Ces deux auteures d’origine turque – enseignante en anthropologie et avocate – nous proposent une suite de témoignages de vingt-quatre rescapés du génocide arménien.Les petits-enfants aux origines diverses : kurdes, turcs, alevis ou sunnites ont découvert tardivement leurs histoires, celle de leurs aïeux chrétiens.Après « Le livre de ma grand-mère » publié en 2006 qui fut couronné de succès y compris en Turquie, ces révélations viennent s’ajouter aux recherches historiques, témoignages, récits, documents officiels qui secouent spasmodiquement ce pays et, plus particulièrement la classe politique dont le déni de cette planification ne peut plus être mis en doute.De la chute de l’empire Ottoman à l’avènement de la République, l’idéologie officielle a occulté ces événements pour construire de manière artificielle une Histoire de la nation turque.La réaction de ces petits-enfants est bouleversante, troublante, poignante. Elle nous interroge sur leur trajectoire familiale (conversions subies ou décidées à l’islam pour échapper ou survivre, mariages convenus…) et l’impérieuse nécessité de rétablir ce chaînon manquant pour résister à toutes les tentations volontaires ou passagères de l’oubli, du déni. 24 témoignages choisis, 24 bougies pour éclairer et compléter ce qui fut une extermination planifiée et orchestrée par le Pouvoir central (1915) ; la duplicité des Nations coloniales propice à un jeu d’alliance et de partition de cette région du monde afin de se partager les restes de l’empire Ottoman.Pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent se plonger dans cette période qui fut lourde de conséquences ( Hitler aurait trouvé ici une des sources d’inspiration pour appliquer son national-socialisme : pureté de la » race aryenne »; programme d’asservissement des peuples, extermination de masse, pogroms, déportations, confiscation des biens, colonisations) sur la destinée des peuples du pourtour méditerranéen soumis encore aux décisions arbitraires et cruelles des pays tutélaires, des enjeux politiques et stratégiques des puissances extérieures au mépris des lois et des accords internationaux et de l’escalade vertigineuse des vengeances aveugles et barbares commises sur la population civile.Pour plus de détails sur ce génocide, je vous recommande le livre de Taner Akcam : « Un acte honteux » aux éditions Denoël. Il démontre avec l’appui de débats parlementaires de l’époque, de correspondances et de procès-verbaux des dirigeants du CUP ( Comité Union et Progrès ) qui fut au pouvoir, l’entière responsabilité du meurtre collectif organisée par l’Etat Turc, son administration et son armée.
Constantin Mourakopoulos
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