roi Louis Philippe 1er. Cette cérémonie civile qui remplace la cérémonie religieuse traditionnelle du sacrement, marque une étape de la sécularisation de la société politique française.
1848 La seconde République ignore la laïcité et se veut d’esprit religieux tel que dit le préambule de sa constitution « En présence de Dieu et au nom du peuple français ». Les hommes de 1848 sont de tendance spirituelle, un vent de fraternité souffle sur le pays dans la direction d’une réconciliation entre chrétiens et républicains.
Mais après les émeutes de juin 1848, un gouvernement conservateur prend le pouvoir et la séparation de l’Eglise et de l’Etat acquise en 1975 est alors rejetée.

Décembre 1864 le pape Pie IX publie l’obscure encyclique Quanta Cura et le Syllabus qui condamnent l’évolution du monde moderne. Les notions de séparation des pouvoirs civil et spirituel sont qualifiés de « principes hérétiques ». La diffusion de ce document qui condamne le catholicisme libéral, la liberté de la presse et les révolutions de 1830, déclenchent alors un fort courant anticlérical qui traverse toute l’Europe. En réponse les républicains déclament : « L’Eglise doit être séparée de l’Etat, les lois de la morale n’ont pas besoin de sanction divine ».
1870 La guerre entreprise par Napoléon III contre la Prusse voit la défaite de la France. Le refus de la défaite entraîne une journée d’émeutes à Paris et le second empire est renversé, c’est l’avènement de la troisième république. Suite à un siège de Paris très dur et face à un gouvernement peu conciliant, en 1871 la Commune de Paris s’insurge. Elle décrète la séparation des Eglises et de l’Etat, supprime le budget des cultes et déclare propriété nationale les biens des congrégations religieuses au nom de la liberté de conscience. L’insurrection se terminera dans le sang.

En 1879 sous la présidence de Jules Grévy, les changements laïques les plus importants s’opèrent notamment dans le domaine scolaire. Emerge alors un autre courant anti-républicain, celui de l’Action Française de Charles Maurras ainsi que les positions anti- Dreyfusardes des catholiques conservateurs.
Dans l’autre camp les « hussards » de la république tels Léon Gambetta déclament dans les assemblées leurs valeurs laïques et anticléricales. Quelques lois importantes sont alors votées : disparition sur les feuilles de recensement de toute mention concernant la religion – Lois sur l’enseignement (que nous verrons plus tard) Rétablissement du divorce, etc.
Victor Hugo refuse dans son testament toute cérémonie religieuse et reçoit lors de son enterrement au Panthéon un éloge funèbre laïque. Cette cérémonie marquera un moment décisif dans la banalisation des obsèques civiles et la sécularisation de la société française.
Le 1er juillet 1901, Pierre Waldeck-Rousseau fait adopter la loi « relative au contrat d’association » qui garantit une des grandes libertés républicaines. Ainsi tout citoyen dispose du droit de s’associer, sans autorisation préalable.
En 1904 une loi interdit aux congrégations religieuses le droit d’enseigner. Fermeture de 2500 écoles religieuses. On débaptise le nom des rues qui portent le nom d’un Saint. La rupture avec le Saint-Siège est consommée.
En 1905 sous la présidence d’Emile Loubet et à l’initiative du député républicain socialiste Aristide Briand, la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui tranche les derniers liens entre l’Eglise et l’Etat est votée. Elle remplace le régime du Concordat.
La République ne salarie, ne subventionne ni ne reconnaît désormais aucun culte national. Elle garantit la liberté des cultes privés et laisse aux fidèles l’organisation des cultes privés à travers les associations dites culturelles de la loi de 1901 considérée comme étant le pilier des institutions laïques. La loi satisfait de nombreux catholiques conscients de la liberté que l’Eglise gagnera à être séparée de l’Etat. Mais le climat de tension dans lequel elle est adoptée et la méfiance de Rome susciteront l’opposition du gros du clergé et des fidèles.
Les régimes qui se sont succédé en France après la Révolution ont eu des formes d’alliance étroite de l’Etat avec les religions sous le terme de « cultes » dont les « ministres du culte » étaient rémunérés par l’Etat. Les cultes protestant, juif, catholique pouvaient servir de base à la morale. En France le 19ème siècle a été une période très active d’organisation de ces cultes et de constitution de leur patrimoine en édifices religieux.
Au début du 20è siècle, le pape Pie X interdit à l’Eglise de France de constituer des associations cultuelles auxquelles le législateur républicain avait prévu de transférer l’ensemble du patrimoine ecclésiastique. Le prix à payer de cette opposition fut la perte de tout le temporel de l’Eglise. En 1907, évêchés, presbytères, séminaires et couvents seront transférés au profit de l’Etat français. L’entretien des églises sera pris en charge par l’Etat.
La première guerre mondiale rapproche les républicains avec la religion catholique, une aumônerie des armées est créée, payée par l’Etat.

En 1924, un modus vivendi allant vers l’apaisement est négocié entre le l’Etat (sous le gouvernement de Gaston Doumergue) et le Saint-Siège sous forme de traité qui aboutit à la création d’associations diocésaines soumises à l’autorité de l’évêque. Elles acquièrent ainsi une indépendance d’administration. Les autres cultes, protestant et juif, ont accepté de se constituer en associations culturelles suivant les modalités de la loi de 1905. Ce traité est toujours en vigueur de nos jours.
En 1925, en pleine crise avec le gouvernement, l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, adopte une déclaration solennelle qui condamne l’idée même de laïcité et presse les catholiques d’y désobéir.
Pendant la seconde guerre mondiale, le gouvernement de Vichy ne remet pas en cause la laïcité de l’enseignement malgré les espoirs de la hiérarchie catholique. La politique d’exclusion discriminatoire décrétée par le régime de Vichy a l’encontre des Juifs, remet en cause pour la première fois les principes de 1789.
En 1945 à la libération, dans une déclaration solennelle, les évêques et cardinaux français reconnaissent l’existence d’une laïcité « conforme à la doctrine de l’Eglise ». La prise de conscience du danger que représentent les régimes totalitaires a beaucoup pesé dans ce ralliement.
En 1946 et 1958 : s’inscrivent dans la constitution les préambules de la 4ème et de la 5ème République, à savoir : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale« . L’Etat et ses représentants administratifs sont tenus au respect des citoyens et ne doivent les questionner ni sur leur religion , ni sur leurs convictions politiques, ni leur appartenance syndicale. Le même interdit se pose sur leurs origines ethniques, la couleur de leur peau, etc
En 1962 – 1965 Le concile de Vatican II confirme l’ouverture de l’Eglise à la démocratie, aux droits de l’homme et à la laïcité. Il déclare que l’engagement dans les responsabilités sociales, et notamment politiques, relève des laïcs et non des clercs manifestant ainsi la distance prise par l’institution ecclésiale vis-à-vis du politique.
En 1967 et 1973 : Les lois votées sur la régularisation des naissances et sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse) montrent la distance existant entre la société française et l’enseignement moral de l’Eglise.
En 1983 Création du Comité Consultatif National de Bioéthique auquel les représentants des principales religions sont invités à siéger.
En 1987 Les sommes versées au denier du culte par le contribuable français deviennent déductibles des impôts. Ce geste de l’Etat français vis-à-vis des Eglises peut être interprété comme une aide indirecte.
1999 Vote de la loi créant le Pacs, malgré l’opposition de la hiérarchie catholique.

18 mai 2013 la loi autorise le mariage homosexuel dit « mariage pour tous ». Une forte mobilisation contre cette loi s’exprime dans la rue dont celle de nombreux catholiques, l’Eglise manifeste son attachement aux principes les plus traditionnels de sa doctrine: protéger l’institution du mariage fondée sur la différence structurante des sexes selon son concept.
Face à cette conscience, deux attitudes de l’Eglise se font jour et se combattent.D’un côté, des courants identitaires et néo conservateurs, qui veulent restaurer des règles touchant à l’éducation chrétienne et en reconquérir ses repères fondamentaux et d’un autre côté, les courants progressistes qui désirent s’ouvrir à la société moderne et optent pour une transformation des structures de l’Eglise en se rapprochant des luttes d’aujourd’hui, y compris celles des homosexuels.
De nos jours un désintéressement de la religion se fait sentir dans notre société française. Le catholicisme demeure cependant majoritaire, même s’il connaît, en proportion, une baisse sensible depuis les années soixante-dix. Si les catholiques pratiquants réguliers sont de moins en moins nombreux, leur identité s’est affermie, grâce notamment aux « communautés nouvelles » et aux mouvements charismatiques. Parallèlement la montée de l’intégrisme catholique en France est un phénomène qui resurgit depuis quelques décennies. On estime à 120 000 le nombre d’intégristes en France, leur part chez les catholiques pratiquants a été multipliée par 20 en 40 ans, passant à 10 %.
Les sacrements religieux du mariage et du baptême n’ont plus de valeur légale et n’ont qu’un caractère optionnel. L’Eglise catholique ne perçoit aucun subside de l’Etat ni du Vatican. Les prêtres de l’Eglise catholique sont rémunérés par les 95 diocèses français à travers le denier de l’Eglise ou denier du culte et les offrandes. Ils sont couverts par un régime de sécurité sociale spécifique. A long terme, la loi de 1905 fut reconnue comme globalement bénéfique pour l’Eglise catholique dans le sens où elle ôte à ses adversaires un de leurs reproches principaux, sa puissance financière incontrôlable.
1-2 Laïcité et autres religions
Chez les protestants
Pour certains protestants, la laïcité dure depuis la date de la promulgation des lois Jules Ferry et de la mise en place progressive de la laïcité scolaire . Pour d’autres, elle existe depuis la Réforme protestante du 16e siècle où les Huguenots apparaissaient déjà comme des croyants laïques. En 1880, 800 écoles protestantes sont remises à l’Etat. Aujourd’hui, on compte encore 5 lycées protestants en France.
Depuis la Révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685, les protestants interdits d’existence s’exilèrent ou disparurent . De 8%, ils passèrent à 1,5% de la population. Il fallut attendre la Révolution pour qu’ils puissent à nouveau, avec les Juifs, exercer leur liberté de conscience.
En 1882, ils accueillent donc favorablement les premières lois scolaires qui ne favorisent aucune religion. L’école laïque sera pour eux la garantie d’une protection : leurs enfants ne seront pas obligés de fréquenter une école catholique. De plus ils se libèrent de la tutelle cléricale catholique inscrite dans la loi Falloux de 1850. L’école pour tous leur accorde légitimité et droit à la différence. Les idées laïques rencontrent les valeurs protestantes, notamment en ce qui concerne l’importance donnée à l’individu, à sa liberté de conscience, à son esprit critique. Aujourd’hui le protestantisme reste très attaché à la laïcité de l’Etat.
Chez les Juifs
En France, il y a eu d’abord assignation de l’identité collective des Juifs à la seule dimension confessionnelle. En 1810 Napoléon 1er crée pour eux le Consistoire juif (institution pour administrer le culte) calqué sur le modèle des consistoires catholique et protestant. Cette institution est actuellement celle qui demeure officiellement représentative de la religion juive de France. Le consistoire central israélite de France, à la tête duquel se trouve le Grand Rabbin est réparti en 15 sections régionales, couvrant un réseau de plus de 500 synagogues et oratoires jusque dans les Dom-Tom. Le Conseil représentatif des institutions juives, quant à lui, est une association qui représente toutes les tendances de la communauté juive auprès des pouvoirs publics.
L’ émancipation des juifs aux 18è et 19è siècles s’est produite dans une sorte de schisme du fait qu’ils désiraient devenir des citoyens comme les autres en reléguant la religion à la sphère privée. Ils s’intègrent dans tous les domaines de la société : commerce, industrie, banque, etc. A partir de la fin du 19e siècle, (surtout en Europe de l’Est) on assiste à l’apparition quasi simultanée, en quelques années, de mouvements politiques qui marquent une rupture avec la tradition religieuse messianique juive, au profit d’une affirmation laïque, collective, inscrite dans la cité et le politique.
A l’époque contemporaine la religion a donc cessé en France d’être le facteur unifiant du peuple juif. La majorité des Juifs sont d’ailleurs non-pratiquants.
L’identité juive française est désormais multiple dans la plupart de ses aspects religieux, politiques, culturels et linguistiques.
Chez les musulmans
L’Islam est la deuxième religion de France avec plus de 4 millions de musulmans. Jusqu’en 2003 elle ne disposait pas d’instance représentative. Les clivages doctrinaux (sunnistes, chiites) et idéologiques, l’absence de clergé hiérarchisé et le fait que de nombreux musulmans ont la nationalité d’un autre Etat rendaient difficile l’organisation de la religion musulmane en France.

A l’instar des consistoires protestant et juif et afin de structurer un consistoire musulman, un Conseil français du culte musulman (CFCM) a été créé dont le président actuel est Dalil Boubakeur. Ce conseil a pour but de répondre à un besoin de dialogue entre les fidèles musulmans et les pouvoirs publics, mais également entre les différentes écoles de pensée musulmane. La laïcité se doit donc de composer avec de nouvelles sensibilités qui trouvent un écho important dans les populations.
Un rapport de 1990 souligne que l’exigence sociale de la construction et du financement des lieux de culte musulmans rencontre cependant de nombreux obstacles territoriaux qui peuvent être culturels et sociaux, voire politiques et juridiques.
À partir de la fin des années 1960 s’accumulent dans les pays arabes, des faits historiques idéologiques, économiques et sociaux qui expliquent pour une part, le développement d’un noyau extrémiste de l’Islam qui se radicalise en un mouvement intégriste. Manipulant la religion, ce mouvement radical vise essentiellement un projet politique : transformer le système politique et social d’un Etat en faisant de la Charia (dont l’interprétation est univoque et imposée), l’unique source de droit. Un islamisme terroriste s’est développé en France depuis les années 90 et dans d’autres pays d’Europe. Les conflits actuels en Francese cristallisent autour des signes ostentatoires religieux dans les lieux publics comme le port du voile ou de la burqa (interdite depuis 2010 dans les espaces publics) . La réglementation s’élabore au fur et à mesure que se construit la jurisprudence dans les tribunaux. La critique du port du foulard porte sur la conception de la place de la femme dans la société et sur le risque de prosélytisme dans des milieux réputés neutres.
Laïcité et religions en Europe
L’Union Européenne regroupe des Etats ayant des conceptions différentes de la laïcité. Le traité d’Amsterdam de 1997 prévoit les modalités du dialogue entre l’Union et les Eglises. Le conseil de l’Europe rappelle : 1 la primauté de la séparation des Eglises et de l’Etat et des droits de l’homme – 2 que la liberté de religion ne soit pas acceptée comme un prétexte à la justification des violations des droits des femmes ou des actions qui iraient à leur encontre : mutilations, mariages forcés, etc. La laïcité cherche donc à concilier la neutralité, la pluralité des religions, la citoyenneté et les identités y compris religieuses, ce qui se traduit par une conception plus ouverte de la laïcité.
A noter que la forme de laïcité française ne se retrouve pas partout. Certains Etats conservent une religion d’Etat comme le Royaume Uni, tandis que d’autres tout en fixant le principe de la liberté religieuse privilégient une religion en particulier ou interviennent dans la vie religieuse en la finançant.
Vers une redéfinition de la laïcité ?
Face à la montée des extrémismes, la morale laïque a perdu en visibilité : pour certains il convient de revenir aux sources de la République et de recréer un modèle unique d’intégration de tous les cultes et religions. Pour d’autres, il faut tenir compte des évolutions de la société et de faire une place aux communautarismes et particularismes même religieux. En revanche, une acceptation large de la laïcité semble se faire jour qui condamnerait toute atteinte à des valeurs laïques jugées universelles. Le développement des sectes pose la question de la séparation entre phénomènes religieux et sectaires : si la liberté religieuse doit s’appliquer elle ne doit pas autoriser les escroqueries ni violer la liberté des personnes.
2- Laïcité dans l’enseignement
L’école en France a toujours été au cœur des débats concernant la laïcité et cela provoque régulièrement en son sein beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes . Depuis plus d’un siècle, la République et l’école se sont construites l’une avec l’autre. L’école républicaine, ciment de la Nation, est la source de notre identité française. Remontons l’histoire de sa laïcité…
XIXeme siecle, XXe et début du XXIeme
L’institution scolaire est sous la tutelle de l’Eglise et la religion est la finalité de l’enseignement. Cette conception est en conformité avec le régime de monarchie de droit divin. Au siècle des lumières, c’est ce principe que les réformateurs des lumières (Voltaire, Rousseau, etc) contestent .
Après la mise en place du Concordat (traité signé entre le Saint-Siège et l’Etat) Bonaparte en 1808 donne à l’université impériale le monopole de l’enseignement. Ce décret est un des textes fondateurs du système éducatif. L’Eglise catholique voit disparaître son rôle souverain en matière d’éducation mais demeure une organisation structurante , Il s’agit là d’un premier seuil historique de laïcisation de l’école, sachant que l’Etat s’appuie encore fermement à l’époque sur les Eglises pour maintenir l’ordre social.
En 1828 la victoire des libéraux détache l’instruction publique de affaires ecclésiastiques.
1833 : sous la monarchie de Juillet, la loi Guizot sur l’enseignement primaire impose à chaque commune d’ouvrir une école publique.
1848 : A l’avènement de la seconde République, les Républicains revendiquent la laïcité de tout l’enseignement en vue des progrès de l’instruction et de l’émancipation des citoyens, et contre l’influence cléricale de l’époque. Un anticléricalisme se répand dans le corps enseignant.

Dans le nouveau gouvernement conservateur installé en juin 48, le ministre de l’instruction publique Alfred de Falloux afin de conforter l’électorat conservateur et catholique, cherche à réorganiser le système de l’enseignement pour le placer en réalité sous le contrôle de l’Eglise catholique. Ses intentions sont dénoncés par Victor Hugo devant l’Assemblée législative dans un discours laïc qui fera date » il faut maintenir l’antique et salutaire séparation de l’Eglise et de l’Etat qui était l’utopie de nos pères... »
En 1850 la loi Falloux permet finalement aux congrégations religieuses d’assurer près de la moitié de l’enseignement primaire public pour devenir l’enseignement privé. Cette loi activera le combat entre cléricaux et anticléricaux.
En 1871 Edouard Vaillant, chargé de l’éducation sous la Commune de Paris, veut une éducation sécularisée. L’enseignement confessionnel est interdit et les signes religieux sont enlevés dans les classes. Il souhaite un accès égal des filles et des garçons à l’éducation et une égalité de traitement hommes/femmes est mise en place pour les Enseignants.
En 1879 sous la présidence Grévy, les changements laïcs les plus importants se font dans le domaine de l’éducation.
En février 1879 Jules Ferry, ministre de l’instruction publique poursuit la laïcisation et la réforme de l’enseignement public. En 1881, il fait voter l’enseignement primaire gratuit, en 1882, l’obligation scolaire et la neutralité de l’école officielle, en 1886, la laïcisation du personnel de l’école publique et l’interdiction pour les ecclésiastiques d’enseigner dans les établissements publics. Il plaide également pour un enseignement laïc de la morale.

Paul Bert, fondateur avec Jules Ferry de l’école laïque, gratuite et obligatoire impose l’existence de deux écoles normales par département : on les appellera les « hussards noirs ». En 1886 il collabore aux côtés de Jean Macé à la direction de la Ligue de l’Enseignement qui milite pour une instruction publique.
Ferdinand Buisson : directeur de l’enseignement primaire de 1879 à 1896 et fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme, supervise le travail d’écriture et de conception des lois sur la laïcité dans l’éducation. Il dirige le dictionnaire de pédagogie de l’instruction primaire, prix Nobel de la Paix en 1927 à 86 ans il dit : « l’école doit être non seulement mixte quant au culte, elle doit être neutre quant au culte ».
La loi du 9 décembre 1905 (loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat) sera la seconde étape importante de laïcisation scolaire : l’instruction religieuse sort désormais du champ de l’action publique.
La fermeté de tous ces principes n’exclut pas cependant la prudence dans leur application.
L’engagement républicain imprègne alors l’enseignement des écoles normales, véritables séminaires laïcs. L’éducation civique remplace dorénavant l’éducation religieuse. L’enseignement de l’histoire est également mis au service de l’apprentissage du sens civique et du patriotisme. Le culte de la patrie remplace le culte de Dieu. La vision des républicains positivistes est alors de réconcilier et d’unir les citoyens dans une vision universaliste.
Pour les fondateurs de l’école républicaine, la laïcité n’implique pas cependant la neutralité politique ni philosophique.
1909 : L’épiscopat français peu convaincu que la laïcisation permette d’unir l’ensemble des français condamne le principe de laïcité. Il relance dans les villages cléricaux, la « guerre scolaire » et la guerre « des manuels scolaires » (qui sont brûlés dans les régions les plus catholiques) opposant école libre et école laïque, considérant celle-ci comme une institution qui fabrique des « délinquants. »
Le décalage entre l’idéologie officielle républicaine et les sentiments politiques socialistes qui se répandent chez les enseignants explique que la neutralité scolaire déborde sur la neutralité religieuse. Après la loi de 1905 les luttes sociales viennent remplacer le combat anticlérical. C’est par la neutralisation de l’espace public que la laïcité a trouvé une voie d’apaisement et d’égalité entre tous les citoyens (fidèles ou non à une religion).
Ce n’est qu’au 20e siècle que les filles ont pu prétendre à la même éducation que les garçons. L ‘enseignement prodigué aux jeunes filles, spécifique et plus limité que celui des garçons, était souvent confié aux institutions religieuses. Alors qu’elles étaient exclues du savoir au 19è siècle, les filles peu à peu s’imposent à l’école.
La mixité a été un élément important pour l’émancipation des femmes. Ce n’est que vers 1850 que le terme « mixité » scolaire apparaît, on ne parlait alors que de coéducation.
La situation évolue avec le ministère Duruy et la loi du 10 avril 1867. Sous l’impulsion de Jules Ferry, les lois scolaires de 1881-1882 transforment l’école publique, en école mixte sans établir de différence entre les filles et les garçons.
Au xxème siècle entre les deux guerres La « querelle scolaire » s’amplifie entre la SNI (amicale des instituteurs laïcs) et l’épiscopat français qui, dans son encyclique Divini illius Magistri de 1929 condamne à nouveau le principe de laïcité. Refusant de « payer des impôts pour financer « la laïque », il revendique la répartition proportionnelle scolaire en proportion du nombre d’élèves qu’il scolarise.
Après la chute de la Troisième République, le régime de Vichy s’en prend à la laïcité scolaire et une aide financière exceptionnelle versée à l’enseignement privé.
A la Libération les valeurs laïques sont réaffirmées : « L’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat ».

Sous la pression des démocrates chrétiens, en 1959, la loi Debré pour tenter de résoudre la querelle scolaire public/privé, accepte le principe d’une aide aux établissements privés, à condition qu’ils passent un contrat avec l’Etat et acceptent son contrôle. Dans les établissements sous contrat « l’enseignement doit être donné dans le respect total de la liberté de conscience », mais l’établissement conserve son « caractère propre » ce qui mobilise le camp laïque car la morale religieuse était encore enseignée jusqu’en 1969. De nos jours cet enseignement est facultatif, la loi Debré impose aux écoles privées d’accueillir les élèves de toutes confessions.
En 1984 Alain Savary, ministre de l’Education nationale sous le gouvernement socialiste propose un projet de loi visant à la création d’un grand service public de l’éducation. Les manifestations hostiles à ce projet (défense de « l’école libre ») entraînent son abandon. La nouvelle loi se limite à supprimer certaines dispositions de la loi Guermeur de 1977 qui renforçait le devoir de conformité des enseignants du privé.
En 1993, le camp laïc fait reculer la loi Bayrou qui voulait accroître les aides à l’enseignement privé en supprimant les dispositions limitatives de la loi Falloux.
De nos jours on ne revient plus sur la loi Debré, un équilibre semble avoir été trouvé, serait-il dû à l’épuisement des combattants ou aux mutations idéologiques et spirituelles de notre société française ?
La querelle scolaire était liée à la question du régime politique : le monde catholique a refusé sinon la République, du moins ses valeurs. Avec le concile de Vatican II d’octobre 1962, l’Eglise paraît se réconcilier avec les valeurs du monde moderne. En 1969, l’épiscopat français adopte une nouvelle doctrine scolaire qui reconnaît la contribution de l’école publique. La République paraît alors se passer de l’anticléricalisme à l’école. Le changement des mentalités a rendu moins cruciale la vieille querelle scolaire et la clientèle des écoles privées est de moins en moins motivée par l’appartenance religieuse.
Au début du 21è siècle une partie de l’épiscopat s’en inquiète et une tendance se dessine à nouveau pour la recatholicisation de l’enseignement privé catholique. En témoigne au niveau national le texte du 3 juillet 2009 qui, sans qu’il soit question d’imposer la foi catholique aux élèves et enseignants, insiste par exemple sur la formation religieuse des enseignants pour développer « un projet d’animation pastorale afin d’offrir des propositions de cheminement et de célébration. » Cela semble compromettre le caractère laïque de cet enseignement et met en évidence l’ambiguïté inscrite dans la loi Debré du caractère propre de chaque établissement privé.
Mais ce qui semble au coeur des débats contemporains sur la laïcité, c’est moins l’enseignement privé que l’enseignement public. Dans les années 1970, la droite dénonce les manquements à la laïcité qui séviraient dans des écoles publiques peuplées d’enseignants marxistes faisant propagande.
Plus récemment la représentation du conflit droite/gauche se métamorphose en conflit entre « républicains » et « pédagogues ». La société des pédagogues agrégés estiment que les spécialistes des sciences de l’éducation contribuent à détruire la laïcité scolaire. En effet, pour eux la loi d’orientation scolaire de 1989 sur l’autonomie des établissements scolaires et le fait de demander à chaque établissement de mettre en place un « projet », sont autant de facteurs qui risquent de donner une coloration idéologique à l’enseignement en fonction de la sensibilité des équipes pédagogiques et des personnalités présentes dans les conseils d’administration de chaque établissement. Ces projets, à leurs yeux, seraient aussi peu compatibles avec la laïcité que le caractère propre des établissements privés sous contrat.
3 – La Laicité au XXIeme siècle
A l’aube du 21ème siècle, une troisième étape de laïcisation se dessine entre jacobins (qui défendent l’indivisibilité de la République et la souveraineté populaire) et ceux de la « seconde gauche » (propulsée en 1977 lors du congrès de Nantes, en opposition avec la première gauche marxiste). Cette « seconde gauche » cherche à concilier citoyenneté et identités, y compris religieuses, ce qui se traduit par une conception plus « plurielle » de la laïcité.
La nouvelle sécularisation de notre religion civile française témoigne de l’oubli de la figure de Marianne, du désintérêt de la manifestation du 14 juillet et celui, progressif, des héros laïcs de l’histoire scolaire. D’autre part, le consumérisme qui s’insinue dans la vie scolaire, traduit la mort des grandes idéologies républicaines traditionnelles, d’où le regret des républicains de voir disparaître l’école de la raison (fermée au monde environnant) au profit de l’école actuelle ouverte à l’extérieur (domaine des préjugés et des opinions).

En 1989, la gauche se divise autour de l’affaire du « foulard islamique » de Creil où des jeunes filles musulmanes demandent à porter le voile au sein de l’enseignement d’établissements publics. Les uns invoquent l’interdiction de signes religieux par Jules Ferry et les autres rappellent sa pratique accommodante qui évite d’exclure de l’école publique des jeunes filles déjà victimes d’exclusion sociale (les lois laïques interdisant aux agents de l’Etat toute discrimination physique, morale ou religieuse).
Le débat sur la laïcité s’ouvre à l’Islam, deuxième religion de France.
En 2004 est votée sous la présidence Chirac une loi sur le respect de la laïcité : interdiction dans les établissements scolaires publics du port ostensible de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse.
Que penser ? Le combat pour la justice sociale serait-il plus important que la vaine invocation des principes laïques ? Pour les démocrates, porter le voile est le choix d’une identité choisie, mais pour les républicains, derrière cette apparente liberté, il s’agit de se conformer à une identité héritée et témoignerait d’un renoncement de l’école publique à l’émancipation féminine, qui porterait en germe la menace du communautarisme.

Inclure l’enseignement du fait religieux pourrait-il être une nouvelle étape de seuil de laïcisation ? Il s’agirait selon certains républicains comme Régis Debray, d’enseigner le fait religieux dans une optique laïque et ceci dans le but de donner des clés à la compréhension de l’environnement culturel de notre monde contemporain et ainsi passer d’une « laïcité d’incompétence » à une « laïcité d’information » qui, dans un contexte de montée du Front National, mettrait fin aux représentations mal fondées et pourrait contribuer au combat pour la tolérance qui est un principe chrétien. De nombreux enseignants avouent leur incompétence en la matière, un Institut Européen en sciences des religions a été créé pour cela en 2002.
En 2002 un livre collectif « Les territoires perdus de la République » sur la base de témoignages d’enseignants, met au jour l’antisémitisme de certains élèves.
En 2004, l’inspecteur général J.P. Obin confirme dans son rapport, que se sont multipliées les contestations de certains enseignements en histoire, littérature, éducation physique, etc.
L’école publique serait-elle aux prises avec un Islam rétrograde ? Ce rapport provoque de nouveaux débats : pour les uns, il importe de s’engager à nouveau contre la religion comme nous l’avons vécu dans les siècles précédents (en la matière il s’agit de lutter contre un islamisme déviant et arriéré), pour d’autres il ne s’agit là que de faits de jeunes minoritaires, manipulés et victimes d’une société et d’une école incapables de mettre fin aux discriminations.
La division de la gauche sur ce sujet fait le jeu de la droite, ce qui inverse le mouvement précédent sur la laïcité : la droite devenant cette fois-ci le tenant d’une conception ferme de la laïcité alors que la gauche se divise sur ce sujet (comme autour de l’affaire du foulard islamique).
Depuis une vingtaine d’années on a pu remarquer que l’ancien clivage laïc/privé apparaissait apaisé chez les acteurs politiques et sociaux. Force est de constater que la « querelle scolaire » qui a d’abord concerné au 19ème siècle la laïcisation de l’école publique (et les républicains) contre l’ école privée (et l’épiscopat catholique), s’est peu à peu déplacée vers la fin du 20ème siècle des écoles privées vers les écoles publiques et à l’aube du 21ème siècle du catholicisme vers l’Islam (radical).
2005 La circulaire du 2 février relative à la laïcité dans les établissements de santé : le personnel soignant se doit d’être neutre vis- à-vis des patients et les soigner de façon égale afin de respecter leur liberté de conscience.
2007 Création par le président Chirac, de l’observatoire de la laicité, une instance placée auprès du Premier ministre, visant au respect du principe de laïcité en France. Il ne sera installé qu’en 2013 par le président Hollande.
2010 La loi d 11 octobre interdit la dissimulation du visage dans l’espace public et notamment au sein des hôpitaux.
03/2011 loi instaurant le Défenseur des droits de l’homme, cette institution remplace la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Le Défenseur des droits a les mêmes compétences et moyens que la Halde et remplace aussi le Médiateur de la République.
2012 Le 17 janvier est voté au Sénat un projet de loi visant à étendre l’obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance, avec extension aux assistantes maternelles

2013 La charte de la laïcité (créée en 2007) est affichée à l’école et dans tous les services publics. Son contenu proposé par le Haut Conseil à l’intégration rappelle aux agents publics comme aux usagers quels sont leurs droits et leurs devoirs à l’égard du principe républicain de laïcité. Elle reprécise que les agents de l’Etat ne doivent questionner ni sur la religion de chacun, ni sur les convictions politiques, syndicales ou ethniques.
Création de l’Observatoire de la laïcité, rattaché au Premier ministre.
2014 Verdict dans l’affaire Baby-Loup : la Cour de cassation valide le licenciement d’une puéricultrice qui portait le voile dans une crèche privée.
En janvier 2015, suite aux attentats à Charlie Hebdo de nouvelles mesures sont annoncées en vue de réaffirmer en classe le respect de la laïcité et des valeurs de la République :
. instaurer une journée de laïcité
. former les professeurs à l’apprentissage du fait religieux
. instituer 300 heures d’enseignement moral et civique
. d’ici fin 2015, 1000 personnels de l’éducation seront formés pendant deux jours sur la laïcité et l’enseignement moral et civique.
Tout l’enjeu sera d’inscrire ces mesures dans la durée et faire vivre ces valeurs républicaines au quotidien. Pour Christian Chevalier ( du syndicat des enseignants UNSA) « Le respect de la laïcité est fondamental pour le « vivre ensemble », il est l’affaire de tous. La priorité des formations est à donner aux enseignants exerçant dans les quartiers sensibles afin de leur donner des outils pédagogiques et des réflexions de groupe pour qu’ils puissent argumenter et désamorcer les conflits ».
Pour Paul Raoult professeur » Il faut faire venir des personnes extérieures pour susciter le dialogue – Par le biais d’ateliers, les associations de quartiers peuvent faire passer le message de la laïcité et aborder des sujets dont les enseignants auraient du mal à s’emparer. Les parents d’élèves ont également un rôle à jouer afin qu’ils n’aient pas le sentiment que l’on endoctrine leurs enfants. Cette question doit être aussi débattue dans les bibliothèques, les Centres d’information, les théâtres, c’est l’affaire de tous ».
Apprentissage de la laïcité à l’école
Les dernières mesures sur la laïcité à l’école rappellent aux français que l’école a pour mission de former des adultes citoyens, responsables et autonomes dans leur pensée. Cet aspect a trop souvent été oublié ces vingt dernières années car nous sommes obsédés par l’insertion professionnelle ou les diplômes monnayables sur le marché du travail.
La laïcité n’est pas toujours facile à faire comprendre. Les lois de 1905 et 2004 et la charte sont affichés dans les écoles mais les professeurs sont obligés de les rappeler régulièrement.
Les débats ces derniers temps entre lycéens et professeurs ont permis de riches échanges surtout sur la liberté d’expression. Un des intérêts majeurs de l’éducation civique est justement l’apprentissage du débat entre élèves et professeurs, d’où l’importance d’apprendre aux élèves à débattre sur la loi, ce qu’elle représente, car c’est elle qui régit notre « vivre ensemble ». Donner les moyens et les conditions favorables aux jeunes pour qu’ils échangent leurs points de vue afin de se faire une opinion par eux-mêmes. La liberté d’expression existe dans le droit français, le délit de blasphème, en revanche n’existe pas !
Pour certains élèves Charlie Hebdo « n’avait pas à provoquer avec ses caricatures ». Le rôle de l’enseignant est d’expliquer, d’échanger et de faire partager aux élèves les valeurs de la libre expression inscrite dans notre République, travail de fond à mener.
La laïcité a pour but de favoriser le vivre ensemble. L’école est un lieu de brassage des élèves de toutes origines et de toutes confessions et les classes sont un espace où ils peuvent se mélanger, espace sans lequel ils vivraient les uns à côté des autres. Ce clivage actuel va s’accentuant : clivage entre jeunes d’ origines ethniques et religions et aussi clivage entre garçons/filles constaté dans les quartiers populaires.
Depuis plusieurs années on voit monter l’antisémitisme souvent en référence au conflit Israélo-palestinien qui s’apparente à une situation de guerre importée.
L’Ecole est accusée de ne pas jouer son rôle, mais quel rôle jouent les parents, les éducateurs et les politiques ? Les enjeux et les défis sont colossaux, d’où me paraît l’urgence d’une nouvelle démocratie plus participative où les citoyens éclairés sur le monde qui nous entoure ne se contenteraient plus d’aller voter 1 fois tous les cinq ans, mais s’impliqueraient réellement dans la vie de la nation dans la perspective d’une véritable politique de civilisation comme l’évoque Edgar Morin dans un de ses ouvrages.
4 -Les dérives de la laïcité

Jérôme Guedj (frondeur du parti socialiste) « Qu’avons-nous fait de la laïcité dans ce pays ? Depuis des années tous les élus, comme responsables associatifs ou comme simples citoyens ont eu des petits compromis, des petites lâchetés (voire du laxisme), des petits renoncements qui, mis tous bout à bout, nous pètent aujourd’hui à la figure le jour où on se rend compte qu’on n’arrive plus à parler de laïcité, de vivre ensemble tout simplement, ni à faire une pédagogie morale et civique simple.
Face à une pression communautaire structurée dans les villes de banlieue, il y a eu des élus qui ont tenu bon et d’autres, en revanche qui ont cédé (nourriture hallal ou kasher dans les cantines, créneaux d’horaires de piscines, etc) en faisant cela au nom du « bon sens » ou d’être dans une relation d’aide, etc. Mais quand les dérives sont atteintes, qui est capable de rappeler l’interdit sans qu’il soit vu comme punitif ?
Dans la suite des attentats meurtriers à Charlie Hebdo de quoi parle-t-on ? On parle encore une fois de la banlieue, des quartiers populaires ! Dans l’événement qui a marqué le pays pourquoi le peuple s’est-il levé massivement pour appeler à l’union nationale ? Cette fois-ci ce n’est pas la banlieue qui a détruit la banlieue (crèches, gymnases, etc), cette fois-ci il y a eu mort d’hommes et de femmes au centre des villes. Faut-il cela pour se rendre compte qu’on ne doit pas maintenir des fractures territoriales et sociales aussi fortes ? »
Mais que font donc les politiques pour les banlieues ? Entre 1977 et 2003, la politique de la ville visait à «réinjecter du droit commun» dans les quartiers d’habitat social. Mais depuis les grands discours, quelle est la réalité en 2015 ? Chômage, pauvreté, déficit de créations d’entreprises : les banlieues sont de loin les premières victimes de la crise, selon un dernier rapport qui atteste, chiffres à l’appui, du net accroissement des inégalités dans les territoires que l’on nomme « les territoires perdus de la République ». Dans les 751 zones urbaines dites « sensibles » (ZUS) le taux de pauvreté (personnes vivant avec moins de 964 euros par mois) y est ainsi passé de 30,5% en 2006 à 36,1% en 2010. Sur la même période, il n’a progressé que de 11,9% à 12,6% en dehors de ces quartiers. Plus jeunes, moins qualifiés, majoritairement d’origine étrangère, les 4,5 millions d’habitants des Zus peinent d’abord sur le marché du travail. Les femmes sont les plus durement touchées avec un taux de chômage supérieur à celui des hommes, sachant que nombre d’entre elles sont souvent à la tête de familles monoparentales.
Ces cités se transforment en véritables ghettos ethniques. Au lieu de parler des politiques éducatives et de la ville et de mettre en place plus de marqueurs et des actions probantes pour ces zones sinistrées, les derniers débats politiques portent sur la loi Macron ! Ce qui montre la mise en avant de l’économique au détriment du social. Nous ne pouvons plus fermer les yeux et attendre que « ça se passe », faire comme si ces problèmes n’existaient pas. Si nous ne voulons plus que la barbarie se reproduise il nous faut aller au coeur du problème qui est la montée des extrémismes sur le terreau de l’inégalité et de la précarité.
Ne sommes-nous pas co-responsables et dépositaires d’une certaine manière de ce qui s’est passé le 7 janvier 2015 à Paris ?
Notre laïcité est plus que jamais le gage de la concorde nationale et de la paix civile.
Bibliographie :
» Pour une politique de civilisation » Edgar Morin
« Que reste-t-il de l’occident ? » – Régis Debray – Grasset
Paul Raoult – articles sélectionnés par l’Obs-plus
Victor Hugo « Extrait de son discours sur l’école à l’Assemblée Nationale » sur internet
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